Le musée du silence
de Yôko Ogawa

critiqué par Aliénor, le 2 juin 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Un étrange musée que l'on aimerait visiter
Dans un village apparemment très éloigné du monde, un jeune homme vient d’arriver afin d’accomplir la tâche pour laquelle il a été engagé : créer un musée.
Son employeur est une dame très âgée au caractère bien trempé, qui a entrepris depuis de longues années de récolter des objets appartenant aux défunts du village, et recueillis juste après leur décès.
La mission est longue et ardue, et notre jeune homme va passer beaucoup plus de temps qu’il ne le pensait à la construction du bâtiment d’abord, puis à la classification et à l’exposition des objets.

L’auteur, Yoko Ogawa, a été couronnée de plusieurs prix littéraires mais est pour moi une totale découverte.
Dans un style impeccable, elle nous livre un roman au sujet étrange et à l’atmosphère très particulière. Elle crée un univers qui commence par être attachant, puis devient de plus en plus envoûtant au fil des pages, si bien qu’on ne peut pas le lâcher.
Un roman particulier et étrange de par son atmosphère 7 étoiles

Un roman particulier de par son rythme et son ambiance. Nous ne sommes clairement pas dans le cas d'un page-turner mais là n'est pas le plus important. Ce musée du silence s’apprécie pour son histoire, son rythme et surtout pour son originalité.
J’ai apprécié cette lecture quelque peu étrange qui se savoure petit à petit. Plonger dans ce roman s’apparente à ouvrir une parenthèse, plonger dans un nouvel environnement qui ne nous est pas familier. Découvrir ce petit village japonais, ce fameux manoir dans lequel nous évoluerons essentiellement et les personnages principaux de ce roman fut plaisant et dépaysant. L’originalité de ce roman et surtout son atmosphère valent clairement le coup de tenter ce pari.
Une agréable surprise typique de la littérature japonaise

Sundernono - Nice - 41 ans - 14 octobre 2022


souviens-toi que tu es poussière 8 étoiles

Bien qu’habituellement je répugne à utiliser les superlatifs, cette fois j’ose le dire. Ce livre est un très grand roman. D’abord parce que l’écriture est très belle, fluide, précise, musicale. Ensuite parce voici un univers d’une grande cohérence, étrange, un peu onirique, un peu glauque, mais néanmoins d’une grande élégance et où tout concourt à alimenter le discours de l’auteur. Belles réflexions en effet sur la mémoire, sur la mort, sur le cycle de la vie. Le récit est parfaitement équilibré et documenté. Les éléments viennent s’emboîter entre eux à la perfection. C'est décidément une très grande réussite.

Fanou03 - * - 49 ans - 18 juin 2013


à découvrir 7 étoiles

C'est par ce livre que je me suis initié à la littérature japonaise et dans l'ensemble j'ai été plutôt séduit.
Le style narratif est très aérien, très fluide et la romancière arrive à nous faire adhérer au thème. Outre l'idée même de la constitution du musée, qui est plus qu'originale, l'identification aux personnages se réalise assez facilement. Yôko Ogawa arrive pleinement à faire ressortir la psychologie de chaque protagoniste tout en conservant une certaine distance voire une certaine pudeur.
J'ai été par contre quelque peu déçu par la fin même si elle doit correspondre aux schémas-type de happy-end nippon. Elle ne vous laissera pas indifférent en tout cas.

Seb - - 47 ans - 28 juillet 2011


A la recherche de l’intemporalité 9 étoiles

Engagé par une vieille femme, d’un âge indéterminé mais vraisemblablement très avancé et au caractère acariâtre, le narrateur se retrouve investi d’un travail particulier : créer un musée à partir d’une collection d’objets hétéroclites rassemblés par son employeur. Depuis qu’elle a 11 ans, dès que quelqu’un meurt au village, cette dernière dérobe un objet appartenant au défunt et qui, selon elle, le représente. Maintenant qu’elle est vieille et que son corps ne lui permet plus d’accomplir sa mission de façon satisfaisante, le jeune homme devra prendre la relève. Mais son rôle ne s’arrête pas là, il devra aussi répertorier tous les objets recueillis jusqu’ici et faire des anciennes écuries un musée digne de ce nom, « Le musée du silence » … Aidé de la fille adoptive de la vieille dame, du jardinier et de la femme de ménage, il se met à la tâche. D’abord déboussolé, il se prend vite d’amitié pour toutes ces personnes.

Yoko Ogawa nous plonge dans un monde étrange, comme seuls les écrivains japonais savent le faire. Pourtant, on ne peut pas dire que ce roman nous décrive la société nippone, tant il est intemporel. En effet, tant l’époque que le lieu sont indéterminés et pourraient être n’importe où, n’importe quand. A cela s’ajoute le fait que les personnages sont complètement dépersonnalisés. Aucun n’est nommé autrement que par sa fonction : le narrateur, la vieille femme, la jeune fille, le jardinier ou la femme de ménage. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère qui se dégage de ce récit. Au début, malgré le sujet un peu glauque, on a l’impression de lire un roman assez léger mais rapidement on sent qu’un mystère plane sur le village, ou du moins sur le manoir où vivent les protagonistes. Ce sentiment est renforcé par les meurtres qui commencent à se succèder.

Plus je lis des romans japonais, plus j’accroche à cette littérature, à l’atmosphère ambiante et à la manière d’aborder les thèmes de la mort et de la vie en général qui lui est tout à fait propre. Dans ce livre, la romancière met en scène le travail de la mémoire, au travers des reliques que la vieille dame conserve de chaque habitant. Une sorte d’intemporalité qui naît au travers des objets les plus représentatifs de chacun.

C’est le premier livre de Yoko Ogawa que je lis mais ce ne sera certainement pas le dernier. Bien que je pense que ce roman soit assez atypique dans son œuvre. En effet, c’est, je crois, le seul à mettre un personnage masculin en scène et un des moins glauques. Son écriture est fluide et se lit d’une traite. Bien que certains événements soient assez prévisibles, cela ne gâche en rien la lecture. L’originalité du sujet et des personnages pallie cette faiblesse. De plus, la fin reste assez surprenante et déroutante, surtout pour un esprit européen. J’ai une grande envie de poursuivre la découverte de l’univers littéraire de cette romancière.

Féline - Binche - 46 ans - 7 juin 2008