Un garçon naturel
de Patrice Salsa

critiqué par Maroni, le 3 juillet 2005
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Ce livre est un petit bijou
Ils sont trois : le garçon (ou l'adolescent selon les moments), sa mère, son père. Aucun n'a de prénom. Le garçon est beau, facile à élever, solitaire, brillant, inquiétant aussi. Le père n'a pas osé épouser sa mère, mais un jour il revient à la maison.
Une écriture dense et chirurgicale. Un livre extrêmement troublant du début à la fin. Les passages qui évoquent l'éveil à la sexualité sont d'une sobriété, d'une puissance et d'une perversité rares. Un livre à ne pas manquer, malgré un titre un rien banal.
Dark Father 8 étoiles

Résumé :
Le garçon est beau et intelligent. Il fait la fierté de sa mère qui l'élève seule, et pour qui il déborde d'amour. Le garçon est cultivé et curieux de tout. Il force l'admiration de ses professeurs. Le garçon est calme, froid, et solitaire. Mais sous ce calme apparent couve la lave, un magma bouillant qui détruit tout sur son passage, sans regret. Expert en jeux de rôles, le garçon dégomme froidement, calmement, tous ceux qu'il fascine et entrent imprudemment dans son jeu.
Mais quel est ce trouble, ce manque, cette souillure, cette quête, qui dicte chacun de ses actes ?
Le garçon note sur son carnet des citations troublantes comme "Je grandis avec l'impression vague que je portais un déshonneur" (G. de Maupassant), et d'autres où le mot "bâtard" revient comme un leitmotiv.

Mon avis :
Pour un premier roman, ce livre est une réussite. La brièveté du récit est largement compensée par sa densité et sa maîtrise. Le dernier mot lu, on referme le livre, et on reste coi, subjugué !
"Un garçon naturel" est construit avec une rigueur implacable, une précision diabolique. Chaque phrase, chaque mot est minutieusement choisi (ou presque), pièces d'un puzzle judicieusement placées, tout concourant vers le mot final "seuls", concernant le père et le garçon (Etrange d'ailleurs qu'on puisse être seuls au pluriel !).
Complexe sans être abstrus, terriblement efficace, tout se tient dans ce roman dont la première lecture déroutera plus d'un par sa construction qui illustre parfaitement l'épigraphe citant F. Truffaut. Pourtant, le propos de l'auteur est clair, net, et précis, brillamment illustré par un récit sans faille (ou presque : on excusera l'utilisation du verbe "emmener" pour "emporter", la faute devenant hélas récurrente, et quelques autres incongruités) et une culture solide. Le malaise du garçon (dont on ne saura jamais le nom, pas plus que ceux des autres protagonistes) est perceptible à chaque ligne du roman. Son évolution de l'enfance à l'adolescence, jusqu'à la découverte du père et la difficulté d'être, de se comporter à ce moment-là, est magnifiquement décrite dans ce puzzle-labyrinthe.
Pour le côté "homo", on notera l'étonnant passage de la piscine, à caractère pédophile, qui illustre parfaitement le comportement destructeur de l'adolescent.
"Un garçon naturel", court roman, est un livre à lire et relire, qui surprend par sa justesse.

Homo.Libris - Paris - 58 ans - 29 octobre 2021


Père manquant, fils manqué?... 6 étoiles

Tantôt nommé par l'auteur "adolescent", tantôt nommé "garçon" selon les situations, "il" semble parfait, selon ses proches et professeurs, d'une grande beauté et d'une maturité apparente.
Tout au long du roman, ce qui semble l'habiter, c'est l'obsession de sa "bâtardise".
En cela l'auteur excelle dans sa manière analytique de proposer son écrit. Comme différentes associations éclatées non chronologiques.
Curieusement, ce qui m'a déçu, c'est l'insistance sur l'éveil à sa sexualité qui prend beaucoup de place. En effet, deux épisodes importants lui sont consacré.
Néanmoins, l'écriture non académique de l'auteur est à saluer.
A mon humble avis.

Henri Cachia - LILLE - 62 ans - 13 mars 2017


Troublant trio 8 étoiles

Dans une construction chronologique qui déroute au début, puis au fil de laquelle on se laisse ensuite porter, Patrice Salsa place au centre de son étonnant récit un enfant, un ado, une énigme.
Ce garçon est surdoué ou "précoce", pour adopter un langage politiquement correct, alors que sa conduite ne l'est pas. Faisant fi de la morale, il exerce son charme sur des hommes troublés par ses enchantements physiques et intellectuels... au point de donner à ce que des psys rangeraient dans la case "perversion" ce caractère naturel si bien mis en évidence dans le titre.
Une vision décapante de l'enfance, des rapports avec un père absent de retour, et de l'éveil à la sexualité ... qui, si l'on veut bien oser ouvrir sa propre boîte à souvenirs, a été le vrai ressort de tant de nos actes enfantins si peu puérils.

Spiderman - - 62 ans - 10 juillet 2008


Parricide ou pas ? 8 étoiles

D'abord l'aspect négatif de ce premier roman : le garçon, héros du livre de Patrice Salsa, est si beau et si intelligent qu'il en trouble son entourage ! Mais, comme le constate un jour son père, ce n'est pas forcément les filles qui sont attirées par lui, celles-ci ont plus un comportement maternel à son égard. Alors, ce charme éclatant fait effet sur qui ? Les hommes ! Plusieurs fois dans la jeune vie du garçon, celui-ci s'est essayé à des rôles de composition, à punir des hommes qui le regardaient avec insistance, le touchaient, etc... Ces scènes ont constitué pour moi un point sombre. Pourquoi forcément inclure des séquences du genre pour alimenter cette histoire ?

"Un garçon naturel" toutefois est plaisant à lire. Ce garçon naturel vit seul avec sa maman, le père est porté absent bien avant la naissance du petit. Un jour, il revient. La mère l'accepte, mais le garçon, lui ?... M'étonnerait que les choses soient aussi simples et limpides. D'ailleurs, au fil du roman, on constate la fascination du garçon pour les thèmes sur l'enfant naturel ou le parricide à travers la littérature, il en recopie des extraits dans son cahier noir, fournit ses rédactions copieusement... Bref, très ou trop doué, le garçon fomente sans doute un crime contre le père ?.. Qui sait ?.. Patrice Salsa laisse tout en suspens : les noms, le refus du linéaire, la fin... Un roman rondement mené, décontracté et pas si naïf que ça...

Clarabel - - 48 ans - 4 juillet 2005