Sang et volupté à Bali
de Vicki Baum

critiqué par Idelette, le 4 juin 2005
( - 61 ans)


La note:  étoiles
La fatalité, la permanence de la vie
Début du 20e siècle, les hollandais cherchent à conquérir Bali. La résistance s'organise. Tout au long de ce roman, inspiré d'un histoire vraie (et arrivée jusqu'à Vicki Baum de manière rocambolesque). L'histoire alterne entre le point de vue des hollandais, pleins de morgue et incompréhension pour ces "bons sauvages" et en parallèle, 2 amis balinais, l'un, plus frustre soucieux de ménager la tradition, agissant selon la coutume et sa volonté et l'autre, plus réfléchi ayant plus de recul, refusant la fatalité de la vie. Le roman court sur une génération, les mentalités des premiers restent fermées, celles des seconds se teintent de fierté et de dignité lorsqu'ils se révoltent.

A partir d'une histoire vraie, Vicki Baum a construit un roman atemporel, on voit le poids des traditions, des coutumes et du mysticisme régir le quotidien puis les balinais évoluer. L'un devenant plus indépendant de sa famille, l'autre plus enfoncé dans la tradition, réalisant que désirer la beauté et la jeunesse n'est pas synonyme de bonheur... Cette compréhension du monde acquise au contact des autres en les voyant vivre, les plonge plus encore dans leurs racines. Les balinais se soulèvent selon leurs codes et leur façon de vivre, c'est voué à l'échec mais ils continueront de vivre ainsi. Les hollandais triomphent par la puissance de leur feu, ils s'emparent d'un bien mais de son âme...

Roman ample avec une belle écriture, un peu vieillotte parfois (livre écrit en 1936) mais poétique. Les portraits sonnent juste.
Une belle introduction à Bali 10 étoiles

J'ai lu ce roman au cours d'un voyage d'un mois à Bali et, contrairement à Mieke Maaike, je trouve qu'il constitue un excellent accompagnement à un séjour là-bas. Il est vrai que Bali reste une région hindouiste dans une Indonésie en majorité musulmane et que cette île maintient au travers du temps des traditions originales. J'ai trouvé des résonances étonnantes entre le récit de Vicki Baum, qui date de 1936 et relate des faits du début du 20° siècle, et ce que l'on peut voir encore dans le pays.
Comme, d'autre part, il s'agit d'un très bon roman, bien conduit, bien écrit, truffé de descriptions de fêtes, de cérémonies, de comportements sociaux, cette lecture est d'un puissant intérêt. Certes, il trahit parfois son âge, mais cela n'a pas grande importance tant il reste vivant et, parfois, très actuel. Par contre je trouve le titre français "Sang et volupté à Bali", une mauvaise traduction racoleuse du titre allemand original "Liebe und tod auf Bali", repris exactement dans la version anglaise "Love and death in Bali".

Falgo - Lentilly - 85 ans - 26 juin 2012


Bien en-deça de mes émotions 7 étoiles

Je suis allée à Bali. Pour le sang peut-être. Pour une bataille en vue d'un improbable accord sur le climat. Un enchaînement de nuits sans sommeil, de la sueur, une émotion intense, une victoire. Mais beaucoup de larmes. Les larmes d'Yvo de Boer, le secrétaire général de la convention, un Hollandais, encore. Un Hollandais qui craque et s'effondre aux côtés du ministre indonésien, tout un symbole dans cette ancienne colonie batave. Des larmes, mais pas de sang.

Je suis retournée à Bali. Pour la volupté. Pour les lucioles des rizières au crépuscule, les exhalaisons de girofle, d'escence ou d'encens. Pour la voûte étoilée submergant l'océan rugissant et la jungle enchevêtrée. Pour son corps surtout. Son corps sculpté sur les draps déjà froissés, sa peau de braises sous la blancheur d'une moustiquaire, ses muscles indomptables et ses lèvres sucrées à l'humidité mordante.

Alors j'ai lu « Sang et volupté à Bali » pour retrouver ces décharges émotionnelles. Mais le roman n'en était malheureusement pas à la hauteur. Il a certes été écrit en 1937 et met en scène la vie quotidienne de la population balinaise au début du vingtième siècle, ce que j'ai ressenti comme assez différent de la vie actuelle dans cette île. Il s'attache à décrire, avec parfois beaucoup de longueurs, l'histoire d'un villageois, Pak, dont la vie est rythmée par ses relations familiales, son travail dans les rizières, ses combats de coq et ses obligations sociales et religieuses. D'autres longs chapitres sont consacrés à la vie dans la cour du jeune prince, les danses à la codification extrêmes, les intrigues liées aux amours illicites et les conflits avec l'occupant hollandais.

La principale originalité de l'oeuvre est peut-être à trouver dans la mise en scène du Poupoutan, ce suicide collectif de plusieurs centaines de balinais en réponse à un attaque armée hollandaise, un fait historique réel qui s'est passé en 1906 et qui a probablement permis de préserver l'île d'un asservissement total à la puissance coloniale.

Une certaine modernité est toutefois présente dans la description du jeune prince dont l'homosexualité est mise en évidence de façon bien plus qu'allusive. Par exemple, il attend « avec une impatience presque douloureuse de voir danser Raka », mais ses courtisans préfèrent croire qu’il a « pris plaisir à la petite danseuse ». Est-ce le résultat d'une recherche sur ce personnage historique ? Ou est-ce l'influence de la liberté sexuelle régnant pendant l'entre-deux guerres dans les grandes villes allemandes dont est originaire l'auteure ? Mais l'évocation de cette homosexualité, néanmoins agréablement surprenante dans un roman grand public en pleine montée du nazisme, ne parvient pas à totalement effacer l'atmosphère de carte postale gentillette qui émane du récit.

L'écriture elle-même, bien que correcte, est dépourvue d'originalité et de poésie, et n'évite pas les écueils des effets de styles faciles.

Mais qu'à cela le tienne, je retournerai à Bali.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 18 mai 2008


fresque balinaise 10 étoiles

Un grand roman d'aventures à l'ancienne, comment quelques individus traversent la période historique de conquête de Bali par les Hollandais en 1906.

Un livre de référence, notamment pour qui revient de vacances là-bas ou s'intéresse à l'histoire et à la civilisation (qui semble n'avoir guère changé depuis un siècle!) de cette merveilleuse île.

Alexm - - 64 ans - 25 septembre 2005