Mo
de Marie-Hélène Lafon

critiqué par Clarabel, le 8 août 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Et la conclusion est saisissante !
Mo est un fils à maman, du moins il vit auprès de sa mère, désormais veuve, il a trente-trois ans, célibataire, il s'occupe de tout dans le petit appartement. Même aux yeux de sa mère, c'est presque une honte de voir un homme s'occuper des tâches ménagères comme il fait ! Pourtant, Mo s'applique, il aime récurer, ranger, soigner les pieds de la mère, laquelle souffre et se plaint tout le temps. Elle a perdu un fils aîné, Mohammed, et a souhaité nommer le dernier né de la même façon, pour pallier le manque, mais selon ses dires, Mo n'est pas à la hauteur. C'est un homme solitaire, taciturne ou renfrogné. Il travaille au centre où il rencontre Maria, vendeuse à la ronde des pains. Fasciné par la jeune femme, il l'épie, la guette, s'émerveille et rêve à de belles histoires. Mais en réalité, les jours sont pluvieux, les gens se querellent et la famille est oppressante.

C'est un peu le thème du roman de Marie-Hélène Lafon : la famille, les liens noueux et les rapports haine/amour entre les membres. A un moment, un personnage déclare : "les mères voulaient faire pitié aux enfants pour les garder avec elles, elles n'avaient pas le droit, les enfants n'avaient rien demandé aux mères, eux". Les liens entre le fils et la mère sont complexes, l'auteur rôde autour de l'idée, n'entre pas dans les détails à coup de références psychologiques mais sa façon feutrée, pudique et également crue rend le portrait réaliste et poignant. Mo est le personnage central, difficilement attachant mais non plus haïssable. Il a sa vie à lui, rythmée comme sur du papier à musique. Sa vision à lui est carrée, et il semble difficile pour Mo d'encaisser les colères. Il en a trop bavé et a trop contenu ses sentiments. Au final, cette lecture touche droit au coeur, elle est loin d'être mièvre ou misérable, mais elle est sensible à sa manière et la fin est saisissante ! A lire.
Du giron maternel à l'amour 8 étoiles

Un jeune homme simple, voire simplet, aide sa mère à vivre, alors que cette femme représente tout pour elle. Sa gentillesse lui amène des moqueries qui l'indiffèrent, car il semble satisfait de son état. Puis l'amour vient tout éclairer.
Cette histoire peut sembler toute bête, mais montre la joie des plaisirs élémentaires, la beauté des gens simples. Aussi le style adopté est adapté au mode de pensée du protagoniste, la forme des corps jouant une importance dans le jeu de ses représentations. Ce roman m'a déconcerté au début, puis plutôt séduit.

Veneziano - Paris - 46 ans - 27 décembre 2022


un homme simple 9 étoiles

Mo est un homme un peu simplet. On s'est toujours moqué de lui à l'école, sauf un instituteur pendant une classe verte en Auvergne, il a trente-trois ans et vit avec sa mère, dont il est le rempart et le soutien depuis la mort du père. Il travaille au centre commercial comme homme à tout faire, au magasinage, il est trop lent pour les caisses. Il a peu d'amis. Sa vie est centrée sur sa mère. Mais il ne lui raconte pas ses échappées amoureuses.
Un très beau roman sur la difficulté de vivre une vie personnelle, quand on est beur et pas très futé. Le poids de la famille, ici de la mère. L'impossibilité de mener une histoire d'amour... Tout cela est dit dans un style économe, sans psychologiser, et avec un grand sens du concret qui permet, au travers du comportement, des gestes, des relations entre les personnes de comprendre ce qui se passe.
On pense parfois à Steinbeck : "Des souris et des hommes".
Une réussite

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 14 janvier 2014