La fille de Kafka
de Giselda Leirner

critiqué par Clarabel, le 8 juillet 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Etrange mais envoûtant
C'est court, ça se lit vite, et si vous disposez de la chance de pouvoir le lire d'affilée, sans doute apercevrez-vous dans ce récit quelques redondances dont laisse supposer son éditeur !.. Pour ma part, je n'ai pu que le lire de manière décousue, n'empêche j'ai beaucoup aimé ! J'ai trouvé également que certaines idées étaient reprises, comme ce même spectre de l'héroïne centrale, revue et remise au goût du jour. Il s'agit d'une femme sur l'âge, désormais seule, amère, au passé désastreux, du moins dès l'entrée de la nazification de l'Europe, la persécution des juifs, etc.

Dans "La fille de Kafka", qui est aussi le titre de la toute première histoire, une fille se veut la progéniture de K. Elle lui écrit des lettres mais son silence lui semble injuste, alors son récit devient nerveux, syncopé et se révolte contre un ensemble de secrets familiaux. Ce lot de dix textes offre en commun de mettre en scène des personnages désespérés, étouffés par l'amertume et le dégoût, des autres et d'eux-mêmes. On les comprend : après une destinée souvent idyllique, ils ont connu la déportation dans des camps de concentration. Ils sont vieillissants, hantés par les cauchemars, par la perte d'un enfant, d'un mari volage. Des amies ou des soeurs se retrouvent, par l'intermédiaire de lettre-testament ou autour d'un thé. D'ailleurs, le texte "Le thé et les pommes" est l'un des plus beaux, car poétique, touchant, irréel et généreux. Je ne crois pas que ce livre de Giselda Leirner restera marqué dans ma mémoire, sauf le rappel de cette histoire de Milena. Mais c'est tout de même un joli style, un bel effort de variations sur le même thème. Et l'auteur aurait pu emprunter son titre à Paula Fox : "Personnages désespérés". C'est tout dit.