Furie
de Salman Rushdie

critiqué par Kreen78, le 20 août 2005
(Limours - 46 ans)


La note:  étoiles
Un Rushdie Furieux
C'est un auteur exposant ses opinions sans cesse et très furieux que j'ai découvert là. Cela faisait longtemps que j'avais entendu parler de lui, surtout par le biais de ses "Versets Sataniques". Je ressors de "Furie" un peu perplexe. Il y a beaucoup de choses dans ce livre. J'ai été un peu submergée par cette hargne que l'on retrouve constamment. J'avais même tendance à le comparer à Michael Moore par moment. Il parle souvent de la violence au Etats-Unis avec une justesse qui ne m'a pas laissée indifférente.

C'est l'histoire de Malik Solanka, professeur d'Anglais à la retraite. Il vivait en Angleterre avec sa femme Eleanor et son fils Asmaan. Jusqu'au jour où... une chose terrible faillit arriver. La Furie s'est emparée de lui, et il fut sur le point de commettre un acte irréversible. Car Malik Solanka est quelqu'un d'extrêmement colérique. La fureur s'empare de lui généralement petit à petit, jusqu'au trop plein qui le fait exploser. Et cela avec n'importe qui. Cela peut aller de l'ami au passant dans la rue, au chauffeur de taxi... Réalisant son geste et son envie ignobles, il s'enfuit aux Etats-Unis qu'il finit par détester. Il espère que cette rage va s'en aller, mais c'est peine perdue. La ville de Manhattan se déclare être gorgée de vices : violence, pouvoir, argent, sexe. Malik cherche à échapper à cette violence qui grandit en lui en créant des poupées pensantes qui deviennent réelles. Notamment Cervelette qui devient une célébrité très... américaine. Beaucoup trop même. Ce qui rendra son créateur encore plus fou. Il rencontre Mila, qui découvre une mission à remplir : lui enlever toute cette fureur qui est en lui. Parallèlement à ça, un assassin court les rues, le Tureur de Panama, qui en est déjà à sa troisième victime. Là on entre dans la perversité, dans la folie et dans les pensées de Malik en fureur contre le monde entier.

C'est un livre d'un homme peu commun, qui nous parle de tout, nous expose à plein de sujets, tous thèmes confondus, en 400 pages. C'est riche, extrêmement riche. Et quand on referme le livre on en a plein la tête.
Foisonnant … 6 étoiles

Intéressant mais trop foisonnant à mon goût. Un peu de mal à démêler l’indispensable de l’accessoire dans ce conte - plutôt qu’histoire – qui pourrait être philosophique. Je ne sais pas pourquoi, je pense à Doris Lessing et son « Le cinquième enfant » en écrivant ce qui précède, tout aussi conte et tout aussi philosophique, mais qui a sa cohérence et qui ne perd pas son sel au fil d’occurrences sans cesse plus déroutantes les unes que les autres.
Donc foisonnant … : Malik Solanka, professeur d’anglais recyclé en créateur de poupées devenues mondialement célèbre, s’est enfui aux Etats-Unis, à Manhattan. Enfui pour mettre un océan entre lui et un instinct homicide qu’il eût une nuit vis-à-vis de sa femme aimée, et qui (qu’il) aime toujours. C’est l’occasion pour Salman Rushdie de « dézinguer » la civilisation américaine puisque Malik va abhorrer ce qu’il va connaître de Manhattan sans s’en détacher pour autant. Ou plutôt si, il s’en détachera, mais trop tard. Il sera parvenu à épuiser le trésor de compréhension et d’affection de sa femme et perdra tout au bout du compte.
Dit ainsi ça peut paraître cohérent. C’est en fait beaucoup plus compliqué que cela – eh oui, je ne suis pas Rushdie ! – et … ça noie le propos , ça distrait de l’essentiel. Pourquoi vraiment aller imaginer des choses si compliquées ? Bon, OK, Malik est colérique et aurait facilement tendance « à péter un plomb », mais … je ne suis pas certain pour autant que Salman Rushdie positionne son Malik dans une humanité crédible. Et ces digressions sur les poupées « pensantes » qu’il crée et d’autres « poupées », de chair cette fois, qui seraient éliminées par un tueur fou … ? Enfin quoi penser des personnages à la stabilité psychique vacillante qui viennent évoluer autour de Malik à Manhattan … ?
Après tout, peut-être est-ce moi qui n’ai pas tout compris ? Déçu après le flash que j’avais ressenti à la lecture de « Shalimar le clown » du même Rushdie.

Tistou - - 68 ans - 9 août 2009