Les enquêtes de William Monk, tome 08 : Un cri étranglé
de Anne Perry

critiqué par Mademoiselle, le 13 juin 2005
( - 36 ans)


La note:  étoiles
Hester plus féminine et Monk plus humain
« Un cri étranglé » est le 8eme tome des aventures de William Monk. Les relations entre les trois personnages principaux, Monk, Hester et Oliver Rathbone, s’affinent et s’approfondissent. Le trio deux hommes pour une femme est des plus classiques mais fonctionne très bien ici.

Monk n’apparaît qu’au chapitre 3, c’est-à-dire la page 90. Le début s’attache au sergent John Evan, ancien second de Monk, qui a sur les bras une affaire bien mystérieuse. Un aristocrate est retrouvé mort et son fils dans le coma dans un des quartiers les plus mal famés de Londres. Lorsque le fils sort du coma mais est dans l’impossibilité de parler, Evan place Hester pour être son infirmière.

Hester se met à faire plus attention à elle, regrettant même de n’avoir pas plus de robes pour sortir. On en apprend plus sur les raisons du conflit entre Monk et Runcorn. Monk, moins froid qu’à l’ordinaire, va faire des excuses à Runcorn.

Le tout restant dans l’ambiance victorienne chère à Anne Perry. Un homme et une femme ne peuvent dîner seuls dans un lieu privé. Les femmes de la haute bourgeoisie vivent coupées du monde réel, dans leurs prisons dorées. Les infirmières ne sont bonnes qu’à faire la lecture et changer les draps.

Il y a malheureusement toujours un peu d’ennui dans les romans d’Anne Perry, trop de longueurs qui peuvent rendre le tout fastidieux.

Mais j’apprécie beaucoup l’humour, tout britannique, d’Anne Perry :
« Pour Hester, c’était un changement bienvenu. Sa dernière patiente était une lady d’un certain âge, très pénible à supporter, car ses problèmes étaient pour une bonne part dus à son caractère et à l’ennui dans lequel elle vivait bien plus qu’à ses deux doigts de pied cassés. Elle aurait sans doute pu s’arranger aussi bien d’une femme de chambre compétente, mais les soins d’une infirmière donnaient à sa situation un côté plus théâtral et elle ne se lassait pas d’impressionner ses amies en comparant son état à celui des héros qu’Hester avaient soignés avant elle. »
la dureté d'un monde 10 étoiles

Pour résumer l'intrigue rapidement:
Un soir d'hiver, le sergent Evans, ami et ancien coéquipier de Monk, est appelé pour une sordide histoire: un homme d'age mur retrouvé mort et un plus jeune blessé par des coups d'une extrême violence sont retrouvés dans l'un des quartiers les plus mal famés de Londres. Après quelques recherches, le jeune sergent apprend que les deux hommes appartiennent à la bourgeoisie des beaux quartiers et qu'ils sont père et fils.... Mais alors, que faisaient deux hommes dans un tel quartier? Pourquoi les avoir retrouvés dans un tel état? Autant de questions auxquelles Evans a des difficultés pour répondre! En effet, le fils (Rhys Duff) est vivant mais dans un tel état de choc qu'il ne peut plus parler.
C'est Hester qui est envoyée au chevet de Rhys. Malgré son attachement au jeune homme, elle se rend compte d'une personnalité plus complexe et noire qu'il n'y parait. Le jeune homme faisant des cauchemars et essayant de crier désespérément sans le pouvoir.
Parallèlement, Monk est engagé pour résoudre une drôle d'affaire: des coups et des viols de prostituées à saint Giles....

Stop! Je m’arrête! Je n'irais pas plus loin dans mon résumé! Ce que je peux vous dire c'est que ce policier est très prenant et déstabilisant: vous n'en ressortirez pas indemne.
Pour rejoindre Cath, il est vrai que les personnages évoluent: Hester, toujours aussi forte, s'adoucit et se féminise (d'ailleurs les disputes habituelles avec Monk sont moins violentes!). Monk qui en apprend plus sur son passé et par là même sur sa personnalité. Moins sûr de lui, il s'humanise face à l'injustice d'un monde où les faibles n'ont pas leur place. plus humain et donc plus ''beau'' en tant que personnage.
Les personnages que met en scène Anne Perry deviennent au fil des pages presque ''tactiles'': on les voit, on peut même presque les toucher. On les aime, on les déteste; ils ont leurs défauts, leurs qualités: ils sont profondément humains!
Les intrigues sont toujours aussi bonnes et non dénuées de rebondissement. Plus on avance dans les pages et plus on s’interroge et on vibre!
Bien sûr, à l'image de Cath, on pourrait reprocher quelques longueurs. Pour moi, elles sont nécessaires car elle nous permettent justement de mieux appréhender l'histoire, les sentiments et la personnalités des personnages. De plus, ces longueurs font des policiers d'Anne Perry un curieux mélange entre polar, roman historique et ''comédie dramatique''.
Pour moi qui ne suis pas très romans policiers à la base, je suis devenue accro aux romans d'Anne Perry! Je peux donc dire que n'importe quel lecteur aimant les livres bien écrits avec de "vrais" personnages et des histoires prenantes prendra plaisir à lire les Anne Perry!

Gwendoline - - 39 ans - 12 juin 2006