Carbone modifié
de Richard K. Morgan

critiqué par Belial, le 25 août 2005
(Anvers - 45 ans)


La note:  étoiles
…des suicides rationnels et des enveloppes affranchies ?
Carbone modifié est avant toute chose un excellent polar. Des personnages aguerris, une intrigue retorse avec juste ce qu’il faut de suspense et de rebondissements. Du tout bon pour le côté polar…
Altered Carbon étant à classer aussi dans le genre Science Fiction, il est sans surprise un matériau de réflexion sur quelques thèmes somme toute assez classiques (que faire de l’immortalité, l’amour est-il chimique ou « mental », corps et esprit sont-ils déconnectés l’un de l’autre, peut-on faire une croix sur le progrès social, les structures broient-elles les individus ?) mais abordés de manière fine et sporadique, sans imposer au lecteur 10 pages de pause métaphysique entre deux scènes d’action.
Carbone modifié me semble aussi être un bon exemple « d’âge mûr » de la SF : l’auteur ne nous met pas en garde contre les dérives potentielles des aspects les plus noirs de notre société. Le ver est déjà dans le fruit et on ne pourra pas l’ôter : les petits seront toujours abusés par les grands, rien ne peut entraver la puissance de l’argent, etc. Reste la question « que faire ? » à laquelle R. Morgan donne quelques éléments de réponse par le biais de personnages capables, robustes aux aléas de la vie, et gardant en eux une étincelle d’espoir quand tout semble perdu.
Excellent.
Polar de science-fiction 7 étoiles

L'action (et il y en a beaucoup) se passe en partie sur Terre dans un lointain futur où l'esprit, contenu dans une pile que l'on porte dans la colonne vertébrale, peut se faire envelopper dans des corps de qualité variable. L'immortalité ainsi procurée à ceux qui peuvent se la payer ne semble pas donner plus de sagesse. Quelques-unes des situations dans lesquelles il se trouve peuvent amener à des réflexions. Sur l'alchimie amoureuse par exemple Peut-on aimer une personne qui a investi un autre corps ? Pourquoi un corps occupé par un autre esprit est-il toujours désirable ? Sur la justice. Peut-on laisser les morts en paix conformément à leur conviction religieuse ou est-il possible de les ressusciter pour témoigner à un procès pour que justice soit faite ?

Le style est vif avec quelques touches poétiques, ce qui surprend parfois, vu le contexte. Il y a aussi quelques passages assez crus. Le narrateur, héros assez brutal, n'est pas dénué de sensibilité. Il a de l'humour et un fond bienveillant malgré ce qui nous est dit de son passé en délicatesse avec les autorités. Il cherche ainsi à aider différentes personnes à qui se sont trouvées sur son chemin pour résoudre cette affaire.

Un homme, Takeshi Kovacs, formé aux méthodes d'espionnage et de guerre, qui s'est reconverti en mercenaire, voire en truand, est tiré de sa suspension (prison) sur la planète Harlan. Un riche homme d'affaires terrien lui demande d'élucider le fait qu'il se serait suicidé, ce qu'il ne croit pas. Le narrateur enquête et se lie avec la policière qui a classé l'affaire car il possède le corps de son amant.

IF-0915-4381

Isad - - - ans - 23 septembre 2015


Du carnage à tous les étages ! 1 étoiles

26ème siècle. L'Humanité a conquis les étoiles, s'est implantée dans plusieurs systèmes solaires. L'immortalité est presque acquise. Presque. Il suffit de stocker sa conscience dans une pile corticale et de la transférer dans un nouveau corps.

Pour Takeshi Kovacs, ancien membre du corps d'élite des Corps Diplomatiques, mort et résurrection sont devenues monnaie courante. Mais ce n'est bien sûr jamais une partie de plaisir, loin de là. A l'heure où commence cette histoire, Takeshi Kovacs renaît pour être envoyé sur Terre, dans un corps auquel il va devoir s'habituer très vite. Sa mission consiste à démêler les fils d'une bien louche affaire : un riche magnat voudrait élucider sa propre mort, retrouver celui ou ceux qui ont voulu l'assassiner. Pas si simple quand on sait que la police a quant à elle conclu au suicide, et qu'elle n'est pas forcément dans les meilleures dispositions pour lui venir en aide.

On dit souvent que c'est avec les vieilles recettes qu'on fait les meilleurs plats... mais pas forcément les meilleurs livres. L'employeur plus que riche dont la femme va au-delà de la simple drague avec le détective engagé pour une affaire où personne n'est ou tout blanc ou tout noir, les boîtes de strip-tease, les bas-fonds de la ville... Il y a comme un sentiment de déjà-vu qui flotte là-dedans. En soi, ce n'est pas cela qui est vraiment gênant. Comme ne l'est pas non plus le monde à la Blade Runner dans lequel Richard Morgan campe son décor. Celui-ci est même plutôt plaisant. Cependant plusieurs éléments attrayants, au potentiel très riche (la réincarnation, le stockage de l'esprit, de l'âme, de la personnalité (rayez ce qui vous convient) ) auraient mérité d'être plus fouillés, mieux exploités dans un contexte qui s'y prêtait vraiment. Il y avait en effet tout pour faire de Carbone modifié un très grand titre de science-fiction.

Au lieu de quoi, on assiste à une succession de scènes bourrines de chez bourrines (et encore en disant ça, j'ai encore l'impression d'être en deçà de la réalité !) qui desservent sans cesse le récit, le décrédibilisent. Takeshi Kovacs pulvérise crâne sur crâne sans état d'âme, provoquant ainsi la mort véritable de ses victimes. A quoi ça sert d'être devenu quasi immortel si on peut vous ôter la vie avec une facilité aussi déconcertante ? Hein, je vous le demande ! A moins bien sûr que l'auteur n'ait voulu signifier par là qu'il ne sert à rien de courir après l'éternité de la conscience. Franchement si c'est le cas, le traitement laisse perplexe. Quoi qu'il en soit, au bout de cinquante huit têtes carbonisées (à une ou deux près, bien sûr - mais comment ai-je tenu aussi longtemps ?!?!), ça devient on ne peut plus pénible. Au point de lâcher prise en se disant que c'est bien dommage.

A ne réserver qu'aux fans d'action pure et dure qui y trouveront peut-être leur compte.

BiblioMan(u) - - 50 ans - 18 décembre 2008


Une bonne surprise 8 étoiles

Pour les amateurs de polars, c'est une assez bonne pioche.
Pour les amateurs de SF, c'est plutôt une bonne pioche aussi.
Pour les amateurs des deux genres précités, c'est une aubaine.
Les autres? Fuyez!

Plus d'infos, lisez la critique détaillée ci-dessus, c'est plutôt bien résumé...

Gooneur - TOULOUSE - 41 ans - 3 décembre 2008