Tout le monde fait l'amour
de Pascale Clark

critiqué par Sahkti, le 29 mai 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Accident de lecture
Clara, l'héroïne, n'arrive pas à embrasser un garçon. Elle a peur des hommes et plus encore des réactions de son propre corps. Alors elle regarde ses deux copines... Gertrude, physiquement peu gâtée, rêve de l'Amour avec un grand A mais se trompe complètement quand elle croit le trouver.
Et Maud, la fatale, qui collectionne les aventures pour cacher une blessure profonde. Sublime blessée de la vie.

Dans cet ouvrage maniant écriture au vitriol et couleur guimauve, Pascale Clark balance quelques vérités cinglantes sur l'amour et sur cet animal étrange qu'est l'homme. Emotions, rires et larmes sont au rendez-vous, mais voilà, le sujet m'a peu touchée. Assez vite agacée par ces femmes qui se lamentent, par ces gens qui se créent des problèmes plus gros qu'eux alors que le monde a vite fait de vous en offrir des vrais, des soucis. Envie de les secouer et de leur demander d'arrêter de contempler leur nombril, de passer à autre chose, de prendre en compte la vie qui continue à s'écouler, avec ou sans eux.
Médiocre littérature hormonale 4 étoiles

« Tout le monde fait l'amour ». Même Maud, même trop. Même Gertrude, même mal. Même pas, comme Clara qui se demande comment font les autres. Ainsi résumée, on comprendra que l'intrigue tienne sur un seul timbre-poste. Trois jeunes femmes d'un milieu qu'on imagine aisé, bobo, et branché « Marais » ont trois approches différentes de la sexualité. Maud, la plus jolie, collectionne les amants avec une sorte de boulimie qui ressemble terriblement à de la nymphomanie. Gertrude, moins gâtée par la nature, tombe éperdument amoureuse d'un homosexuel et qui se retrouve enceinte et Clara, l'intello mal baisée, en dépit d'efforts aussi méritoires que dérisoires, ne parvient jamais à conclure. Trois personnages que l'on jurerait tirés de feuilletons télé style « Sex and the city » ou « Plus belle la vie »... De la chick-lit de série Z ! Le lecteur peine à s'intéresser à ces trois péronnelles travaillées par une sexualité virant à l'obsession. Si une enfance de « grosse » traumatisée par une première expérience particulièrement cruelle excuse le comportement de Maud, si la sottise crasse de Gertrude peut se comprendre, il n'en est pas de même du comportement de Clara, évident avatar de l'auteur. Son personnage reste agaçant, égoïste, nombriliste et lassant avec toutes ses interrogations, ses ricanements et sa vision aigrie du monde en général et des hommes en particulier. Elle semble avoir une si haute idée de sa valeur que personne n'est digne d'obtenir ses faveurs alors qu'elle ne cesse de se déclarer prête à céder au premier venu !
Avec un aussi maigre sujet et des personnages aussi navrants, une habile écrivaine aurait encore pu faire autre chose que cette médiocre littérature hormonale. L'ennui, c'est que Melle Clark n'est ni Millet ni Angot (elle n'en a pas la sensualité), ni Despentes ni Pancol ni Constantine (elle n'en a pas l'humour léger, décapant ou décoiffant). Tout juste l'aigre ironie grinçante et le ricanement agaçant. On ne lui déniera pas un joli brin de plume avec son style très « djeun », très parlé, pseudo-moderne, fait de très courtes phrases, de jeux de mots faciles et surtout de longs dialogues sur des sujets placés presque toujours bien au-dessous de la ceinture. Mais sans doute faut-il être indulgent pour un premier roman anodin, et sans doute publié pour surfer sur la célébrité de cette journaliste de radio et télé. Les deux autres opus qu'elle a commis ensuite sont peut-être plus réussis. A voir.

CC.RIDER - - 66 ans - 14 décembre 2012