Une épouse presque parfaite !
de Laurie Colwin

critiqué par Nirvana, le 21 mai 2005
(Bruxelles - 52 ans)


La note:  étoiles
...dans une famille tout sauf parfaite
Son mari perpétuellement pris par son travail, sa vie rythmée par les réunions et déjeuners familiaux, ou par les occupations de ses deux enfants, Polly a su se ménager un sas de décompression avec un travail à mi-temps, même s'il n'est pas pris au sérieux par son entourage.
Dans cette vie déja bien remplie, elle se débat pour répondre toujours présente aux désirs de sa famille,et aux convenances imposée par son milieu social.
Lors d'un vernissage, elle rencontre un jeune peintre, libre et avide de solitude. C'est le coup de foudre, il devient son amant.
Mais ce n'est pas une banale histoire d'adultère, les sentiments sont là, et Polly doit lutter avec ses remords, elle se découvre autre que telle que les autres la voient, et cela l'effraie, elle qui projetait l'image d'une épouse, mère, et fille parfaite.
Elle se découvre d'autres envies, veut se libérer du carcan d'obligations qui lui sont imposées, même si on la culpabilise dès qu'elle ne répond plus favorablement aux demandes.De plus, elle découvre que malgré la pression dont l'entoure sa famille elle est finalement très seule, son rôle s'étant finalement limité à satifaire les attentes des autres sans se soucier d'elle-même.
C'est une belle étude psychologique, très bien écrite, qui est impossible à lâcher, et qui fait souvent la part belle à la réflexion. L'auteur ne prend pas parti, elle nous relate bien les tourments et la douleur qui habitent Polly, dans un style finement caustique, et toujours juste. Elle se moque même parfois gentillement de son héroïne, dans sa condition de jeune femme si protégée par son milieu social, et de sa naïveté, comme dans ce petit extrait (p.227/228):

"Au supermarché, Polly se sermonna. Les gens qui faisaient leurs courses le dimanche étaient des gens qui avaient laissé la situation leur échapper, qui ne faisaient pas attention aux détails, qui se laissaient dériver. Il y avaient réellement des gens qui achetaient leurs légumes au supermarché- Polly ne croyait pas que l'on pût trouver quelque chose de vraiment frais dans un supermarché.Il y avait des gens qui ne prévoyaient pas le nombre de repas à préparer ou le nombre de personnes à table, qui n'étaient pas assez généreux, économes ou sûrs d'eux pour acheter le superflu. Faire les courses au supermachés indiquait que la maison était mal tenue. Comment ces gens pouvaient-ils reconnaître ainsi publiquement leurs fautes?
Seule une chose vraiment terrible, comme un décès ou une liaison, devrait empêcher quelqu'un de bien faire. Polly regarda autour d'elle. Tous ces gens avec un Caddie plein avaient-ils une liaison?"