La cathédrale de glaise
de Jean-Marc Aubert

critiqué par Shelton, le 9 août 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
C'est vieux !
Pourquoi, faut-il toujours parler soit des nouvelles parutions soit des livres ayant acquis définitivement l’étiquette, le titre de « classiques » ? Je ne sais pas, mais il est très difficile de vouloir conseiller la lecture d’un ouvrage sorti il y a quelques années, et c’est pourtant ce que je vais faire aujourd’hui avec La cathédrale de glaise de Jean-Marc Aubert, un auteur que j’aime beaucoup. Et il va être question de la folie…
Qu’est-ce que la folie ? C’est un trouble mental vous dira le Robert tandis que le Larousse vous confiera, confidentiellement, que c’est proche de la démence, de ce que qui échappe au contrôle du bon sens… Mais après tout si la folie était autre, si la folie était le fruit d’une raison, mais d’une raison ayant ses propres règles, une raison qui refuserait le monde banal et rempli de platitudes, si la folie rimait tout simplement avec poésie, oui rêves, poésies, mots chantants… C’est peut-être Jean-Marc Aubert qui a raison, lui qui dans son roman, La cathédrale de glaise, nous chante une folie douce, naturelle, celle du grand Stern, de Toto et de leurs lapins…
Oui, le roman que je vous invite à lire aujourd’hui traite de la folie, la folie comme personnage, la folie en situation, la folie en mots, bref, la folie conjuguée à tous les temps, à tous les modes, mais toujours de façon merveilleuse… Car c’est là le génie de l’auteur, n’ayons pas peur des mots, peindre la folie, en faire une œuvre d’art et captiver le lecteur, le transporter dans un monde éloigné du sien, un peu comme dans certains contes de fées… et pourtant, au détour de certaines pages, des situations évoqueront, sans aucun doute, les évènements de nos vies… Nos vies ! Et pourtant, nous ne sommes pas fous, nous ! Enfin, je ne crois pas… Quoique… Finalement, je ne sais plus trop bien, tant la folie d’Aubert me semble chaleureuse… Et si nous étions tous fous…
Cette folie c’est celle du renfermement sur soi, de l’isolement de l’homme qui n’arrive plus à communiquer avec les autres… « Je n’ai jamais bien su parler aux hommes », dit l’un des personnages, le grand Stern, mais pourquoi arrive-t-on à cet isolement, pourquoi se laisse-t-on enfermer dans cette folie. Aubert ne donne pas de solution, il ne fait que constater l’état dans lequel se retrouvent certains de ses personnages… Bien sûr, Aubert est assez réaliste en nous montrant bien que la folie peut devenir dangereuse, qu’elle est risquée pour ceux qui sont sur le chemin du fou, une classe de jeunes filles, en particulier. Mais, malgré tout, il nous invite à ouvrir les yeux car cette folie n’est pas seulement chez les autres, elle nous guette tous, même dans ce monde qui se croit celui de la communication…
C’est un petit roman que j’ai beaucoup aimé et que je ne saurais trop conseiller à tous ceux qui croient que la folie ne touche que les autres…
Qui sait, ce roman pourrait bien devenir un classique, un reflet de la fin du vingtième siècle, un texte que nos descendants étudieront à l’école comme nous avons étudié Zola et Balzac…