Sur les rives de l'Hudson
de Edith Wharton

critiqué par Tistou, le 19 août 2005
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Ecrivain pauvre.
Vance Weston ressent très jeune son mal-être avec les personnages réels. Il est attiré par le journalisme, l’écriture, et dès 19 ans fait en sorte de quitter l’Illinois natal et son environnement très terre-à-terre, son père, pour qui les préoccupations de son métier d’agent immobilier sont les choses qui importent. Il arrive ainsi en Nouvelle-Angleterre, sur les rives de l’Hudson, et est hébergé chez une lointaine tante, loin de l’aisance matérielle à laquelle il était habitué. Mais il s’avère définitivement inapte au concret, ne se nourrissant que des choses de l’esprit, l’écriture bientôt.
E. Wharton nous décrit le monde à la fois misérable et merveilleux de Vance, qui deviendra écrivain, prendra conscience de son inaptitude à vivre dans la vraie vie et ratera beaucoup de moments importants.
L’amour, à contretemps, sans même savoir ce qu’est l’amour. La découverte de la vie riche et intellectuelle de New York et de la Nouvelle Angleterre, la prise de conscience parallèlement de n’en pas faire partie. Les transes de l’écrivain pauvre dans ses moments magiques comme le quotidien plus sûrement sordide. Outre son rapport à l’écriture, E. Wharton nous conte ses relations avec deux femmes. Laura Lou qu’il épousera croyant l’aimer et Halo Spear dont il a désespérément besoin pour nourrir sa fertilité intellectuelle. Avec ces femmes, tout aussi sûrement que dans son rapport à la vie, Vance se montrera inapte. Un cormoran mazouté étendant ses ailes rigidifiées au milieu d’une basse-cour pleine de vie ! Voilà ce qu’il est !
Wharton très romanesque 8 étoiles

Sur les rives de l'Hudson, ce livre au titre poétique (le titre original est "Hudson River bracketed") est un des rares romans de Wharton que je n'avais pas encore lu. Je les garde en réserve et je les distille. Il y a une suite, au titre tout aussi bien choisi : "Les Dieux arrivent".

Ce roman est un des plus romanesques de Wharton. Cette fois elle quitte le monde de la haute-société pour s'intéresser aux émois amoureux et artistiques d'un jeune garçon doué mais inculte qui découvre sa vocation d'artiste et découvre également les délices et les affres de l'amour. La première rencontre du jeune Vance avec Mary Lou c'est du grand art : cette fille est mal dégrossie, il l'a regarde de haut, pourtant dans un contact fortuit de leur main il y a comme une décharge électrique. Et que dire de leur autre rencontre, lors de son arrivée à New York ? C'est grandiose.

Et même si elle fait dans le romanesque, elle garde une partie de ses dents acérées et n'épargne pas certains de ses personnages, des gens importants et imbu qui ne comprennent rien à l'art mais on le pouvoir que donne l'argent. Il y a un côté machiavélique dans ce roman, entre le jeune héro au coeur pur et les méchants plein d'argent qui le brime.

Mais bon ce livre se lit avec gourmandise, comme chaque fois avec Wharton. En toute impartialité je lui aurais bien donné 5 étoiles, mais elle a fait mieux. Il me reste à lire la suite, dont le titre me fait sourire chaque fois que j'y pense : "Les Dieux arrivent".

Saule - Bruxelles - 59 ans - 27 août 2007