Le contraire de un
de Erri De Luca

critiqué par Paracelse, le 1 mai 2005
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
"Deux est alliance, fil double qui n'est pas cassé"
Ce livre d’Erri De Luca, écrivain italien contemporain, comporte 18 nouvelles, et démarre par un poème en vers dédié à sa mère, Mamm’Emilia, et indirectement à toutes les mères (« parce qu’être deux commence par elles »). Et ces nouvelles évoquent des thèmes aussi universels que la solitude, l’engagement politique, la foi, la rencontre amoureuse… à travers des histoires faussement banales, et à travers elles, cherchent à mettre en exergue ce qui peut unir les hommes et leur permettre ainsi d’échapper à la solitude. Mais évidemment, la solidarité humaine ne fonctionne pas à tous les coups, parce qu’elle peut aussi se refuser, et on a dans ce livre l’illustration que les hommes savent tout aussi bien s’aimer que se déchirer… « Deux n'est pas le double mais le contraire de un, de sa solitude. Deux est alliance, fil double qui n'est pas cassé. »

Son livre parle donc d’engagement politique (avec des personnages jeunes, vifs, arrogants, porteurs d’utopies intenses et révolutionnaires, parfois maladroites mais toujours sincères, qui les poussaient à vouloir changer de monde…) – de montagne (très belle métaphore qui permet de comprendre que les hommes peuvent être encordés les uns aux autres, à des distances et à des plans différents, tout en restant fondamentalement seuls…) – de rencontre amoureuse (belle « coïncidence » entre un homme et une femme)… Multiples thèmes qui pourtant se rejoignent. Comme Erri de Luca qui est lui-même multiple (ayant été justement lui-même tour à tour révolutionnaire d’extrème-gauche, ouvrier, militant humanitaire, bibliste, écrivain, alpiniste…), mais pourtant, toujours aussi engagé dans ce qu’il fait. Ouvert, mais sans concessions inutiles. Curieux mais avant tout fidèle à ce qu’il a été. Exigeant et sans complaisance envers lui-même.

Ce livre lui ressemble, et frappe par le côté cohérent et structuré qui s’en dégage. Entre le personnel (on devine bien que les nouvelles sont la plupart autobiographiques) et l’universel (elles parlent pourtant à tout le monde !), entre les urgences qui obligent à courir, et les pauses salutaires qui obligent à réfléchir, à ne plus fuir. Le jeu de la vie est personnel mais toujours aussi collectif. Cérébral, mais aussi sensoriel, charnel, sensuel. Fil fragile de la vie qui oblige l’homme à faire face à sa solitude et à choisir, aussi, à être avec l’autre, les autres.

Erri de Luca a une écriture fine, limpide, économe, précise, affûtée. Un style qui correspond parfaitement à l’économie même de la nouvelle, qui aime aller à l’essentiel. Et qui lui permet, en même temps, de mettre en avant, avec des mots simples et d’autant plus percutants, toute la palette des sentiments qui animent les hommes.

En bref, voici un livre courageux et sincère, qui fait œuvre de résistance. Salutaire par les temps actuels.
Écrits personnels 5 étoiles

De courts textes qui sont plutôt des réflexions ou des souvenirs que de la fiction pure. Deux thèmes sont récurrents : les convictions politiques et les filles que l’auteur n’a su conquérir. Joliment poétique, mais sans intérêt.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 10 juillet 2009


18 nouvelles. 5 étoiles

Erri de Luca est un écrivain italien contemporain. Voilà comment on le présente :

« Écrivain italien, ayant participé au mouvement d'extrême gauche Lotta Continua en Italie, il a exercé divers métiers, d'ouvrier spécialisé chez Fiat à manutentionnaire à Catane ou maçon en France et en Afrique.
Lecteur quotidien de la Bible, il est également un alpiniste passionné.»

D’une sensibilité politique affirmée, gauche ou extrême-gauche, voire révolutionnaire, ses nouvelles ont à voir avec la révolte, avec ce qui s’est déroulé en 1968 et autour, à l’excès m’a-t-il semblé. Comme un révolutionnaire qui regretterait le temps passé et qui répète allègrement la même histoire.
Le discours n’est pas vain mais, de par la répétition, ne fonctionne certainement pas comme il l’espèrerait. Il y a beaucoup d’utopie et comme de l’autopersuasion qui m’a empêché de rentrer dans le propos.
L’escalade et la solidarité sont aussi des allégories employés au fil des nouvelles. Pas étonnant puisqu’on a vu que l’alpinisme faisait partie du cursus de Erri de Luca.
Et puis les relations entre les hommes, les hommes et les femmes, le sel de l’existence quoi …
Les nouvelles sont bien écrites, sans nul doute. Se lisent avec plaisir mais, bizarrement, le tout ne m’a que moyennement intéressé.

Tistou - - 68 ans - 27 janvier 2008


le contraire de un 6 étoiles

livre intéressant, mais selon moi , pas aussi clair et limpide que cela , certainement à cause des multiples métaphores dont Erri De Luca fait preuve à travers toutes ces nouvelles.
Peut-être faut-il une certaine prédisposition pour que cela coule de source.
Cependant , j'ai beaucoup apprécié sa description des sens.

Lecktése - - 51 ans - 11 avril 2006