Pavanes et javas sur la tombe d'un professeur
de Hubert Nyssen

critiqué par Sahkti, le 26 août 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Aventure intime
"Un puzzle dont les morceaux sont éparpillés dans la mémoire de ceux qui nous ont connus."

Vingt-six carnets (le 27e a disparu) rédigés par Bruno Bonopéra (quel joli nom !), un professeur de lettres décédé vingt ans plus tôt, sont en possession d’un écrivain qui les raconte. Vingt-six carnets, un tas d’histoires et de personnages, autant de présences qui ont, un jour ou l’autre, joué un rôle dans la vie du défunt. Des histoires drôles ou grinçantes, ayant toutes comme point commun la forte personnalité des êtres qui les composent. On sent que Hubert Nyssen a pris un malin plaisir à détailler ses personnages, à leur donner vie et particularités, à les rendre attachants et attirants au regard du lecteur. L’occasion également pour l’auteur d’entourer les âmes des protagonistes d’un tas de références culturelles et littéraires qui n’alourdissent en rien le récit, tant elles sont savamment distillées. Pas de ton encyclopédique ou de pédanterie intellectuelle, juste de la saveur et du plaisir. Plaisir de parler de la vie, de la mort, de l’amour, du temps, de l’identité, de la nature, de la sensualité. A travers les voix de proches du disparu, c’est lui que Nyssen fait revivre. Grâce au meilleur ami de celui-ci, sa compagne, ses deux filles et une étudiante, nous partons en voyage sur les traces de ce Bruno Bonopéra décédé d’une rupture d’anévrisme. Cinq voix, cinq malles de souvenirs, cinq perceptions différentes d’un homme, cinq pistes différentes les unes des autres à suivre par le lecteur qui aime à se perdre dans les méandres de l’âme de ce professeur original. Et une quête, celle de ces carnets que chacun aimerait lire et posséder afin de savoir, enfin, qui était réellement le professeur Bonopéra. Mais est-il possible de complètement cerner la personnalité de quelqu’un ?
J’ai beaucoup apprécié le style de ce roman. Des narrations, des digressions, des interruptions dans le récit des raconteurs pour des raisons d’ordre pratique (j’ai soif, j’ai faim, je reviens, ne bougez pas…). Cela rend le tout vivant et proche, on se sent complice de l’histoire, comme si on en faisait partie. Nous aussi.