Lourdes
de Émile Zola

critiqué par Réaliste-romantique, le 5 mai 2005
( - - ans)


La note:  étoiles
Toujours pertinent
Lors d'un premier voyage à Lourdes, Zola est fasciné par la dévotion et le mysticisme de la foule qui envahit cette ville avec l'espoir d'un miracle. Il décide de coucher cela dans un livre. En 1892, il entreprend un voyage d'étude à Lourdes pour, fidèle à sa technique, tout voir et tout comprendre avant de se mettre à la rédaction de son oeuvre. Il se promène partout, visite tout, de la maison d'enfance de Bernadette (celle qui a vu les apparitions de la Vierge) aux hôpitaux des malades en attente de guérisons miraculeuses en passant par le bureau des constatations (des miracles). De plus, Zola accompagne le pèlerinage national, c'est-à-dire le plus important pèlerinage annuel. Il assiste à des mouvements de dévotion, de piété naïve, de transe mais aussi de vile commercialisation de la religion et de simonie. Il a d'abord publié ses observations sous la forme d'un récit de voyage pour un journal, mais il a ensuite intégré cette information à plusieurs intrigues romanesques pour former Lourdes. Zola a publié ce livre en 1894, après la fin de la série des Rougon-Macquart. Il était alors heureux d'en avoir enfin fini avec cette longue série contraignante.

Lourdes raconte l'histoire de l'abbé Pierre qui accompagne une amie de jeunesse, Marie, à Lourdes. L'abbé Pierre est aussi le protagoniste principal des livres Rome et Paris, formant la trilogie des villes de Zola. Les deux personnages sont souffrants : Marie est paralysée depuis un accident de cheval et elle n'a toujours pas eu de règles à 23 ans. Pierre souffre plutôt de l'âme, sa foi est vacillante. Ils prient pour une intervention de la Vierge à Lourdes pour que chacun revienne guéri de ce voyage. Une relation particulière unit les deux personnages, car ils se sont toujours fréquentés. Toutefois, chacun est prisonnier d'une virginité; même adultes ils demeurent les enfants qu'ils étaient. Ce long roman se déroule juste sur cinq jours, soit du départ du train blanc nolisé de Paris jusqu'au retour du même train à Paris, quatre jours plus tard.

L'intrigue de ce livre n'est presqu'une excuse qu'utilise Zola pour dépeindre tout ce qu'il a observé en ce lieu devenu phénomène : Lourdes, ville d'apparitions mystiques, de pèlerinages et de guérisons. Toutefois, le personnage de l'abbé Pierre est le porte-parole de Zola pour défendre ses opinions et montrer son scepticisme. L'abbé, bien que membre de l'Église, porte un regard critique sur la folie religieuse qu'il observe lors de ce voyage.

J'ai beaucoup aimé ce livre. Les différentes intrigues m'ont captivé, je voulais absolument savoir le sort des personnages. De plus, le détail de cette oeuvre de Zola nous permet de vivre ce pèlerinage comme si nous y étions. Je dois néanmoins ajouter que je suis un amateur convaincu de Zola et que j'ai aussi un intérêt pour les sujets religieux (lorsqu'ils sont traités avec une touche de doute). Enfin, un autre point fort de ce roman est l'analyse éclairée que Zola fait de la presque foire qu'est le pèlerinage à Lourdes. Zola croit que les guérisons peuvent être réelles, mais provenir d'un effet psychosomatique plutôt que d'une intervention divine. En fait, il décrit l'effet placebo avant même que le concept soit connu. De plus, il critique les nombreux pèlerins qui recherchent un miracle immédiat et une Église spectacle, alors que la religion enseigne plutôt le contraire. Cette approche de "consommation" de la religion par s'observe fortement aujourd'hui. Enfin, n'échappent pas non plus à la critique de Zola les "marchands du temple" qui, à cette époque, avaient fait un retour à Lourdes, surtout que les membres du clergé ne laissaient pas leur place dans ce jeu. La critique de Zola est toujours pertinente aujourd'hui.

En bref, ma note est de 4,25/5 , mais calculez -1 si vous n'aimez pas le style de Zola et -1 si vous ne vous intéressez pas particulièrement aux sujets religieux.

Le réaliste-romantique
Lourdes 8 étoiles

Précisons d'entrée de jeu que Zola ne croit pas, que les chrétiens sont pitoyables et que, selon lui, le seul salut de l'humanité se trouve dans la raison face aux superstitions.
Voilà c'est dit, parlons de ce livre.

C'est une incessante recherche dans le domaine de la foi qui m'a poussé et un réel intérêt pour la littérature de Zola.
Je n'ai pas été déçu au regard de ces deux exigences.
Zola, en véritable écrivain naturaliste que nous connaissons, a procédé à une véritable enquête très fouillée sur Lourdes. Y séjournant une quinzaine de jours, y rencontrant les principaux acteurs.
Son livre relate un pèlerinage au départ de Paris sur cinq jours.
Le voyage en train, le séjour, les miracles, la dévotion des pèlerins, la vie sociale, commerciale, religieuse y sont disséqués comme sait le faire Zola.
On aime ou pas.
C'est très fouillé, très bien renseigné et évidemment magnifiquement mis en valeur.
Ce qui peut choquer c'est le parti pris de Zola sur la religion et il fait quelques saillies dans lesquelles il se moque des croyants, les ridiculise parfois.
Leur dévotion, leur crédulité, leur espoirs et leur résignation.
Mais il le fait toujours avec une certaine délicatesse.
Il n'est pas agressif envers ces bigots assoiffés d'eau bénite, vénérant la Sainte-Vierge.
Un véritable reportage sur un pèlerinage de son époque, son organisation, ses aléas, ses acteurs.
Bien sûr que la description du voyage en train, des processions, des états d'âme des croyants pourra rebuter le lecteur moderne.
Mais j'ai envie de dire que l'on connaît Zola, on sait à quoi s'attendre avec lui, il n'écrit pas de dépêche pour l'AFP
Pour moi qui essaie de lire un Zola par an ce fut un bon moment de lecture avec ses longueurs et ses joies, la courte biographie de Bernadette qu'il inclut dans le récit est intéressante et donne envie d'en savoir davantage sur cette petite bergère.
Le personnage du prêtre qui va perdre la foi et refouler son amour m'a fait penser à l'Abbé Mouret, il semblerait que ce genre de personnage apporte de l'eau au moulin de Zola quant à son athéisme.
C'est une facilité que l'on peut lui pardonner.
Il est a noter qu'il fait une erreur d'appréciation car il évoque le fait que Lourdes perdra de son intérêt pour les croyants, ce qui est faux, on peut le constater actuellement.
Que le christianisme est terminé et que la nouvelle religion de la raison s'imposera aux Hommes en proposant le bonheur terrestre.
Bref, il s'est trompé.
Donc pas de surprise sur Zola, ceux qui aiment en redemanderont, ceux qui détestent détesteront encore plus.
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié , encore une fois, son style qui nous impose un rythme de lecture anachronique avec nos vies modernes qui vont vite et souvent mal.

Hexagone - - 53 ans - 29 avril 2018


Lourdes 3 étoiles

Un roman / documentaire beaucoup trop long. Même si l'histoire se passe sur 5 journées, l'auteur détaille beaucoup trop les prières et les phrases " Seigneur guérissez-nous!!" deviennent intolérables à la longue.

Quand on n'a pas la foi ce livre n'a aucun intérêt, à part faire perdre du temps.Si, il y a quelques descriptions de la Source, le voyage en train, long et difficile, l'histoire de Bernadette Soubirous, le commerce qui transforme la ville et qui n'a rien de religieux... à part ça rien d'intéressant.

Ravachol - - 41 ans - 7 avril 2012