Le Linceul, Tome 1 : Les ombres de la relique
de Laurent Bidot

critiqué par Shelton, le 7 août 2005
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Encore ce linceul !
Le linceul, que l’on soit chrétien ou pas, très croyant ou non, est un objet qui a toujours eu un rôle particulier dans notre monde occidental. Il suffit simplement d’ouvrir les oreilles et d’entendre le nombre de gens prêts à s’étriper pour prouver que c’est une très sainte relique, la relique par excellence, ou une usurpation extraordinaire qui donne à l’église catholique un outil de plus dans sa domination des peuples… Tout cela peut vous paraître exagéré mais je vous avoue avoir entendu des discussions sur le sujet qui n’étaient pas tristes du tout…
Alors, puisque tout le monde en parle, un jeune auteur de bédés s’est donné le droit d’en faire le sujet de son intrigue dans un beau travail publié dans la collection « Loge noire » dirigée par Didier Convard, un lieu de l’édition du neuvième art où les a-priori n’existent pas…
Donc, nous voilà parti dans un cycle mystico-historique. Pas dans une bédé historique. C’est bien une fiction, qui va se dérouler sur plusieurs époques et nous commencerons avec la fin du vingtième siècle, au moment où nous pénétrons la cathédrale de Turin pour aller contempler le linceul…
Autant vous dire que tout ne va pas se passer normalement. Pas parce qu’il y a du monde, mais plutôt parce qu’une équipe très bien organisée et équipée va tout simplement enlever, kidnapper, le fameux linceul. A cette occasion, on peut préciser que le dessin est remarquable, efficace et dynamique et que les pages 4, 6 et 7, entièrement sans texte, permettent de vivre les faits comme si nous y étions…
Pendant ce temps là, à Rome, trois personnes, Franck, Jean et Antonella ont une discussion mouvementée sur le linceul. En quelques pages, quelques bulles, l’auteur en profite pour nous présenter quelques-unes des thèses les plus répandues… Jean, qui est prêtre, voudrait conserver un espace de foi, un lieu où la preuve n’est pas absolue, ou l’homme peut encore choisir et où, surtout, le Christ n’est pas objet d’études scientifiques seulement… L’acte de foi ! Mais Franck et Antonella défendent avec énergie les sciences. Pourquoi l’église ne se contente-t-elle pas de leur laisser le linceul pour mener une série d’analyses sans aucun contrôle, aucune directive, librement ? Parce qu’elle a peur des résultats ! D’ailleurs, pourquoi n’admet-elle pas les résultats au carbone 14 déjà donnés ? Parce qu’il ouvre la porte de supercherie !…
La discussion stoppe quand la télévision annonce que le linceul vient d’être volé par des inconnus… Et nous, nous voilà pris au piège de cette bande dessinée. Nous avons une triple histoire qui se met en route… Une, très contemporaine que l’on pourrait résumer ainsi : qui a volé le saint suaire de Turin et pourquoi ? Une très historique va nous permettre de connaître l’histoire de ce tissu, au moins depuis qu’il est suivi, bataille de Poitiers pendant la guerre de cent ans, 1356. Enfin, une partie du récit est plus philosophique, mystique, ésotérique, car l’auteur va faire parler un grand nombre de personnages qui nous donneront leur vision du linceul…
En fin d’album, nous nous retrouverons en présence du linceul, oui, le volé du début… Mais là, nous serons dans un laboratoire très moderne avec des savants à la pointe du progrès… Mais qui a organisé tout cela ? A vous de le découvrir en lisant ce premier album de la série Linceul.