Le vagabond des étoiles
de Jack London

critiqué par Déhellair, le 2 juin 2005
( - 39 ans)


La note: étoiles
L'indigne réalité pousse au paranormal
Le vagabond des étoiles dénonce en premier lieu l'infâme condition pénitentiaire aux Etats-Unis au début du vingtième siècle.
La torture gratuite, le zèle dans la violence de la part des gardiens. Le paroxysme de l'horreur, de la cruauté est atteint par la mise en camisole de prisonniers des jours durant, et cela dans l'obscurité. D'autant que le personnage principal Darell Standing est atrocement puni du fait de l'invention mensongère d'un des codétenus. Ce dernier a affirmé aux autorités du pénitencier que Standing cache de la dynamite au sein de la prison. De longues séances de tortures, coups, se répètent pour que Standing avoue ce qui n'existe pas.
Dès lors face à la souffrance insupportable et les jours de camisole de plus en plus nombreux, Standing va, sur les conseils d'un voisin de cellule, laisser périr son corps pour libérer son esprit qui peut ainsi vagabonder en d'autres temps, en d'autres lieux, en d'autres personnes. Standing croit fermement en la supériorité de l'esprit sur le corps, qui, lui, n'est que matière. L'esprit, flamme immortelle, voyage à travers les temps et s'insère, une fois son dernier domicile humain éteint, en un autre, un nouveau qu'il soit enfant, vieillard, européen, américain, homme, femme... Ainsi les existences se succèdent et Standing replonge dans les siennes, antérieures à celle qui l'a amené à pourrir dans ces cachots. Il les revit et s'évade par l'esprit.
"L'esprit est la seule réalité", le reste est illusion la souffrance de son corps, il peut par l'esprit y échapper.
Superbe livre, roman. London est tu, mais cet écrivain engagé maîtrise selon moi excellemment l'écriture. Il lui donne la force de conviction. Cette histoire de réincarnation frappe et interroge nos âmes rationnelles, l'esprit ne meurt pas. La société peut à dessein ou gratuitement nous supprimer, il faut qu'elle sache que notre esprit, lui subsistera et s'incarnera en un autre être humain.