Victoire
de Joseph Conrad

critiqué par Barda, le 11 juillet 2005
( - 53 ans)


La note:  étoiles
La possibilité d'une île...
Je reprends à dessein le beau titre du prochain roman de Houellebecq pour synthétiser de manière très succinte le prétexte du roman de Joseph Conrad.

Même si cet auteur est l'un de mes écrivains préférés j'avoue que je ne connaissais pas l'existence de ce roman aussi est-ce avec circonspection (que ce sentiment peut être doux en littérature...) que je succombai il y a quelques jours à la tentation grandissante de sa lecture...

Très rapidement, l'histoire est celle de Axel Heyst, négociant suédois déchu que son goût pour le scepticisme a poussé à fuir le monde, l'homme vivant dans la solitude sur une île fictive de l'archipel indonésien. Des événements tout à fait inattendus et surprenants pousseront l'homme à questionner plus profondément encore son attitude et sa philosophie de la vie avant que l'apocalypse finale qui conclut le roman ne le voit inéluctablement courir à sa perte.

Je dois reconnaître ne pas avoir été subjugué comme je l'avais été par le passé à la fréquentation d'autres récits de cet auteur et parmi eux "Nostromo", "Lord JIM", ou encore les magnifiques récits que sont "Jeunesse" et "Le compagnon secret" entre autres merveilles. Je ne dirais pas m'être désintéressé de l'histoire, les enjeux philosophiques et "politiques" exposés dans le texte sont d'une telle importance, l'ironie d'une si grande justesse, que j'aurais mauvaise grâce à ne pas reconnaître ce livre comme une oeuvre de première grandeur...Cependant tout ce qui fait la force de Conrad, le "tragique en action", l'entrelacement savant entre interrogations métaphysiques, questionnements et aventure, la sombre poésie, lyrique et sauvage qui embrase la plupart de ses récits, tout ceci m'a semblé, dans ce récit, comme dilué au bénéfice de nombreux dialogues (trop?...), d'une construction éclatée et subjective (voulue par l'auteur...), et de points de vue divers parmi lesquels on a peine à trouver la voie d'une ligne claire et bien définie.

Cette façon de faire est bien évidemment une des données importantes du roman moderne et Conrad s'en acquitte avec beaucoup de talent même si pour cela on peut lui préférer Joyce ou Faulkner...

A recommander quand même bien évidemment...