Deux grosses nouvelles : « La frontière » et « Une situation difficile ». C’est l’humanité et le traitement détaillé de relations humaines – et plus particulièrement hommes/femmes – qui constituent le trait d’union entre ces deux nouvelles.
Richard Ford a ce don de rentrer dans l’intime des personnalités et de nous faire saisir les micro-évènements ou petits gestes, qui en disent plus long que de longues pages.
Dans « La Frontière », Larry, un jeune homme de 17 ans, du Midwest profond, dont les parents sont séparés, va quitter, l’espace de quelques jours, son père, pour aller retrouver sa mère, en compagnie de sa tante, Doris. Celle-ci, qu’on qualifiera de « délurée », va lui faire subir une espèce de voyage initiatique, sans le vouloir pour ainsi dire, du simple fait de son mode de vie et de son fonctionnement. Larry, qui n’a pas encore trop réfléchi à ce qu’était la vie et ce que sera la sienne, assistera à la mort d’un homme poursuivi par la police, dans des conditions qui resteront mystérieuses. Il touchera du doigt ce que peut déclencher l’absorption d’alcool quant à la modification de personnalité. Tout ceci sans didactisme aucun. Un vrai plaisir de lecture !
Dans la seconde nouvelle, éponyme du titre, on est à Paris, avec un écrivain qui, s’il n’est pas raté, pourrait être en passe de le devenir et qui, en tout cas, à commencer par rater sa vie d’homme. Charly Mathews est invité par un éditeur français pour son premier livre. Il est accompagné d’Helen Carmichael qui n’est pas –réellement – sa compagne. Et rien ne va se passer comme prévu. L’éditeur va faire faux bond, les contraignant à improviser, tout ceci avec une Helen dont la santé va s’avérer des plus problématiques. Ca finira plutôt mal. Surtout pour Helen. Les quelques jours passés à Paris montreront que les apparences peuvent être trompeuses et qu’Helen n’est probablement pas celle qu’il croit. Quant à lui, il en saura peut-être un peu plus sur son compte.
Pas d’esbrouffe dans ces nouvelles, du détail fin et intelligent, de la psychologie à l’état brut.
« A son réveil, couché près d’Helen dans le lit réchauffé, l’oreille tendu à l’affût du vent, il avait eu la certitude qu’il n’aurait jamais dû venir ici, ou qu’il aurait absolument dû partir tout de suite après le coup de téléphone de Blumberg, et que toute l’aventure était déjà gâchée, tout était vicié. Il fut submergé par le sentiment qu’il aurait adoré Paris, si seulement il n’avait pas commis une erreur, une erreur de novice, sans savoir en quoi elle consistait au juste. »
Tistou - - 68 ans - 23 novembre 2009 |