Salammbô
de Gustave Flaubert

critiqué par Khayman, le 21 août 2005
(Chicoutimi - 44 ans)


La note:  étoiles
Sanglante romance
Suite à une guerre perdue contre Rome, Carthage ne peut/veut payer ses mercenaires. Il s’ensuit une révolte des barbares qui entameront, avec Mâtho et Spendius comme chefs, une guerre contre l’Empire punique. Lors de son retour d’outre-mer, on confie à Hamilcar, Suffète-de-la-mer et père de Salammbô, le commandement des armées de Carthage.

Wow ! Moi qui croyais que « roman classique plat » était un pléonasme. Je dois réviser mon jugement. Flaubert décrit avec une précision et un vocabulaire incroyablement riche (je n’ai pas souvenance d’avoir ouvert un dictionnaire aussi souvent lors d’une lecture) cette bataille épique. Il expose également très froidement les horreurs de la guerre et la cruauté des hommes y prenant part. Les ciseaux et maillets dont on arme les conducteurs des éléphants afin de fendre le crâne de ceux-ci s’ils viennent à paniquer au cours de la bataille, le sacrifice des enfants des riches carthaginois au dieu Moloch, l’écrasement, par les éléphants, des prisonniers barbares dont « Les poitrines craquaient comme des coffres que l’on brise », les barbares prisonniers du « défilé de la Hache » qui sont réduits au cannibalisme pour ne pas mourir de faim, les éléphants auxquels on pose des piques sur les poitrails, des lames au bout des défenses et un énorme poignard au bout de la trompe, sans oublier la crucifixion qui revient tout le long du roman ; tout ceci fait en sorte que l’on se demande si Salammbô n’a pas été écrit par un sadique.

Cependant, je dois admettre que je n’ai jamais lu une aussi belle description de bataille. À part dans Cœur Vaillant au grand écran et Le Seigneur des Anneaux de Tolkien (le livre et non le film, dont les batailles sont aseptisées pour passer, selon moi, le classement « général » de la censure), je suis toujours resté sur ma faim, trouvant que les détails étaient trop limités. Dans Salammbô, Flaubert en dit beaucoup plus, voire peut-être même trop pour certains.

Citation :

- Apprends-nous plutôt, dit en souriant Hamilcar, comment tu as conduit tes galères dans la flotte romaine ?
- J’étais chassé par le vent, répondit Hannon.
- Tu fais comme le rhinocéros qui piétine dans sa fiente : tu étales ta sottise ! tais-toi !
réminiscence, relecture à venir 10 étoiles

Aujourd'hui, au magasin bio, à la caisse, la cliente qui me précédait décline son nom : Mathô ! Je lui dis : - "Vous avez le même nom que le héros de Flaubert, dans "Salammbô". - 'Je l'ignorais', répond-elle. -"Et moi aussi", dit le jeune caissier. On voit par là que ce roman n'est plus guère lu, aujourd'hui, sauf peut-être par obligation, dans des classes littéraires.
Je les ai alors engagés à lire ce roman époustouflant, un des plus beaux de la littérature française, à l'écriture d'une splendeur inouïe, luxuriante, et à l'intrigue fascinante. Il fait partie de mes projets de relecture, maintenant que je suis à la retraite, et j'espère le trouver aussi beau que lors de ma première lecture, en 1982.
Il reste mon préféré de Flaubert (avec les "Trois contes", particulièrement "Un coeur simple"), mais il faudrait aussi que je relise "L'éducation sentimentale", que j'ai lu trop jeune pour en saisir les beautés.
J'aime beaucoup les romans historiques, mais dans les romans qui se passent dans l'Antiquité, je classe "Salammbô" au sommet. J'ai aimé aussi "Quo vadis", "Sinouhé l'égyptien" et les deux "Spartacus" (celui de Howard Fast et celui d'Arthur Koestler). Mais, pour la richesse de l'expression verbale, la reconstitution historique, et même la beauté de l'intrigue, le roman de Flaubert est sans équivalent !

Pjb33 - Bordeaux - 72 ans - 24 septembre 2016


Salammbô, Orient rêvé 9 étoiles

Salammbô, c'est une oeuvre sublime, ouvragée, comme un bijou, comme un de ces livres des mouvements de l'esthétisme ou de la décadence de la fin du XIX.
C'est cette ambiance orientale qu'on trouve à la fois dans la passion amoureuse de Mâtho, dans la richesse de la cité de Carthage,la splendeur d'Hamilcar, la violence de la guerre et dans chacune des phrases de Flaubert. Profusion de descriptions grandioses, de tableaux surchargés de détails et d'or.
C'est un écroulement de beauté, un amas de pierreries, un tableau de Gustave Moreau à chacune des pages.
Magnifique et un peu mystérieux, ce livre est d'une ambition folle. C'est un roman fou, emporté et soigné à la fois, presque maladif, un monument grandiose.
Salammbô est unique dans l'oeuvre de Flaubert et dans la littérature.
Je n'ai pu que l'aimer, de manière pas vraiment objective, de manière plutôt passionnée.

Noée - Brocéliande - 30 ans - 19 avril 2011


Un des meilleurs livres jamais écrit 10 étoiles

Salammbô est sans nul doute le meilleur roman que j'ai jamais lu. Entre voyages hallucinants à travers les rues de Cartage, scènes de batailles époustouflantes, cantiques spirituels chantant l'amour des dieux antiques, et magnifiques trombinoscopes de personnages que l'on n'oubliera jamais, Salammbô est un livre à grand spectacle.

L'impressionnante écriture de Flaubert ( qui aurait - selon ses propres mots - "lutté" contre sa feuille de papier ) donne à l'histoire une dimension mythique, trace sans faille de la patte flauberienne, et se déguste mots par mots, phrases par phrases, chapitres par chapitres.

Une conception difficile, mais à quel prix....

Orea - - 30 ans - 20 novembre 2009


L'opposé de 8 étoiles

et peut-être aussi plus accessible pour les lecteurs désirant commencer à lire du Flaubert, quoique, pour moi, le mieux est de commencer par "Trois contes" car chacun des récits résume une des facettes de l'écrivain, mais passons...

L'opposé de "Madame Bovary", car il ne se passe pas en France, mais à Carthage, ni à l'époque contemporaine de l'auteur, mais avant la naissance du christianisme, et qu'il décrit des batailles sanglantes entre l'armée de Carthage et les Mercenaires, que la ville a refusé de payer après la dernière batailles, au lieu de décrire le quotidien d'une ville de Provence dans laquelle l'héroïne s'ennuie.

Flaubert comme à son habitude, travaille chacune de ses phrases (pour ne pas dire chacun de ses mots) c'est ce qui fait sa particularité, il rature plus qu'il n'écrit selon sa légende.

Juste une remarque concernant la critique principale qui relève la violence du roman, Alexandre Dumas dans la "Reine Margot" (la saint-Barthélémy), Zola "la Bête Humaine" (l'accident provoqué par Flore) et Victor Hugo "Notre-Dame de Paris" (Qasimodo défendant Esmeralda) ne sont pas avares non plus en descriptions "Gore". A lire évidemment, si le style ne vous rebute pas.

Killeur.extreme - Genève - 42 ans - 17 mai 2008


Sublime, le meilleur de Flaubert 10 étoiles

Très très beau roman.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 8 avril 2008