José Costa est un anti-héros. Son existence est ennuyeuse. Son entourage est formé d’une épouse vedette de la télévision, donc distante, d’un fils obèse, Joaquinzinho, auquel il a du mal à s’intéresser, d’un ami et associé, Alvaro de l’Agence Culturelle Cunha & Costa, qui ne pense qu’au business. Nègre, il doit œuvrer secrètement. Il produit des articles,des discours, des autobiographies…Personne ne sait qu’il écrit divinement bien. Le vrai sujet du roman est l’apprentissage d’une langue et donc les processus d’identification culturelle qui en résultent. C’est aussi un roman sur l’amour et la fidélité entre pays d’origine et terre d’occasion. Sur le corps et ses images dans d’autres cultures. Sur les processus de création culturelle et notamment en littérature puisque le personnage principal est écrivain anonyme. Ce voyage sera émaillé de rencontres inattendues, de réflexions sur bien des thèmes et particulièrement sur la littérature d’emprunt. La Budapest de Buarque est complètement imaginaire. Elle est plus un contre-modèle exotique de Rio de Janeiro qu'une ville d'Europe centrale. S'il a consulté cartes et dictionnaires, il ne faut pas chercher de description réaliste de la capitale hongroise dans ce roman. D'ailleurs, pour qui connaît ne serait-ce qu'un minimum la ville, il y a beaucoup d’incohérences géographiques et orthographiques. Ce n’est pas un livre en décors naturels. Budapest n’existe ici que comme anti-thèse. Des nuits de Rio ne nous parviennent que des ambiances tardives d’appartements éclairés au téléviseur. Aucun folklore. Le dénouement - attendu mais bien mené - du roman voit une dernière fois se brouiller les cartes de ce jeu décidément captivant par sa dimension récréative et appelant à la réflexion. José Costa revient à Budapest où il est devenu un écrivain célèbre pour avoir écrit un ouvrage…qu’il n’a pas écrit !
Bachy - - 61 ans - 16 septembre 2005 |