Rapport aux bêtes
de Noëlle Revaz

critiqué par Sahkti, le 11 juin 2005
(Genève - 50 ans)

La note: étoiles

Les difficultés de la communication

Noëlle Revaz suit le fil des pensées et des sentiments de Paul, un paysan assez rustre. La romancière fait parler son héros par des phrases boiteuses, des fautes de syntaxe et un langage proche de l’oralité, révélant les failles et les rudesses du personnage. C’est un parler franc, à la dimension du narrateur.
Paul est un sanguin qui préfère ses bêtes à sa femme. Les bêtes, il les comprend, il les aime. Sa femme, il oublie jusqu’à son nom et ne peut lui adresser la parole qu’en aboyant.
Un jour, un ouvrier portugais débarque à la ferme et tente de décoder les rapports de Paul et de son épouse.
Tout au long de son roman, Noëlle Revaz nous fait aimer Paul avec une certaine tendresse, malgré ses bassesses et sa stupide arrogance.
C’est un roman dense et impressionnant sur l'absence d'amour et les tyrannies conjugales.
Ce texte se prête admirablement bien au théâtre, ensemble de monologues, de dialogues, d'attitudes, de silences et de gestes.
Guy Goffette ne s'est pas trompé lorsqu'il a dit de Noëlle Revaz qu'elle avait "inventé une langue urbaine décalée, un vrai coup de poing dans la gueule du beau langage".
Si le monde paysan représenté par N. Revaz n'est pas tout à fait conforme à la réalité, ce n'est finalement pas très important, car ce qui est essentiel, c'est ce qui se passe dans la tête de ses personnages et leurs manières d'agir, brutales et violentes.