Une Île et d'autres îles, poèmes gaéliques du XXe siècle
de Collectif

critiqué par Eireann 32, le 17 mai 2005
(Lorient - 77 ans)


La note:  étoiles
La littérature ignorée.
« L’Irlande à deux littératures, celle que l’Europe connaît et celle que l’Europe ignore » disait Marie-Louise Sjoestedt dans «Essai sur une littérature nationale». La littérature de langue anglaise et la littérature gaélique. Cet ouvrage rend hommage à la poésie gaélique à travers six auteurs, quatre hommes et deux femmes. Le gaélique, n’est pas la langue maternelle de tous, mais tous l’ont défendue avec acharnement, certains en sont morts. On peut regretter certaines absences (Nuala Ni Dhomhnaill, Michel Hartnett et Cathal O’Searcaigh) mais on ne peut que remercier les éditions Calligrammes de Quimper pour ce recueil.
Mairtin O’ Direàin est un homme des îles d’Aran, sa prose s’en ressent dans Aran 1947
-Cette île étroite et ravagée
est désormais hostile à la jeunesse.
ou dans « Déraciné »
-On se souviendra de nous :
Il restera un amas de dossiers
Sous une couche de poussière »
Mais il est très lucide dans « Nos Héros »
-Et qui récupérèrent
La victoire et le profit »
Padraig Mac Piarais est plus connu sous son nom anglicisé Patrick Pearce. Il offre une version prémonitoire de son destin dans «Je vous ai vue toute nue»
- J’ai fixé mon regard
Sur la route qui m’attend,
Vers ce haut fait que j’aperçois,
Et vers la mort que je trouverai.
Eoghan O’Tuairisc est un homme dépressif vivant en reclus après la mort de sa première femme, il nous offre le sombre poème «La messe des morts, morts à Hiroshima, le 6 août 1945 »
Sean O’Riordan est un écrivain de Cork, le gaélique est sa langue maternelle.
« Répit »
-Dans une langue que je n’ai jamais entendue
parler dans ce pays étranger
Où j’habite en solitaire.
Les femmes viennent nous parler de l’amour et de la vie : Maire Mhac an tSaoi dans «Les couplets de Màire Ni Ogain »
-Nous coucher pour le plaisir
Nous lever pour le bonheur.
Catlin Maude, morte à 41 ans, était très engagée politiquement. Elle est également l’auteur d’une élégie pour la mort de Bobby Sands.
«O Dieu »
-J’aborde chaque jour les questions rebelles
(Corps, cœur, esprit)
La tentation me dit
« Il ne faut pas »
Dualité de la langue, de la pensée, mais reste l’universalité des thèmes.