Odile
de Raymond Queneau

critiqué par Réaliste-romantique, le 25 avril 2005
( - - ans)


La note:  étoiles
Heureusement qu'il y a la plume de Queneau
Odile raconte les fréquentations d'un jeune homme, mathématicien amateur, durant l'entre deux-guerre en France. De retour de son service militaire en Afrique du Nord, il fait d'abord la connaissance de "potes" dans un bistrot. Plus tard, Il s'acoquinera avec un groupuscule de jeunes communistes-presque-clandestins-mystiques. Ces rencontres et aventures permettront au héros de forger sa propre identité.

Dans ses oeuvres, Raymond Queneau jongle élégamment avec les mots et la langue. Odile ne fait pas exception, ce roman chante et le texte est rempli de jeux de sonorités. Toutefois, ce livre ne m'a pas accroché. Je crois que la principale raison est la désuétude du sujet. Tout jeune Parisien de cette époque devait vouloir être membre d'un de ces groupes proto-communistes, avec son leader idolâtré, ses tracts et ses réunions clandestines, mais certains aspects en sont aujourd'hui obscurs ou insaisissables. Peut-être que des notes m'auraient permis de mieux apprécier le fond de l'oeuvre?

En bref, je n'ai pas vraiment aimé le fond, mais pour les amateurs, un Queneau demeure toujours un Queneau.
Magnifique !!! 10 étoiles

Ce roman est, comme d'habitude avec les oeuvres de Queneau, d'une grande richesse et d'une grande poésie.

Le thème principal en est l'éveil à la vie, à l'amour et au monde d'un jeune homme replié sur lui-même.

Mais il y a une grande quantité de thèmes secondaires : la mise en dérision du mouvement surréaliste, la passion pour les mathématiques, l'amitié, la vie politique des années folles, la vie de bohème parisienne, la philosophie, ...

Le style de Queneau est encore très poétiques et riche (même s'il est moins humoristique et moins débridé que dans ses romans postérieurs). Une des grandes qualité de Queneau est, à mes yeux, sa concision et la place importante qu'il laisse aux non-dits ce qui permet au lecteur de participer à l'oeuvre d'art et d'en démultiplier l'effet et la portée. Je pense d'ailleurs qu'un même lecteur réagira différemment à chacune de ses lectures d'un roman de Queneau (ce qui est certainement vrai avec beaucoup de grands écrivains mais l'est encore plus avec Queneau).

C'est ce qui explique qu'il est, me semble-t-il, difficile de résumer les romans de Queneau qui doivent être vécus comme des aventures littéraires auxquelles le lecteur participe activement.

Cet auteur me passionne et me fascine en même temps.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 23 avril 2011


Queneau, années 30 10 étoiles

On réduit trop souvent Queneau aux "Exercices de style" ou à "Zazie dans le métro". Dans les années 30, Queneau publiait ses premiers romans, presque tous remarquables, dont "Un rude hiver", "Les enfants du limon", basé sur une encyclopédie des sciences inexactes, et "Odile", aux nombreuses traces autobiographiques.
Il y revient sur ses années de service militaire au Maghreb, sur un superbe voyage en Grèce, sa passion des mathématiques, son goût des bistrots et ses années de bohème parisienne.
Queneau vient d'être exclu du groupe surréaliste et il se livre, dans "Odile", à une mordante satire du groupe, où Breton Aragon ou Eluard apparaissent sous pseudos.
Mais "Odile" est surtout une histoire d'amour romantique, que Queneau traite à sa manière, très décalée et il faudra attendre la fin du roman pour que l'amour se déclare.
Il y a aussi bien sûr la langue de Queneau et ce style parlé, à la fois direct et poétique, qui fait son génie.

Granada - Bruxelles - 59 ans - 19 mai 2008