Pseudo
de Romain Gary

critiqué par Krystelle, le 11 août 2005
(Région Parisienne - 44 ans)


La note:  étoiles
Pseudo autobiographie
Dans Pseudo, Romain Gary met en scène Emile Ajar et répond avec fougue aux rumeurs naissantes quant à la véritable identité de ce dernier. Du début à la fin, l'auteur joue avec le lecteur et le désarçonne en entrenant le doute.
On découvre un personnage aux facettes multiples; A la fois Paul Pavlovitch, Alex, Rodolphe et tant d'autres, Ajar cherche avant tout à échapper à lui-même. En quête d'hérédité et à la recherche permanente de ses origines, le personnage principal de Pseudo doute de sa propre existence et de celle du monde qui l'entoure. Ainsi, Gary nous présente Ajar comme un auteur angoissé, en proie de de fréquentes hallucinations et sans cesse au bord de la folie.
Pseudo, c'est aussi l'histoire d'un livre qui s'écrit, celui-là même que le lecteur tient entre les mains. A plusieurs reprises, l'auteur revient aussi sur La vie devant soi, Gros Calins et sur l'affaire du Goncourt.
C'est tendre, c'est poètique, c'est drôle ; Pseudo fait partie de ces livres insaisissables qui nous échappent un peu et bouleversent nos certitudes… c'est sans doute pour cela qu'il nous prend tellement aux tripes.
Pour finir, quelques lignes que je trouve si belles:
"Je ne vous ai pas encore décrit Alyette avec des mots, mais je veux la garder et j'ai peur qu'ils l'emportent. Je vous déclare seulement ceci: Alyette a des yeux comme s'il y avait encore un premier regard".
Comment réussir quand on est écrivent, névrosé en interné 6 étoiles

Un écrivain réussit à publier, malgré un état de santé psychique défaillant, au point d'être interné, et même au Danemark, le docteur Christiansen veillant durement aux évolutions de son équilibre. Sans père, ayant des relations contrariées avec son oncle, l'auteur est atteint d'une sorte de paranoïa mais bénéficie d'une grande culture et d'une belle imagination.
Ce roman inspiré de la vie du véritable auteur évoque les tourments et combats personnels pour un peu d'honneur et un bon traitement, avec des phases très rudes et des embellies profitables. Passablement désagréable, il présente le mérite de faire réfléchir au processus créatif, mais dans ce qu'il y a de pire.

Veneziano - Paris - 46 ans - 1 janvier 2020