Les Cosaques
de Léon Tolstoï

critiqué par Réaliste-romantique, le 3 août 2005
( - - ans)


La note:  étoiles
La recherche du sens de la vie
Pour rédiger ce roman, Léon Tolstoï s'est inspiré d'une période de sa vie. Il raconte le service militaire d'un jeune aristocrate russe, Olenine, qui part servir aux limites de l'empire, au Caucase. Des guerriers tchétchènes menaçaient alors les frontières, des troupes occupaient cette région en permanence (cette région est encore aujourd'hui le théâtre d'affrontements). Il établit ses quartiers dans un maison d'un village cosaque. Au contact de ces gens rustres mais bons, le soldat russe découvre un nouveau sens à sa vie. L'existence de farniente qu'il menait, comme tout aristocrate moscovite, dans les clubs ne lui apparaît plus que futilité. Olenine découvre les plaisirs d'une vie simple de nature, de beuveries et de viriles camaraderies. La vie des soldats cosaques l'inspire, et il passe ses journées à chasser, l'esprit libre de toute préoccupation. Une femme viendra toutefois troubler son coeur... et sa tranquillité, car elle est déjà promise à un autre homme.
À prime abord, le sujet de ce livre me rebutait. Néanmoins, comme Tolstoï m'avait déjà bouleversé à plus d'une reprise cette année, j'ai plongé dans cette oeuvre. Fidèle à son habitude, l'écriture de Tolstoï m'a accroché et j'ai dévoré ce petit livre, malgré qu'il ne raconte, en fin de compte, que l'histoire déjà entendue d'un triangle amoureux. Bien qu'intéressante, ce n'est cependant pas l'intrigue qui fascine le plus dans ce roman, mais la description par Tolstoï de la vie dans ce coins de pays. De plus, l'auteur en profite pour critiquer la vie métropolitaine de ses semblables (et ainsi la sienne), un thème récurrent dans ses oeuvres. Est-ce que le sens de la vie se trouve dans le retour aux valeurs traditionnelles de chasse et d'exploitation de la terre? La réponse n'est pas si simple...
Je n'ai découvert Tolstoï que cette année, mais c'est un coup de foudre! La note de ce livre-ci a un peu baissé, car j'ai fini par trouver un peu longuettes toutes les descriptions des détails du pays, tels les stanitsa, kiziak et tchouviak.
Deux hommes et une femme 8 étoiles

Tolstoï débute la rédaction de ce récit en 1852 et termine dix années plus tard en 1862. Il raconte l’histoire d’un jeune aristocrate russe qui décide de s’engager dans l’armée du Caucase. Dmitri Andréïevitch Olénine ne sait que faire de sa vie donc il part avec la confiance et la fougue de la jeunesse. Il est las de la vie dissipée qu’il mène dans les cercles dorés de Moscou et désire renouer avec la vie sauvage, la vraie vie, la seule qui vaille la peine d’être vécue. Il se rend donc dans un petit village cosaque situé à trois verstes du fleuve Terek afin d’y être hébergé dans la maison du sous-lieutenant. Il fait la rencontre de la belle Marianka, la fille de son logeur et ne tarde pas à en tomber éperdument amoureux. Mais Marianka est aimée de Lucas, un beau Cosaque fier, rempli de courage et de vigueur. Lequel des deux jeunes hommes réussira à toucher le cœur de la belle ?

C’est l’histoire classique du trio infernal : deux hommes aimant la même femme et possédant chacun des atouts forts différents, cherchent à épouser la belle. Bien que le roman privilégie avant tout le caractère des personnages et le côté humain, Tolstoï y va de très belles descriptions de la forêt et du paysage caucasien. Les montagnes aux sommets enneigés, les magnifiques couchers de soleil, la brume matinale se dissipant pour laisser place au jour ensoleillé, les expéditions de chasse, la traque de montagnards tchétchènes, tout cela est décrit admirablement par le grand écrivain. Le roman est aussi très riche au point de vue culturel et social. Les habitudes de vie, le déroulement des journées consacrées au labeur, la détente du soir et les fêtes villageoises, Tolstoï nous décrit tout cela avec une rigueur et un style simple mais d’une incomparable puissance évocatrice. Certaines descriptions sont tellement belles qu’elles rivalisent de lyrisme avec les plus beaux tableaux du grand paysagiste russe Levitan. Ce que le peintre nous a transmis avec ses couleurs, l’écrivain le fait tout aussi bien avec des mots. Il nous fait pénétrer dans la forêt caucasienne pour ensuite nous entraîner au bord des eaux glacées du Terek. Oui, ce sont de beaux tableaux que nous peint Tolstoï de sa plume trempée dans une prose colorée et chatoyante. Je songe aux descriptions des costumes et des coiffures féminines lors de la grande fête au village. Je songe aussi à la scène fort belle de la sieste de Marianka et de sa meilleure amie sous un chariot par une journée torride d’été. Je vois tout cela, je ressens toutes les sensations que l’écrivain s’est efforcé de communiquer à ses lecteurs. J’ai ressenti la chaleur de ce jour d’été, j’ai senti le souffle chaud du vent me caresser le visage, j’ai entendu le doux bavardage des deux jeunes filles riant et causant avant de s’endormir, épuisées et heureuses. Comme tout cela est beau et si vivant ! Et le pauvre Olénine, désemparé et maladroit, hésitant à déclarer son amour, retenu par une pudeur et une gêne si touchantes.

J’ai bien entendu reconnu Tolstoï dans le personnage d’Olénine, cela est évident. Et la fin est tout à fait dans le style de l’auteur. C’est une symphonie de couleurs, de sensations, de sentiments et d’émotions humaines dans un décor exceptionnel et grandiose que nous sert ici Tolstoï. Quel génial raconteur ! J’avais l’impression d’être assise à ses pieds pour l’écouter narrer toutes ces histoires fabuleuses issues de son imagination débordante. J’aurais tant aimé pouvoir faire cela.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 24 mai 2011


Le Caucase déjà ! 6 étoiles

Tolstoï pour une fois a fait court, il n'avait pas grand chose à dire : quelques souvenirs de bidasse pour étoffer l'histoire classique des deux gars qui lorgnent sur la même fille et quelques aventures de chasse qui manquent tout de même de relief et de suspens.

Tout çà serait assez banal si Tolstoï ne mettait pas déjà en évidence les problèmes qui agitent ce coin du monde. Il a été un fin observateur et un fin analyste des problèmes qui affectaient les relations entre les communautés caucasiennes et ukrainiennes.

Par ailleurs, il n'hésite pas à critiquer la politique moscovite et on sent qu'il éprouve une certaine fascination pour les peuples des montagnes fiers et courageux.

Et si Tolstoï avait compris que la marmite caucasienne exploserait pour de bon !

Débézed - Besançon - 77 ans - 7 mars 2008