L'interprète des maladies
de Jhumpa Lahiri

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 9 mai 2005
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Un pont entre deux cultures
Il est rare que les recueils de nouvelles décrochent des prix littéraires. Sachant que celui-ci avait remporté le prestigieux Pulitzer et qu’il s’agissait d’un énorme succès, mes attentes étaient élevées.

Lahiri raconte dans ses neuf textes la différence des cultures à travers des immigrants de l’Inde installés aux États-Unis. Les sujets abordés sont plutôt simples. La nouvelle titre aborde le travail d’un homme qui doit traduire et faire comprendre les diagnostics d’un médecin. Les autres parlent des répercussions émotionnelles d’une fausse couche, d’une femme dont les problèmes de santé ne peuvent être résolus que par un mari, d’un jeune homme qui fait sa vie au Massachusetts.

Dans tous les cas, ces petits récits m’ont paru banals. La prose de Lahiri est touchante et elle possède un certain talent pour décrire le quotidien de ses personnages mais l’intensité dramatique est quasi inexistante. Aussi, on apprend peu de la culture indienne outre ce que l’on sait déjà.

Dans le même style de livres où l’auteur invoque l’attachement aux racines, il y’a mieux.
La route des Indes 8 étoiles

Ce recueil de 9 nouvelles est une suite d'allers retours entre les Etats-Unis et l'Inde moderne.
Dans des histoires simples, chroniques du quotidien, se côtoient des indiens émigrés, des américains et des indiens du pays qui sont confrontés aux contradictions de leurs existences respectives. L'immigration bengalie, le mal du pays, le choc des cultures, les difficultés du couple, le malaise diffus qui empêche l'accès au bonheur sont déclinés avec tact et finesse.

L'auteure, Jhumpa Lahiri, émigrée indienne de la deuxième génération née en 1967, est l'archétype de la réussite à l'américaine (grandes universités, prix Pulitzer en 2000 pour son premier livre à 32 ans...).
Le style de son écriture est plaisant, sobre et classique, et peut-être à mon goût trop sage. On a parfois l'impression d'un manque de chaleur, de folie.
Mais « L'interprète des maladies », première oeuvre teintée d'exotisme d'une jeune écrivaine talentueuse est vraiment d'une lecture agréable.
A découvrir.

Poignant - Poitiers - 58 ans - 6 août 2012