Blankets, manteau de neige
de Craig Thompson

critiqué par Marinette, le 24 mai 2005
(laon - 44 ans)


La note:  étoiles
Blankets
Craig Thompson est né dans le Michigan. Son 1er livre "Adieu Chunky Rice" lui a valu en 1999 le Harvey Award du meilleur espoir. Son oeuvre la plus connue est à l'heure actuelle le roman autobiographique de 600 pages, Blankets, qui remporta aux Etats Unis 3 Harvey Award, deux Eisner Award...

Blankets: Est un roman graphique et autobiographique qui évoque les différents souvenirs de l'enfance à l'adolescence de Craig Thompson. C'est un roman à la fois d'amour et de réflexion sur la foi et son contraire.
Craig grandit dans une ferme idyllique dans les bois du Wisconsin. Face à l'oppression de ses camarades de classe violents et racistes, et à une éducation ultra catholique, Craig se réfugie dans le dessin dont s'efforcent de le détourner ses éducateurs. Il nous décrit avec autant d'humour que de délicatesse ses premiers émois amoureux...

Ce que j'en ai pensé: C'est un livre magnifique, émouvant, attendrissant. On ne peut s'empêcher de repenser à nos propres souvenirs. Le livre fini, il nous habite encore et nous laisse à nos propres réflexions. Tout cela se mêle bien sûr à un graphisme magnifique, tout en douceur, tout en courbe...
Je ne peux que le recommander
Love-Story à ploucland® 4 étoiles

Plutôt mal torché - le dessin est rapide, anguleux, presque fiévreux, ainsi qu'assez brouillon sur les bords, ce récit qui peut donner mal à la tête est aussi formidablement bobo. Si certains passages comme la scène des repas, ou celui du léger chahut des deux sales gamins plus ou moins mal-traités et aussi s'ennuyant chez eux (puis la mère scandaleusement outrée par tant de méchanceté gratuite...) ou alors ceux consacrés à ces vacances au Church Camp expriment bien un aspect totalement coupé des réalités dû à la religion, U.S., et d'autre part typiquement actuel, les autres ne suivent que très peu cette voie pourtant crucial. Il est sûr que le veau d'or a de l'avenir devant lui.

"Je passe mon temps à me raconter des histoires à dormir debout", se dit honnêtement Craig Thompson à lui-même vers l'acte III. Peut-être mais cela dit il ferait mieux de creuser davantage sa créativité plutôt que de copier des pâles resucées et tableaux de carte de voeux de X-Mas provenues de chez Macy's; l'art ce n'est pas être mormon et moraliste à tout crin.

On veut donc bien croire ces planches introspectives du début qui expriment le fait que Craig ne veuille pas perdre son âme en suivant une voie conforme, quand il raconte qu'il fait soit trop chaud soit trop froid, ou bien la véracité de certaines séquences comme par exemple l'ironique extrait à propos du haschich (cette drogue des "rebelles") avec les gentils freaks et les méchants straights à la vision du monde juste un tant soit peu manichéenne, ou alors ces autres consacrées à ce baby sitter chauve tellement moche, mais d'un autre coté le pathos omniprésent donne la nausée, enfin le fait que le héros du récit soit dégingandé, parfois maladroit, sans trop de relief sinon plutôt convenu, tout cela ne fait qu'ajouter au manque de sens de tout, on a de plus sans arrêt droit à des cases qui contente sa relation avec sa girl-friend tout comme leurs roulages de patins successifs, c'est d'un fade et avant tout déja vu partout ailleurs: Le coté religieux des derniers volets n'en est donc que encore davantage ridicule, il est évident que certains n'y verront à l'inverse que l'aveu d'un formidable égoisme.

Hormis donc un début racontant l'enfance du protagoniste et ses mésaventures jusqu'à la naissance de l'histoire d'amour qui n'est certes pas entièrement dénué d'intérêt, les propos sont niais et formels, essentiellement dignes de tous les déja vieux déja tristes du monde (Robert Crumb n'a qu'à bien se tenir) de plus doublés des pires clichés genre l'amour c'est beau. Ah bon, et alors ? Il y a même de toute façon la scène ou l'on défend le petit mongolien dans sa salle de sport (en fait un pro du basket qui souhaite faire carrière.) Enfin je trouve qu'il y a beaucoup de blancs pour un roman graphique actuel. Vraiment pénible, c'est non.

Antihuman - Paris - 41 ans - 28 octobre 2012


Toute la quintessence du roman graphique 10 étoiles

Dans ce superbe roman graphique – un pavé de près de 600 pages ! - plein de poésie, véritable parcours introspectif accompagné de flashbacks sur son enfance, Craig Thompson nous raconte comment une amourette adolescente va avoir une énorme répercussion sur le cours de sa vie que son entourage voulait croire toute tracée… « Blankets » signifie « couverture » en français, et comme le titre du roman l’indique, il y est beaucoup question de couvertures… la région du Midwest semble en permanence sous une « couverture » de neige, accompagnée d’un froid glacial qui pousse à hiberner sous la couette… mais le terme revêt aussi un autre sens, car la couverture qui sert à se protéger peut être aussi morale, elle est celle qui permet de passer inaperçu, de ne pas se faire remarquer, de se fondre dans la masse afin de ne pas être jugé… et c’est bien de cela dont il est question ici : faut-il se satisfaire de ses croyances qui rassurent tout autant qu’elles emprisonnent et sacrifier sa liberté ?

J’ai trouvé à cet ouvrage une grande qualité graphique, où le trait noir et blanc est d’une grande finesse, alternant le minimalisme « cartoon » lié à l’enfance et les courbes sensuelles et gracieuses lorsque l’auteur évoque son amour d’adolescence. Quant à l’histoire, elle bénéficie d’une grande fluidité et n’est jamais plombée par son sujet, qui pourtant pourrait vite dévier vers l’auto-apitoiement ou une sensiblerie un peu gnangnan… L’auteur se contente de produire un récit lucide et sensible, sans concession, sans aigreur ni colère, avec juste une touche d’ironie et des images fortes, où il explique comment [SPOILER] à la suite d’une désillusion amoureuse [fin du SPOILER], il s’est détaché de la religion malgré la pression familiale et sociale.

Je termine par cet extrait – terrible - où Craig Thompson évoque ses parents lors d’une promenade avec son frère :

« Je ne crois pas que je serai capable de dire [à mes] parents que je ne suis plus chrétien (…) ils continueront de m’aimer et de prier pour moi… et pendant ce temps, moi, je leur arracherai minutieusement le cœur. Je les imagine sur leur lit de mort, uniquement préoccupé par le salut de leurs enfants. Après n’avoir demandé toute leur vie qu’une seule chose, la certitude que leur famille sera réunie au Ciel. Je ne peux pas les priver de ça. Mais je ne peux pas non plus nier mon manque de foi. Je crois toujours en Dieu, à la parole de Jésus aussi, mais le reste du christianisme, cette Bible, ces églises, ce dogme… seulement dressés pour séparer les peuples et les cultures, c’est comme nier la beauté d’être un humain, et ignorer tous ces espaces qui ont besoin d’être rempli par l’individuel. »

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 29 septembre 2012


Le chef d'oeuvre du roman graphique 10 étoiles

La lecture de cette oeuvre m'a, il y a trois ans, tout simplement bouleversé. Une telle puissance d'évocation autobiographique, qui plus est via le dessin (superbe), est tout simplement unique et prodigieuse.

Comment peut-on traduire d'une manière aussi sincère, habitée, complète, ce qu'est la vie, tout simplement ? C'est (et cela doit rester) un mystère, un petit miracle . Qui résonne profondément au fond de soi, avec ses propres souvenirs...

Merci beaucoup pour ce chef-d'oeuvre, qui justifie à lui seul l'avènement et le développement ces dernières années des romans graphiques.

Chrisland - - 64 ans - 4 novembre 2011


Souvenirs , que me veux tu.... 8 étoiles

Dans un style graphique assez proche de celui de Frederick Peeters, Graig Thompson nous offre ses souvenirs de jeunesse et d'adolescence. Souvenirs marqués par le poids du puritanisme américain, par le lycée mais surtout souvenirs bercés par les histoires d'amours ou plutôt par sa grande histoire d'amour, Raina. Ce récit autobiographique est magnifiquement mis en page, et les scènes oniriques sont illustrées de façon magistrale. J'ai trouvé les dernières pages (chapitre intitulé"note de bas de page") bouleversantes . Il s'agit là d'un livre incontournable que tout bédéphile doit avoir lu. Tous les thèmes sont abordés : amours, illusions, religion, désillusions , famille... et voire le mythe de la grotte de Socrate. La magie de ce livre de 600 pages est aussi de nous remémorer nos propres souvenirs. Conseil de lecture : installez-vous confortablement dans un fauteuil et éteignez téléviseurs, portables, et autres parasites pour apprécier à sa juste valeur ce chef- d'oeuvre. A la fin , faites une pause et souvenez-vous....

Hervé28 - Chartres - 55 ans - 6 septembre 2011


Déçue... 4 étoiles

Je viens de terminer Blankets et en fait je n'ai pas adhéré. Je reconnais que la qualité du graphisme est tout à fait impressionnante, il y a en plusieurs endroits une grande poésie et beaucoup d'originalité, mais le ton général m'a mise mal à l'aise et je n'ai que très peu apprécié l'univers de Craig Thompson.
ça ne se commande pas !

Cuné - - 57 ans - 15 juin 2005


C'est un grand moment de lecture... 10 étoiles

Oui, ce livre est réellement magnifique. Mais, juste une petite remarque, il semblerait que ce ne soit pas une religion catholique ultra mais un mouvement sectaire protestant. C'est du moins ce qu'il nous a expliqué quand nous l'avons rencontré.
Lorsque Craig est venu en France pour la première fois, c'était il y a un an, il a commencé sa tournée à Lyon. Nous y étions avec mon épouse et nous avons passé avec lui l'espace d'un repas. Il était tout timide et tremblant devant ces journalistes bédé qui voulaient tout savoir... alors que dans son pays personne ne s'était intéressé à son livre… Il faut aussi préciser que même ses parents ont refusé le livre au départ… maintenant les choses se sont améliorées…
Craig est revenu en France en janvier dernier et il était au festival d’Angoulême. Il vient de sortir un nouvel album où il raconte cette grande tournée en France, puis en Espagne et au Maroc… C’est très différent de Blankets, mais ça se lit très facilement et c’est aussi touchant : Un américain en balade.

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 24 mai 2005