Les enfers ventriloques
de Sylviane Dupuis

critiqué par Sahkti, le 27 juillet 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
S'inspirer des autres?
Vera Malet est une jeune dramaturge à qui l'inspiration fait défaut. Tourmentée, elle se voit projetée aux enfers où elle y fait la connaissance d'une foule de héros et d'auteurs de théâtre dans des situations souvent douloureuses. Hamlet et Don Juan se battent sous le regard de Shakespeare, Brecht n'est qu'un cherche-misère et Eschyle ne vaut guère mieux. Ce n'est pas rose pas gai, mais le voyage se révèle indispensable pour aller au fond de soi et quérir auprès de ces morts la part d'imagination qu'ils possèdent encore. Pas toujours facile tant l'aura de tous ces personnages écrase Vera mais la démarche sera salutaire en quelque sorte, elle trouve sa voie et ça se termine mieux que ça ne commence, même si une impression de malaise n'arrive pas vraiment à se dissiper. C'est qu'il n'est guère aisé d'accepter que ses modèles soient en réalité des gens assez quelconques pour ne pas dire méprisables.
Sylviane Dupuis (auteur genevoise et professeur) explore là une belle piste de travail et à travers ces lignes, on devine qu'elle s'est personnellement glissée dans la peau de cet auteur en quête d'idées. Quelques inégalités sont à signaler dans l'écriture, il y a de temps en temps des longueurs ou des formules savantes qui cassent la dynamique du récit mais dans l'ensemble, tout cela reste vif et prenant. Une cour de récréation théâtrale qui étourdit par sa densité et ravit par le propos qu'elle suggère: où se cache la vérité?