Monsieur le jardinier
de Frédéric Richaud

critiqué par Isaline, le 29 juin 2005
(Tours - 44 ans)


La note:  étoiles
Une jolie rencontre
Versailles, 1674. La France est en guerre, Louis XIV est aux prises avec les Provinces-Unies et les batailles font rage en Europe. C'est pourtant à un tout autre combat que nous convie Frédéric Richaud : celui de l'homme face à la nature. Jean-Baptiste de la Quintinie est un des jardiniers du Roi Soleil, un de ses préférés semble-t-il. Il doit répondre aux désirs les plus délirants du roi en tentant d’apprivoiser la nature coûte que coûte, tout en la respectant tendrement. De la Quintinie est amoureux de cette nature qu’il doit réussir à dompter, et en cela il est d’une sensibilité émouvante. Cet homme est singulier, et attise d’ailleurs la curiosité de la cour par ses origines inconnues et son retrait affiché. Quand la plupart des gens sont attirés par la cour et feraient tout pour y prendre part, de la Quintinie, que tout le monde appelle "Monsieur le Jardinier", semble la fuir pour trouver refuge dans son potager. Humblement il avoue n'avoir qu'un but : nourrir les hommes grâce aux légumes qu'il produit, qu'il doit d’ailleurs produire en grande quantité puisque les festins sont nombreux à Versailles, et que les invités dépassent largement le millier. De la Quintinie n'a rien d'un courtisan, il trouve même ridicule tous ces gens qui s'échinent à obtenir ne serait-ce qu'un regard du Roi. Il porte un regard critique sur la cour, la monarchie et les répressions de son temps à l’encontre des huguenots. Cependant, il n’y a aucune virulence dans son propos : il tente à sa manière d'aider les travailleurs à son service et les paysans alentour qui peinent à vivre correctement écrasés par les impôts de guerre, tandis que le faste envahit le château. Monsieur le Jardinier est un révolté à sa manière… aucune violence chez cet homme, plutôt une sorte de résignation. Faire ce qui est en son pouvoir simplement, tout en restant à sa place de jardinier du roi.

Ce livre court propose un joli moment de lecture. La passion de cet homme pour la nature, le refuge qu'il trouve auprès d'elle est assez poétique, renforcé par les échos de la guerre qui fait rage alentour. La fin du livre est d’une beauté rare.
A lire tranquillement, sous un arbre, un soir d'été...