Silence
de Didier Comès

critiqué par Leura, le 7 mai 2001
(-- - 73 ans)


La note:  étoiles
Je m'apel Silence é je sui genti
Silence, c'est pour moi un des plus beaux et des plus émouvants romans en BD.
C'est le chef-d'oeuvre absolu de Comès, un livre comme certains écrivains parmi les plus doués n'en produisent qu'un seul dans toute leur carrière. En comparaison de ce livre, tout ce qu'il a pu sortir ensuite pourrait paraître fade et sans valeur, ce qui serait profondément injuste.
Silence est valet de ferme chez Abel Mauvy dans un petit village ardennais. Bien que muet, quasi illettré et légèrement débile, il vit en harmonie complète avec la nature et les animaux. Dans sa bonté totale, il est incapable d'imaginer que le mal existe et de sentir sa présence autour de lui. Un concours de circonstances va le conduire à découvrir que le calme apparent de son hameau cache de sombres et horribles secrets, et le mener à la révolte terrifiante des coeurs purs.
Cette BD d'une richesse étonnante est aussi un plaidoyer pour le respect de la différence et de la dignité humaine. Elle bénéficie d'un très beau dessin, très pur, très contrasté, avec ses "à-plats" blancs et noirs. Chaque dessin est une pure merveille, et je rêve d'être assez riche pour pouvoir m'offrir la dernière planche, que j'encadrerais à la place d'honneur dans ma maison.
Une oeuvre majeure, qui a marqué l'histoire de la BD.
Pour découvrir D. Comès 10 étoiles

Beausonge est un petit village des Ardennes. Silence est un jeune garçon attardé, muet de naissance, aux ordres de son maître, le personnage le plus puissant du village, Abel Mauvy. Ame d'enfant dans le corps d'un homme, il ne voit ni ne comprend la méchanceté et l'injustice, regardant le monde de son regard naïf. Mais Beausonge n'est pas un village parfait et ses habitants ont des choses à se reprocher, des choses à propos de Silence. C'est la Sorcière qui le sait, et qui attend un signe. Un signe indiquant que Silence est prêt à apprendre la vérité, à apprendre l'amour, et son corollaire : la haine.

Je lis assez peu de bandes dessinées. La première qui m'aie vraiment marquée était signée D. Comès : il s'agissait de L'ombre du corbeau. Depuis, j'ai dû lire quasiment tous ses albums, et dans mon trio de tête des œuvres de cet auteur, L'ombre du corbeau côtoie La belette (je crois que c'est celui-ci mon préféré) et Silence.
Dans ces deux derniers ouvrages, Comès prend soin de nous immerger dans l'ambiance des petits villages, mâtinés d'histoires d'amours qui tournent mal, de vengeance, de vengeance et d'amour, le tout mis en relief, en ombres et lumières, par les dessins chargés et les aplats blancs et noirs.
Ce sont souvent les simples, les purs et les naïfs, les isolés, les différents que met en scène Comès. Dans son œuvre, les femmes sont souvent mystérieuses, et gardiennes des secrets et de la connaissance. Elles sont souvent sorcières également. Elles sont tellement belles, majestueuses, parfois impressionnantes, sous la plume de Comès.
Silence de Comès est un livre très poétique, qui nous nous amène à suivre une histoire dont on sait qu'elle ne peut bien finir mais qui nous porte quand même vers la lumière. A découvrir absolument.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 3 juillet 2017


Une belle oeuvre 8 étoiles

« Tu es bon, trop bon ! Moi, il y a longtemps que je ne crois plus à la bonté ! »

Un homme simple d’esprit nommé Silence, car muet, ne connaît pas le danger, ni la cruauté des gens. Orphelin, il travaille pour un homme qui l’exploite et qui cache un secret.

Un scénario de revanche assez original. Une bédé à saveur fantastique, un récit plein de suspense. Les personnages sont bien faits, bien dessinés psychologiquement, ils sont tous très distincts, avec leur personnalité propre. Les illustrations aussi. J’ai beaucoup aimé. C’est mon premier Comès et pas le dernier. D’habitude je n’entre pas facilement dans ce genre d’histoire, mais ici, ça l’a été totalement.

Nance - - - ans - 23 juillet 2012


Un Silence qui est bien plus que de l’or 10 étoiles

« Silence » est incontestablement un chef d’œuvre, couronné à sa sortie par plusieurs récompenses largement méritées. Produit juste avant « La Belette », il a ma préférence même si les deux se valent, du fait de ce personnage qui a donné son nom à l’histoire et ne peut laisser indifférent.

Une fois de plus, le récit se déroule dans un petit village des Ardennes, où le temps ne semble pas avoir de prise, intemporalité qui confère sa force et son mystère au dit récit. Silence, muet et simple d’esprit pour le commun des mortels, sert de commis à un odieux paysan qui l’exploite sans vergogne. Un jour, Silence découvre dans une grange condamnée un lourd secret sur son passé et vient à rencontrer Sara, sorcière aveugle dont il tombe amoureux et qui a quelques comptes à rendre à certains villageois... C’est ainsi que le jeune homme, tout en découvrant ses origines fera l’apprentissage de la haine et de la méchanceté des hommes sans jamais pouvoir répondre, ses seules armes étant l’innocence et l’amour du prochain… Dès le début, on devine qu’un drame est inévitable, et que, quelle que soit l’issue, le venin de la méchanceté aura le temps de répandre son poison sur les champs enneigés de Beausonge qui symbolisent en quelque sorte Silence le « simplet ».

Ce roman graphique d’une grande fluidité se lit avec le même plaisir teinté d’effroi que l’on pourrait ressentir en se perdant dans une forêt sombre, peuplée de créatures étranges et d’esprits peut-être hostiles. L’ambiance y est mystérieuse à souhait, renforcée par le superbe graphisme de Comès et ses noirs et blancs si intrigants.

Son personnage central nous renvoie à nous-mêmes, à nos propres petites lâchetés et mesquineries que l’on préfère taire, à la cruauté et l’insensibilité qui peuvent parfois surgir du tréfonds de nos âmes. Car Silence renferme une pureté qui est le fait des êtres simples mais que l’on choisit d’exclure, consciemment ou inconsciemment, car ils dérangent et ne rentrent pas dans les normes de notre « monde de brutes ». A l’échelle du village de Beausonge, Silence est une sorte de chaman qui s'ignore. Il sourit aux arbres et communique avec les animaux d’un simple regard, ce qui pour les villageois, équivaut à de la sorcellerie (un comble !) et contribuera à sa perte.

Comme dans « La Belette », c’est un des thèmes favoris qu’aborde ici l’auteur, l’Homme et son rapport à la nature, comme s’il voulait convier le lecteur à porter son regard au delà des apparences de notre monde matérialiste, en faisant appel à la tolérance et l'ouverture d'esprit. D’une certaine manière, cette BD réalisée il y a plus de vingt ans est restée très visionnaire. Si elle semble ancrée dans un passé désuet et campagnard, elle s’adresse pourtant directement à l’homme moderne toujours davantage coupé de ses racines – bien qu’au début d’une prise de conscience (très lente !) que la nature devra un jour cesser d’être traitée avec mépris. Définitivement un classique.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 22 juillet 2009


Un Monument 10 étoiles

Je n'avais pas lu Silence depuis longtemps, je l'ai relu ce week-end et l'émotion reste entière.
Silence est une BD où la perfection du dessin répond à la perfection du scenario, des dialogues, des personnages dans un univers qui plonge magistralement le fantastique dans la réalité.
D'accord avec Leura pour dire que c'est une oeuvre majeure dans l'histoire de la BD.

Guigomas - Valenciennes - 55 ans - 29 août 2005