Trois carrés rouges sur fond noir
de Tonino Benacquista

critiqué par Sibylline, le 26 avril 2005
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
Accrocheur !
Benacquista, qui a pratiqué pas mal de petits boulots pour faire chauffer la marmite à l’époque où l’écriture ne lui permettait pas encore de vivre, les a tous réutilisés dans ses romans, ou du moins, si je ne puis être certaine que ce soit le cas de tous, je vois bien que c’est celui de beaucoup. Et déjà, rien que cette réutilisation de qualité me rend l’auteur extrêmement sympathique.
Tout comme il a raconté l’histoire d’un pique-assiette mondain et celle d’un couchettiste sur le «Paris-Venise», il fait aujourd’hui de son personnage principal un «accrocheur de tableau» dans les galeries, et c’est dans le monde de l’art moderne qu’il situe l’action de ce roman.
Les biographies semblent dire qu’il a écrit ces «trois carrés rouges» avant «Les morsures de l’aube», mais celui dont je parle aujourd’hui me semble pourtant être plus abouti, plus maîtrisé que «Les morsures». En tous cas, je l’ai encore mieux aimé et, le lisant d’affilée après un autre auteur de polar sur lequel j’avais peiné plutôt lourdement, j’ai encore mieux vu la différence de qualité de style. C’est que Benacquista est un vrai écrivain et, quand il rédige ces «trois carrés», il maîtrise parfaitement son métier. C’est que encore, «Trois carrés rouges sur fond noir» est un vrai roman. Un roman à part entière qui n’a pas à se limiter au qualificatif de «polar» car il ne fait pas que raconter une intrigue, un mystère, une enquête. Il nous parle aussi de bien d’autres choses qui touchent plus profondément au sens que nous donnons à notre vie C’est ce que font en fait tous les romans de Tonino Benacquista, mais je souligne que là, le sujet étant particulièrement délicat (handicap), il le fait avec une particulière réussite.. Il nous en parle d’une façon simple et vraie qui touche et convainc. Il nous en parle avec intelligence.

Je vous situe l’action : Un jeune homme, le narrateur, mène la double vie d’accrocheur ou d’installateur d’œuvres d’art dans les galeries d’art moderne et de virtuose passionné de billard français. Une agression, survenue alors qu’il assure la permanence dans la galerie d’art où il travaille, fait de lui un handicapé dont tous les espoirs et les projets sont brisés. Fort désireux de comprendre son agression et de retrouver son agresseur, il entreprend des recherches.

Une lecture très vive, un récit sans temps mort et sans faille, une profondeur de point de vue que je conseille vivement à tous les amateurs.
Titre accrocheur qui sonne comme du "Benacquista" 8 étoiles

3ème opus des 4 romans noirs de Benacquista dans lesquels le personnage d'Antoine est repris (après La maldonne des sleepings, les morsures de l'aube et avant la commedia des ratés), j'ai retrouvé le piquant qui fait de l'auteur un des très bons écrivains français contemporains. Cette fois-ci, Antoine est accrocheur de tableaux dans une galerie d'art le jour et joueur de billard amateur la nuit. Il est promis à une belle carrière de joueur de billard quand un incident majeur dans sa vie (le vol d'une oeuvre d'art dans sa galerie) va le contraindre au handicap et à la perte de sa main. A partir de ce moment il va tout faire pour retrouver l'homme coupable de son handicap en se plongeant dans l’Histoire du tableau volé. Il va découvrir que bien plus qu'un tableau, il s'agit de tout un mouvement artistique qui est né puis a disparu en l'espace de quelques mois et qu'un meurtre se cache derrière tout ceci.

Benacquista, comme dans ses autres romains fait preuve d'un humour, d'un sens de la répartie, d'un cynisme à toute épreuve. Ses personnages sont hauts en couleur, tantôt courageux voire téméraires, tantôt fuyants et peureux. Ils peuvent venir en aide à un parfait inconnu comme envoyer promener leurs meilleurs amis. Benacquista aime à perdre un peu le lecteur dans ses dialogues et dans des contextes tous plus abracadabrantesques les uns que les autres.

Il s'agit à n'en pas douter d'un auteur à découvrir ou à redécouvrir car il incarne à lui tout seul un style littéraire à la "Audiard".

Clubber14 - Paris - 44 ans - 18 mars 2013


Sans plus 5 étoiles

Comme Aaro-Benjamin G., j'ai été captivée par le début du bouquin, l'intrigue initiale, le monde de l'art contemporain, etc. Le début est donc assez alléchant.

Mais le récit s'essoufle assez vite, l'ensemble devient, oui, le mot convient, fade. Qui plus est, le coup du mec qui veut se faire justice tout seul passe rarement avec moi, et dans ce roman je trouve que le contexte n'y est pas, donc ce n'est pas passé !

Lu7 - Amiens - 38 ans - 23 août 2010


peut mieux faire! 5 étoiles

Un accrocheur d'art dans un musée et passionné de billard se fait agresser par un voleur de tableau, qui lui coupe par la même occasion la main droite.
Du coup, adieu le billard et le boulot.
Il va poursuivre les recherches pour essayer de retrouver son agresseur tout en essayant de bien digérer son nouvel handicap.
En résumé, rien de transcendant, l'intrigue n'est pas forcément bien ficelée, la chute ne coupe pas une main à un canard!
Bref, je reste vraiment sur ma faim. Benacquista m'avait habitué à mieux.

POOKIES - MONTPELLIER - 47 ans - 1 mars 2008


La main au collet 7 étoiles

J’ai lu ce roman en deux sessions. La première moitié m’a captivé, avec cette manière de construire l’intrigue en gardant un ton bon enfant, mais en tissant habilement les ficelles d’une bonne histoire de tableau volé, de vengeance et d’artistes radicaux. En second partie, c’est moins fort. Les motivations du crime sont triviales, le dénouement fade.

Il y’a beaucoup de choses intéressantes dans ce livre, un regard sur l’art contemporain, une incursion dans les archives des œuvres du gouvernement français et le choc de la vie avec un handicap. Toutefois, rien de trop développé. J’imagine qu’on ne peut pas trop demander au roman noir.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 11 mai 2005