Le "Prince d'Albanie", Un aventurier du Siècle des Lumières
de Roland Mortier

critiqué par Sahkti, le 13 juin 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Elégant imposteur
"J'ai joué une partie avec le sort, j'ai gagné les premiers points, il a pris sa revanche, je suis vaincu, il faut me soumettre; je me soumets... Avec les seules ressources de mon génie, par la force de ma volonté, je suis parvenu à en imposer à l'Europe entière"

Le Prince Stiepan Zannovitch est un imposteur romanesque. Naissance en Albanie vénitienne en 1751. Envieux du beau monde dans lequel il pénètre aux prix d'incroyables ruses. Il finit dans un cachot parisien en 1786 et met fin à ses jours. Il se fait bannir de Venise (comme Casanova), devient l'ami intime du neveu de l'Empereur prusse, ébranle le trône polonais.
Son amour pour la duchesse de Kingston, née Elisabeth Chudley, fut immense et sa vie ressemble à un roman indescriptible, tout comme son œuvre d'ailleurs, composée d'écrits divers en français et en italien et d'une correspondance assez dense.

Dans cette biographie divisée en quatre parties, Roland Mortier suit les traces de Zannovitch, que ce soit sur le plan politique ou littéraire, ce dernier étant particulièrement mis en valeur dans le dernier chapitre.
C'est un destin étonnant qui se dévoile sous nos yeux, celui d'un homme méconnu auquel Mortier consacre une biographie bien écrite et très plaisante. Les détails sont nombreux mais jamais pesants ou ennuyeux; le récit est bien mené et plonge rapidement le lecteur dans le tourment des cours princières et les luttes d'influence. On se plaît à soutenir inconsciemment cet imposteur rongé par l'ambition et la démesure. On suit avec lui toutes les péripéties de sa vie mouvementée, ça se lit comme un roman.