Son Excellence Eugène Rougon
de Émile Zola

critiqué par FranBlan, le 17 juin 2005
(Montréal, Québec - 82 ans)


La note:  étoiles
Admiration renouvelée...
Dans ce sixième ouvrage de l'œuvre des Rougon-Macquart, l'histoire est entièrement centrée autour de l'ascension d'Eugène Rougon, fils aîné de Félicité et Pierre Rougon de Plassans, dévoré d'ambition et sans scrupules.
Petit avocat sans cause en province, le personnage se réfugie à Paris et ne vivra plus que par et pour la politique. Il parviendra avec l'aide de la belle Clorinde et d’acolytes de la première heure, aux plus hautes fonctions
La politique ne fait pas une apparition occasionnelle à l'intérieur de ce roman, ce roman présente l'ambition politique comme une idée fixe, comme une passion mobilisant toutes les forces d'un homme.
Ce n'est pas si mince originalité, du moins à la fin du XIX e siècle, mais tout cela se passe sous le Second Empire : aucune allusion à notre siècle n'est à craindre, et pourtant…; manipulations, corruption, patronage, scandales, etc., et tous ces personnages secondaires plus ou moins vils et méprisables gravitant autour de "Son Excellence"…; familier…?
En dépit du sujet plus que scabreux et sinistre, je fus encore une fois constamment fascinée par le génie de Zola, totalement tenue en haleine par ce génie descriptif, toutes ces quatre cents pages et plus!
Le pouvoir ! 8 étoiles

L'action se déroule de mai 1856 à mars 1861. Les deux principaux personnages sont Eugène et Clorinde. Leur dualité n'a d'égal que l'attirance qu'ils exercent l'un sur l'autre. Entre l'amour et la haine il y a souvent un fil si mince qu'on s'y méprendrait.
Eugène n'a qu'un objectif : le pouvoir et ce par tous les moyens. Quant aux rêves de Clorinde, ils sont bien plus complexes. Que veut elle réellement ? Rougon ou la force ?.

Le second empire est instable, L'empereur est craint mais aussi détesté. L'attentat qui le visera rendra-t-il à Rougon ce pouvoir tant attendu ?
Ce pouvoir lui attirera la reconnaissance ou la haine ? Le mépris ou la gloire ?
Tout se devine d'autant plus facilement que le monde politique n'a rien changé dans ses manières depuis des siècles.


Les personnages principaux.

EUGENE ROUGON
Premier fils de Pierre Rougon et de Félicité Puech. Frère de Pascal, Aristide, Sidonie et Marthe. Il a le visage de son père, une tête de structure massive et carrée, aux traits larges.
Il a fait son droit à Paris, est rentré à Plassans, s’est fait inscrire au tableau des avocats, plaidant de temps à autre, gagnant maigrement sa vie, végétant ainsi pendant quinze ans, paraissant destiné à s’alourdir dans une honnête médiocrité. Mais, dans ce garçon endormi, il y a une force qui se cherche.
Au début de 1852, il habite, rue de Penthièvre, deux grandes pièces froides à peine meublées. C’est déjà une puissance occulte, l’embryon d’un grand homme politique, plein de dédain pour le naïf appât de l’argent, animé d’ambitions vers la puissance pure.
L’erreur de Rougon, qui est un chaste, est de ne pas croire à la toute puissance de la femme. Sa rencontre avec Clorinde, une aventurière de haut vol qui a rêvé de se faire épouser par lui, et dans laquelle il n’a su entrevoir qu’une maîtresse excitante, va lui prouver son erreur ; Clorinde se vengera en lui faisant retirer le pouvoir, qu’il mettra trois ans à reconquérir.
L’appétit souverain du pouvoir se satisfait en lui pendant douze années consécutives de ministère. Puis, après la chute de l’Empire, redevenu simple député, réduit à l’état de majesté déchue, il est à la Chambre le témoin, le défenseur impassible de l’ancien monde emporté par la débâcle.

CLORINDE
22 ans au début du roman : Une grande belle fille. Type romain. Une beauté admirablement régulière. Un marbre. Brune avec une peau très blanche. Yeux noirs. Très provocante parfois, très froide quand elle veut. – Depuis l’âge de 15 ans roule en France avec sa mère. Connue sur les plages, dans les villes d’eau, dans les hôtels des grandes villes, se trouvant partout où il y a du monde.
Fille de la comtesse Balbi. Née en 1835 à Florence. Elle habite avec sa mère un petit hôtel de l’avenue des Champs-Élysées.
Malgré l’étrangeté de sa vie, elle se pousse hardiment vers un grand mariage capable de satisfaire son orgueil ; elle jette son dévolu sur le ministre Rougon. Mais c’est en vain qu’elle l’enveloppe d’une séduction savante et qu’elle l’excite jusqu’au coup de sang. Rougon se dérobe, faisant à cette dangereuse aventurière l’offense de la considérer comme inférieure à lui et de la marier avec son ami Delestang, un imbécile solennel. Clorinde rêvera dès lors une vengeance digne d’elle

Monocle - tournai - 64 ans - 24 août 2021


La comédie du pouvoir 9 étoiles

Henri Guillemin, critique littéraire de renom, qui a préfacé l’ensemble des Rougon Macquart précise en avant-propos de «Son excellence Eugène Rougon» que ce sixième tome serait, si l’on ose dire, le «worst seller» de la série, avec, en 1901, seulement 32 000 exemplaires vendus, contre 193 000 pour «Nana» et 142 000 pour «l’Assommoir»
Mais, ajoute-t-il, «moins lu que les autres, ce livre-là est-il moins bon ? La faveur du public ne garantit pas le mérite d’une œuvre»
Nous voilà rassurés ! En effet, si l’action est, somme toute, assez réduite, ce qui peut lasser certains lecteurs avides de rebondissements et d’intrigues, le tableau que brosse ici Zola de la société sous le Second Empire vaut, en revanche, son pesant d’or.
Lisez donc les pages consacrées au baptême du prince impérial le 14 juin 1856, vous aurez le sentiment d’avoir réellement assisté à la cérémonie, tant ce reportage est vivant et précis, digne d’un grand journaliste, ce que fut d’ailleurs aussi l’auteur, au début de sa carrière d’écrivain.
Quant aux développements sur les grandeurs et servitudes de la Politique, leur cortège de prébendes, brusques revirements d’opinion, par avidité de pouvoir ou simple opportunisme, ils sont proprement savoureux… et, de surcroît, malheureusement intemporels…
On sait aussi que Zola s’est inspiré des vraies personnalités d’Eugène Rouher, du duc de Morny et de la Duchesse Virginia de Castiglione pour créer les trois principaux personnages que sont Eugène Rougon, Marsy et Clorindre ; c’est donc aussi un livre d’histoire romancée et haut en couleurs qu’il nous offre ici, doublé d’une fine analyse psychologique des caractères. Au total, une lecture, certes exigeante, mais aussi très gratifiante.

Isis - Chaville - 79 ans - 10 juin 2015


La politique 7 étoiles

Dans ce tome des Rougon Macquart, Zola s'intéresse à la politique. On lisant ce roman , on se rend compte, en effet, que les temps changent, mais certains aspects de la société restent, comme la politique. On accède aux postes à responsabilité par piston, et non par ses compétences ; si l'on est du bon "côté", on est à la mode et on accède au pouvoir, mais dès qu'on est "démodé", on retombe ; les "amis" ne sont en fait présent que pour profiter des avantages et dans les moments plus difficiles, ces "amis" disparaissent...
Un tome que je n'ai pas trop apprécié, n'étant absolument pas fan de politique, par contre, il est indéniable que Zola a fait un travail admirable pour décrire le milieu politique de son époque.

PA57 - - 41 ans - 28 janvier 2012


Son Excellence Eugène Rougon 9 étoiles

Cet excellent livre de la série des Rougon-Macquart s'attaque au monde politique. On suit ici Eugène Rougon de son ascension à sa chute politique. Tout comme aujourd'hui, le monde de la politique est un monde de magouille où les amis sont prêt à se poignarder dans le dos pour prendre la place de l'autre. C'est un monde où les connexions plutôt que les compétences aident à obtenir des postes, des subventions ou des droits. Lorsqu'on lit ce livre, on se rend compte que ce milieu n'a pas beaucoup changé avec le temps. Et que dire de ces politiciens qui changent leur chemise de bord pour obtenir la faveur populaire. Tout ça, c'est le sujet dont Zola a choisi de parler dans ce livre.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 7 octobre 2011