Un instant d'abandon
de Philippe Besson

critiqué par Clarabel, le 25 août 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Soulagée d'être à la fin !
Un homme rentre au bercail, dans son village au bord des falaises, en Cornouailles. A Falmouth, la grisaille est constamment dans le ciel, mais aussi chez ses habitants. Ces derniers ne pardonnent pas qu'un des leurs se fasse remarquer, comme le cas de Thomas Sheppard. L'homme est de retour au pays, mais sous le coup de l'opprobre. Tom est désormais "un monstre" aux yeux de tous - il a tué son fils. Cinq années de prison n'ont pas lavé la haine des habitants de Falmouth - on lui en veut. Et celui-ci exacerbe le ressentiment en revenant au village - inadmissible ! Dans ce coin où les visages sont fermés, les femmes interdites au bistro, les hommes perdus en mer, "où rien ne se dit et tout se sait"... Tom a toutefois le sentiment d'être libre à Falmouth, bien que sous la coupe du bannissement. Par deux fois, il va se confesser : à deux autres exilés, deux âmes en peine. L'un va recevoir toute la vérité sur la disparition de son fils, l'autre va comprendre pourquoi il est rentré au 325, Melville Road.

Honnêtement, je ne pense pas que ce dernier né de Philippe Besson soit du grand cru ! Pourtant le début est prometteur et tient le lecteur agrippé, fasciné par cette ambiance morne qui règne à Falmouth. Le cadre est bien planté, les embruns, les falaises, l'isolement et le sentiment de non-retour sont très palpables. Et pourtant, l'auteur dérape en cours de route, la fin est flottante. Le glauque doit être associé à une certaine "poésie" pour être accepté, et là il n'y a que de la rigueur, de la violence. Le personnage de Tom Sheppard s'enterre et campe sur des positions que je trouve inexcusables. Et à trop les ressasser, je m'énerve presque contre ces petitesses qui ont ponctué le discours du pseudo repenti ! Trop facile... Bref, j'ai récemment lu une remarque sur Philippe Besson, devenu un peu trop fécond aux cours des dernières rentrées. La multiplication ne garantit pas la qualité, c'est à surveiller ! Et ce nouveau roman en est un preuve : la fin est bâclée.
Dérangeant par certains côtés 5 étoiles

J'ai lu ce livre très rapidement, on a envie de connaître ce mystère qui entoure le personnage principal, même si on le devine un peu dès la première moitié du livre. Je n'ai pas été plus emballée que ça par ce Besson et pourtant j'avais adoré l'Arrière saison. le personnage principal est parfois dérangeant par son indifférence.Peut-être que ce n'était pas le bon livre pour une saison hivernale...

Flo29 - - 52 ans - 16 janvier 2018


Naufragé de la vie 6 étoiles

Après cinq ans de prison, Thomas « coupable » d’avoir perdu son fils lors d’une sortie en mer, reçoit un accueil hostile d’une population désapprouvant ce retour dans sa petite ville du sud-ouest de l'Angeleterre.

Ecorché vif, il se confie à deux autres naufragés de la vie, mais Thomas a un plus grand secret que le lecteur, surpris, ne découvre que dans les dernières pages.

Ambiance intimiste, histoire sombre et pessimiste traduite au travers d'une écriture recherchée et efficace.

A ne pas conseiller aux amateurs de romans à l’eau de rose.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 7 février 2013


Une superbe miniature pointilliste ... 7 étoiles

Phrases courtes, quasi sèches, à l'aide desquelles l'auteur nous construit pourtant un chef-d'oeuvre !

Petites touches qui se bousculent, et nous voici admirant une miniature pointilliste qui nous livre le portrait d'un solitaire au passé difficile, retrouvant un village hostile mais faisant trois rencontres décisives ...

Ori - Kraainem - 89 ans - 12 avril 2009


Un instant d'abandon: un livre que le lecteur, une fois qu'il a commencé, ne peut pas abandonner... 10 étoiles

Et oui, encore un livre de Philipe Besson. Non, je vous assure, je n’ai conclu aucun contrat avec lui pour le promouvoir sur ce site!!!

Il est vrai que cet auteur m’a encore eu par son style, le spleen tout au long de ce livre, cette plongée dans une, voire peut-être plusieurs hétérotopies, terme cher à Michel Foucault. On ressent un mystère tout au long du bouquin et au fur et à mesure que se dévoile l’histoire, on attend toujours un élément supplémentaire nous faisant replonger dans le doute. Ce livre ponctué de plusieurs rencontres qui chacune a un sens particulier permet au fur et à mesure de mieux comprendre le personnage principal hanté par son enfance, sa vie avant et après la prison.

Le titre du livre est bien réel, l’abandon semblant être rompu à la fin mais pas de la façon dont on y aurait certainement pensé au cœur de la lecture du livre…

Clement chatain - Bordeaux - 38 ans - 3 juillet 2008


Sombre, pesant. 8 étoiles

J’achève avec Un instant d’abandon mon cycle de lecture de Philippe Besson. Heureusement que mon fidèle Barboutcho était là pour me fournir en ouvrages ! Il m’en reste évidemment encore d’autres à lire (je suis très intéressé par L’arrière saison), mais rien ne presse, et pour le moment, mes lectures seront orientées vers autre chose, bien que je m’enlise dans ce Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke dont je ne parviens pas à dépasser les deux cent premières pages.

Un instant d’abandon nous emmène dans une petite ville côtière de l’Angleterre brumeuse, à notre époque. Un homme y revient après un séjour en prison, où il était incarcéré suite à la mort, accidentelle, de son petit garçon. Dés son retour, tout le village applique un rejet effroyable comme savent si bien le faire les petites villes isolées qui souhaitent surtout ne pas faire parler d’elle, et encore moins pour des affaires de ce type.

Il y a pourtant ce commerçant pakistanais, qui sait mais qui ne juge pas, qui écoute sans interrompre, qui distille sa sagesse en offrant du thé à l’homme blessé. Il y a cette jeune fille mère, camarade d’infortune qui connaît aussi ce bannissement et la solitude qui en découle. Sa joie, son insouciance. Son besoin d’amour. Enfin, il y a Luke, le voisin de cellule ténébreux et peu bavard. Luke, qu’il est venu attendre.

L’histoire est terriblement sombre et pesante, on se sent vite enfermé, empathique pour cet homme que tout accable et que rien ne semble vouloir libérer. C’est pourtant un très beau roman qui signe là Besson, qui approfondie une fois encore les difficiles relations de couples, les jeux de l’amour puis de la haine.

BONNEAU Brice - Paris - 40 ans - 15 avril 2008


Le retour de Tom Sheppard 7 étoiles

Ce roman commence comme un tableau! Un port de pêche sous la grisaille, les bateaux amarrés au port. Quand soudain à l'horizon l'on voit poindre l'un de ceux que l'on croyait disparu. Ce bateau, c'est Tom Sheppard qui rentre chez lui. Sauf qu'ici, point d'accueil enjoué, ni fête endiablé. On fait la moue devant celui que l'on ne voulait pas revoir, devant celui qui vient réveiller une histoire dont ils ne voulaient plus se souvenir. Alors on ostracise le revenant.
A travers ce monologue assez sec, Philippe Besson dresse le portrait d'un homme revenu de tout, à la recherche d'un bonheur qu'il sait précieux. On sent chez ce héros l'envie vraie de refaire sa vie, de gommer un passé si fâcheux. Sauf que les mentalités dans les Cornouailles sont faites en acier trempé, sauf que….
Philippe Besson excelle ici dans le dévoilement progressif des sentiments et des vérités, dans la description de l'attitude d'un homme face à la culpabilité. Mais aussi, plus généralement sur l'homme confronté aux convenances sociales, au fameux qu'en dira-t-on.. Le tout dans une écriture posée, pleine de pudeur. Reste une conclusion, ma foi un peu bancale, un peu trop simple, trop prévisible peut-être.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 17 septembre 2006


Tout recommencer 7 étoiles

L’écriture dépouillée et limpide de Besson est toujours pour moi un grand plaisir, même lorsqu’il ne réussit pas à me captiver, comme c’est le cas avec ce récit d’un homme accusé de l’homicide involontaire de son fils. Bien sûr, l’histoire comporte des révélations troublantes pour soutenir notre intérêt, mais l’atmosphère de grisaille combinée aux tourments de ce narrateur abattu donne un roman morne.

L’évocation de la détresse intérieure et la recherche du soulagement est admirablement rendue. Contrairement à « De beaux lendemains » de Russell Banks, la mort de l’enfant au centre de l’intrigue n’est pas tout à fait accidentel. Il est alors plus difficile d’éprouver de la sympathie pour celui qui nous raconte sa longue remontée vers la surface.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 12 septembre 2006


Du bon Besson ! 9 étoiles

C'est toujours agréable à lire les livres de Philippe Besson, et celui-là ne sort pas des sentiers battus. J'ai lu avec plaisir ce roman. Comme à son habitude l'auteur nous dresse un portrait de l'homme, avec ses qualités et ses défauts. Un livre plein d'émotions, de sentiments qui sont simples et pleins de vérité. Peut-être que ce roman n'est pas son meilleur, mais il est bon et agréable à lire. Ceux qui aiment Besson trouveront leur bonheur dans ce livre.

Laurent63 - AMBERT - 50 ans - 11 janvier 2006