Kahawa
de Donald Westlake

critiqué par Tistou, le 21 août 2005
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Café ...
Kahawa. Le café. En swahili ? En arabe. Enfin, par là, en Afrique centro-orientale, entre l’Ouganda d’Idi Amin Dada et le Kenya.
Merveilleux D. Westlake capable de s’adapter à tous les registres. L’écrivain New-Yorkais capable des plus réjouissants délires de ce qu’il connaît le mieux, New York, a commis un superbe roman de S.F., Ordo, totalement décalé par rapport à sa production usuelle, et là, avec Kahawa, il pourrait passer pour un super connaisseur de l’Afrique et du monde terrifiant de l’ex-dictateur du pauvre Ouganda.
On est, avec Kahawa, dans un genre de S.A.S. ou autre O.S.S. 117 (je le rêve ou ça existe vraiment ?). Non, ne fuyez pas ! Ca reste Westlake ! Si, si, je vous jure. La délicatesse, la finesse, l’humour là où on s’y attend le moins, tout y est. Westlake est merveilleux. On ne le répètera jamais assez.
« Westlake nous embarque dans un grand roman d’aventures où se mêlent érotisme, violence, exotisme et , bien sûr, humour » nous dit la jaquette. Enlevez humour et vous avez le S.A.S. dont je parlais. Et vous avez bien lu ; exotisme (oui oui, ça sonne très vrai, on pense au William Boyd de Un Anglais sous les Tropiques, autre sommet du genre, sauf que Boyd, lui , a grandi en Afrique Centrale), violence (oui, mais avec du recul, pas comme dans les sinistres romans de gare que j’ai évoqués par ailleurs) et érotisme (Westlake érotique, vous imaginez ça ? non ? Lisez alors.) Et puis bien sûr, ces ressources insoupçonnées de délicatesse et d’humour que Westlake fait surgir de sa plume.
Ca commence ainsi :
« Chacune des fourmis sortaient du crâne en emportant une infime parcelle de cerveau. La double colonne d’insectes qui faisait la navette entre le cadavre et la fourmilière traversait en diagonale la piste humaine au bord de laquelle on avait jeté la femme assassinée. Tandis qu’une ombre traversait le soleil matinal, une douzaine de fourmis furent écrasées sous les pieds nus et calleux de six hommes qui cheminaient, venus de la route de Nawamba et descendant vers le lac, chacun portant sur sa tête un sac de soixante kilos de café ; aucun de ces hommes ne devait lui-même peser beaucoup plus de soixante kilos. Les fourmis survivantes continuèrent insoucieusement leur transport. Les hommes aussi.
… »
Et on trouve des choses comme ça :
« Au matin le ciel était plein de nuages pareils à de grands oreillers et couvertures sales empilés et instables et qui dégringolaient, certains restant en place, tandis qu’au-dessus et au-dessous des couches plus fines filaient à toute vitesse… »
« L’avion fila vers son but, entre le ciel et les nuages , comme un jouet enjoué qu’on laisse s’amuser tout seul pendant que les Titans sont ailleurs : partis déjeuner, ou faire la sieste. Les vêtements séchèrent ; l’atmosphère de la cabine devint douce. Balim cessa de tripoter sa ceinture. Ellen décrispa ses doigts sur le manche et regarda son reflet dans le miroir qu’elle avait installé entre le pare-brise et la portière. Lew s’enfonça dans son siège et sourit, s’étirant voluptueusement. Le soleil brillait et tout allait bien en ce bas monde. »

Bon, ça parle de l’Ouganda, de mercenaires, d’un vaste détournement de café et d’histoires d’hommes et de femmes. La vie quoi. Sauf que la vie. En Ouganda, sous la férule d’Idi Amin Dada …
Sans grand intérêt… 3 étoiles

Donald Westlake a beaucoup écrit et, me semble-t-il, nous a habitué à mieux. Kahawa ressemble à un modeste SAS de gare : De la violence, un peu de sexe, des dialogues pauvres, un cambriolage improbable, une happy end facile… Seul le dernier quart du livre est un peu relevé et attrayant. De plus, ce roman est particulièrement long : 620 pages. Mieux vaut passer son chemin…

Chene - Tours - 54 ans - 10 novembre 2012


Un train pas comme les autres 6 étoiles

Le fond de l’intrigue (la dictature d’Idi Amin Dada) est intéressant mais l’histoire est trop lente à se mettre en place. Le coup monté est hallucinant comme toujours dans les romans de Donald Westlake mais il y a trop de tractations, d’affaires diplomatiques qui ôtent toute fluidité. C’est un roman inégal mais qui atteint son but : dénoncer la dictature en Ouganda.

Mademoiselle - - 37 ans - 30 mai 2006


Complètement OK avec Tistou 8 étoiles

J'ajouterais à tout ce qu'a (très) bien écrit Tistou que ce roman m'a permis de découvrir l'horreur qu'a été la dictature d'Idi Amin Dada sur l'Ouganda.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 15 janvier 2006