En toute impunité
de Jacqueline Harpman

critiqué par Clarabel, le 2 mai 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Le bonheur est dans le crime
Sous la coupelle de Barbey d'Aurevilly, le narrateur va confesser une bien étrange histoire dont il a été le dépositaire et l'observateur bien malgré lui ! Une nuit, cet homme tombe en panne de voiture, dans une campagne perdue, où il trouve refuge et dépannage dans une immense propriété, La Diguière, maison grandiose, au cachet important, sauf que le bâtiment est actuellement en plein état de délabrement.
Dans cette demeure, vivent des femmes, de mère en fille. Sauf que "la reine mère" est actuellement "en mission" à Vichy, dans un but matrimonial : trouver un mari aisé pour renflouer les caisses vides de La Diguière.
Le narrateur est spectateur tantôt ébahi, tantôt interloqué ou amusé de cette famille bourgeoise déchue, pour qui la passion d'une propriété fait bouillir le sang à plus de 90 degrés ! Et quand Albertine va rentrer, mariée à un certain Fontanin, les choses vont mal tourner...
Car entre sa première rencontre avec ce lieu éblouissant et sa seconde visite, un an passe. Les choses ont changé, mais les âmes de l'endroit sont fidèles à elles-mêmes, agissant "en toute impunité", soucieuses de préserver un lieu, un droit, un héritage de générations, à quel prix ?!...

Nouveau roman de Jacqueline Harpman, "En toute impunité" se base sur une ambiance noire des romans dont raffolait Barbey d'Aurevilly. Toutefois les personnages au centre de l'intrigue, les filles La Diguière, n'ont de "diaboliques" que la prétention, car leurs penchants avoués à demi-mots se basent sur un fanatisme échevelé et un tantinet abracadabrantesque, qui charme, étonne et agace, tout dans le même panier ! Ce roman a du potentiel mais contient quelques lourdeurs...
De quoi sourire... 5 étoiles

Le livre était à ma portée, je fus tenté... Le style de l'auteure est "facile", à la façon d'un Eluard, tout tourne rond ; la description de Madeleine dans ses oeuvres domestiques m'a fait sourire, et finalement je ne suis pas allé plus loin. Non, je ne suis pas un lecteur de roman(s)...

MOPP - - 87 ans - 24 mai 2005


Aimable divertissement... 6 étoiles

Le narrateur est par hasard accueilli à la Diguière, propriété du 18ème siècle habitée par trois générations de femmes. Le demeure est magnifique, ses occupantes passionnément attachées à elle.
Le voyageur devine pourtant à quel point il faut à Albertine, ses filles et ses petites-filles d'imagination et d'énergie pour maintenir à flot cet immense vaisseau qui prend l'eau de toutes parts.
Lorsque le dernier meuble de valeur quitte la maison pour payer l'impôt foncier, une seule solution vient à l'esprit de ces dames de la Diguière : elles envoient Albertine à Vichy prendre les eaux et y pêcher un riche mari... On n'en dira pas plus, afin de laisser au lecteur le bénéfice d'une certaine surprise.
L'élégance de style de l'auteure est bien présente, mais Jacqueline Harpman la met ici au service d'une histoire aimable certes, mais dans laquelle les personnages semblent esquissés, sans réelle profondeur, alors qu'ils incarnent pourtant une passion pour le moins dévorante. Ils traversent l'histoire avec légèreté, et l'auteure elle-même ne semble pas vraiment les prendre au sérieux. Difficile alors pour le lecteur de se sentir vraiment "dans" l'histoire. Un livre à prendre pour ce qu'il est, un aimable divertissement.

Isaluna - Bruxelles - 67 ans - 18 mai 2005