C’est le roman d’un amour pur submergé par la boue et la fange de la dictature d’un pays d’Amérique latine qui pourrait être le Chili ou n’importe quel autre pays vivant sous le régime de l’arbitraire, de la brutalité et de la férocité. C’est un récit qui coule comme un grand fleuve d’Amérique latine charriant le verbe en un flot lourd et bouillonnant où l’épopée le dispute à l’emphase, où les portraits les plus affûtés se heurtent aux truismes, aux clichés, aux incohérences, où les affluents abondent pour gonfler le flot limoneux de leur courant torrentueux ou de leur cours le plus paisible. Un déferlement de mots qui emporte tout sur son passage pour ne laisser que l’impression d’une agitation désordonnée et de sentiments exacerbés par l’urgence de vivre une vie qui devient de plus en plus hypothétique.
Isabel Allende a voulu dénoncer ces gouvernements totalitaires qui étouffaient nombre de pays d’Amérique latine lorsqu’elle a rédigé son manuscrit mais l’impétuosité de son roman ne lui donne ni la force, ni la conviction des œuvres d’un Quiroga, d’un Amado, d’un Donoso, d’un Asturias, d’un Arenas et de bien d’autres qui ont dénoncé la dictature et l’oppression avec moins de verbes et plus de talent.
Débézed - Besançon - 77 ans - 16 juin 2008 |