Portrait de l'artiste en jeune fou / Confessions d'un barjo
de Philip K. Dick

critiqué par JBOX, le 25 avril 2005
(Pessac - 39 ans)


La note:  étoiles
A lire d'urgence !!
Un chef d'oeuvre trop méconnu du maître de la Science Fiction !! Et pour cause, celui-ci n'est pas du tout porté sur ce genre là : Philip K. Dick nous embarque dans l'Amérique rurale des années 50 et nous brosse le portrait de quatre personnages de façon réaliste : Jack Isidore, idiot ne sachant pas faire la différence entre l'imaginaire et le réel; sa soeur Fay Hume, femme intelligente, séduisante, sournoise et nombriliste de surcroît; Charley Hume son mari, déterminé, nerveux, brute épaisse; et enfin Nathan Anteil jeune homme intellectuel courtisé par Fay. La structure narrative dans ce bouquin est géniale : la multiplicité des points de vue selon les chapitres apporte un véritable plus à l'histoire. Le livre est très plaisant à lire, on accroche facilement aux personnages. Bref cet ouvrage mérite beaucoup plus d'attention, alors SVP les éditeurs refaites-nous une nouvelle édition, car celle-ci reste introuvable !!
Dérangeant et somptueux... 10 étoiles

Ce roman de Philip K. Dick appartient à la période où il cherchait à écrire du "mainstream", de la littérature générale. Il a toujours souffert d'être étiqueté SF, genre méprisé, littérature pour adolescents, d'après lui.

Ce roman nous décrit la vie de Jack Isidore, une sorte de simple d'esprit. Cultivé, mais rempli d'idées farfelues. Et surtout, d'une consternante naïveté. Il vit avec sa soeur Fay, son beau-frère, et il a un entourage particulier. En effet, parmi tous ces gens, il y en a une bonne partie qui appartiennent à une secte persuadée de l'imminence de l'apocalypse. Des gens qui, par ailleurs, présentent bien, qu'on n'imaginerait pas dans cette situation. Et puis, un jour arrive un couple assez jeune, et tout l'équilibre est compromis...

Voilà pour le cadre. Cela se passe en Californie, vraisemblablement dans les années 60, si je me souviens bien.

L'originalité du roman, réside en quelques points :

Tout d'abord, le personnage principal, Jack Isidore. D'habitude, on fait en sorte que le lecteur s'identifie à un personnage positif, un héros. Ou alors, on lui présente un anti-héros. Mais Isidore est un repoussoir. Il est parfois carrément stupide.

Fay est haute en couleurs. Elle jure, elle pique des colères, et elle ne recule devant rien pour obtenir ce qu'elle veut.

Ensuite, il y a ce contexte, cette ambiance d'hystérie collective, cachée sous des dehors soft. Des gens comme il faut, des notables... Mais qui ont pris toute sortes de mesures car le monde va s'arrêter à une date précise. L'intrigue se tisse autour de cet événement fondateur, par anticipation. Elle va amener Isidore à prendre, lui aussi, des mesures qu'il croit fondées, et qui vont provoquer des catastrophes. Cela, et la présence de ce couple, qui attire la convoitise de Fay.

Enfin, il y a la façon dont le sujet est traité. Dick multiplie les points de vue et ça devient tordant, quand par exemple on a la version de Jack, qui explique avec grand sérieux pourquoi il a pris telle décision - que nous trouvons idiote. Et ensuite, on a la version de Fay, pour la même situation, et là on voit à quel point cela l'a mise en colère. Bref, on a la version de l'idiot, et la version de son entourage.

Dick pousse le procédé jusqu'au vertige et on assiste, comme dans une tragédie grecque, à l'enchaînement inexorable des catastrophes.

C'est, pour moi, un fabuleux roman, inoubliable, dérangeant et somptueux. A lire, à relire, à ne jamais oublier.

Ensuite,

Natalia Epstein - - 44 ans - 14 novembre 2015


Tous des barjos ?! 8 étoiles

Ma conclusion à la fin de la lecture de ce génialissime livre c'est que nous sommes tous un peu barjo finalement... Chacun à notre manière aux yeux des autres, comme les personnages de ce bouquin.

Jack, parce qu'il est en total décalage avec la vie réelle, sa soeur Fay qui est finalement la plus barjo de tous tant elle est machiavélique, Charley son mari qui finit par péter les plombs et massacrer tous les animaux domestiques, Nathan qui quitte sa parfaite petite femme pour se jeter dans les bras de Fay et se rendre compte que ce n'était peut-être pas le bon choix etc etc

Philippe K. Dick a une écriture simple, agréable et son style cru, direct, parfois plein d'humour, d'autres fois sincère et touchant, donne vraiment envie de dévorer cette histoire peu banale. Parce qu'on a envie de savoir comment tous ces fous vont finir et parce qu'on se reconnait peut-être un peu dans l'un d'entre eux...

Loras - - 37 ans - 26 août 2008


Quand Dick écrit autre chose que de la science-fiction 8 étoiles

Le barjo en question, c’est Jack. La quatrième de couverture le qualifie par une excellente formule : inadapté à la réalité. Par exemple, il collectionne les publicités « toutes boîtes », qu’il emportera avec lui au cours de ses déménagements successifs. Ou encore, il se fait arrêter après avoir volé des friandises : des fourmis recouvertes de chocolat. Il imaginait que les fourmis pourraient être encore vivantes, auquel cas il les aurait libérées… Doux rêveur, décalé, particulier.

Mais LE personnage du livre, c’est Fay, la soeur de Jack. Jack libéré, Fay lui intime de venir vivre avec elle et son mari, Charley, afin d’éviter qu’il ne fasse de nouvelles bêtises. Grandeur d’âme ? Amour de son prochain ? Vous découvrirez que Fay ne fait RIEN gratuitement, qu’elle manipule comme elle respire, que ses caprices sont son unique motivation. Son mari la dépeint fort justement : « Elle n’a jamais levé le petit doigt de sa vie sinon pour affermir son emprise sur les gens afin de pouvoir s’en servir plus tard ». Jack va donc partager la vie de Fay et de Charley et assister à une histoire complètement folle.

Car un jour (maudit), le regard de Fay se pose sur un jeune couple qui vient de débarquer en ville : Gwen et Nathan la captivent tant qu’elle veut faire leur rencontre, leur parler, les inviter chez elle. Des deux, c’est surtout Nathan qui l’intéresse… Et la manipulation commence.

Finalement, le plus barjo n’est peut-être pas celui que l’on croit…

Même s’il ne s’agit pas ici de science-fiction, on sent le talent de Philip K. Dick à tenir son lecteur en haleine. Son écriture, agréable à lire, passe de la férocité à l’humour avec une facilité déconcertante. Les dialogues sont justes, la psychologie des personnages finement abordée. Il vaut le détour, ce barjo, vraiment…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 7 janvier 2007


Merci à toi 10 étoiles

Je suis un admirateur de k dick. Un auteur fou touchant (genre dans substance morte) déroutant tortueux et incroyablement intéressant!!

Klutjo - - 43 ans - 18 janvier 2006