Monstres invisibles
de Chuck Palahniuk

critiqué par Nirvana, le 21 avril 2005
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Saut à suivre....
Toujours dans son style si particulier, avec ses reprises de mêmes expressions tout au long du roman, avec cynisme et humour noir, Chuck Palahniuck revient détricoter l'Amérique des apparences pour dénoncer cette fois le mercantilisme d'un monde asservi au culte de la beauté et de la mode.

Shannon est une jeune top model talentueuse, entourée d'un charmant petit ami et d'une meilleure amie qui exerce le même métier qu'elle. Elle aura tout eu pour réussir jusqu'au jour où une balle traverse son pare-brise, et fait voler en éclat et sa machoire, et son avenir professionnel.
Défigurée, elle sent tous ses repères s'éloigner d'elle, vivant en retrait de tout puisque dorénavant le visage dissimulé, elle se fond dans le décor, elle qui était jusqu'alors sous le feu constant des projecteurs.
Elle rencontre alors Brandy Alexander, une somptueuse créature,en passe de devenir enfin femme, au terme d'une série d'opérations, qui doit se conclure par une vaginoplastie à la pointe de la technologie. Brandy la prend sous son aile, lui attribue une autre identité pour repartir à zéro, flanquée de Seth Thomas, un étrange dandy victime de cocktails hormonaux qui lui font- entre autre- pousser les seins, et éclater régulièrement en sanglots.
Le trio écume les luxueuses résidences mises en vente, et profitant de la niaiserie des agents immobiliers, traque tout ce qui peut ressembler à un trésor dans ces demeures de rêves: les armoires à pharmacies pour les médicamments qui les feront planer, et les vêtements et maquillages de luxe qui leur permettent de conserver les apparences..

Au gré de son écriture cahotique, les révélations habilement maîtrisées émaillent ce road-movie, dans un chaos chronologique où le passé de Shannon se reconstitute peu à peu, tandis qu'elle se construit petit à petit une nouvelle identité.

Un conseil: si ce roman vous intéresse, évitez les recherches et avis sur internet, les révélations sur les mystères de l'intrigue (qui est qui, qui a tiré, pourquoi....) sont largement éventés, et c'est regrettable. Ce qui m'a plu dans ce roman, hormis le style de l'auteur, ce sont les rebondissements qui ajoutent tant à la lecture. Par contre, par des voyages incessants entre passé et présent, il faut s'accrocher pour suivre, mais ça en vaut la peine.
Mirror, mirror on the wall... 9 étoiles

Pour l'intrigue, je ne reviendrai pas sur l'excellent résumé de Nirvana.

On retrouve ici le style de Palahniuk: ellipses, leitmotivs, retours en arrière...et son obsession pour les groupes de parole en tous genres. Tout cela peu paraître déroutant au premier abord mais l'intrigue vous entraîne rapidement et ce style d'écriture participe de toutes façons à la force du livre, en parfaite cohérence avec l'histoire qui s'y déroule.

Tout dans ce roman est exagéré, mis en scène à l'extrême: les personnages, l'intrigue, leurs dialogues... Et pourtant, lorsque qu'on se dit que là, vraiment, l'auteur va trop loin, et bien on se rend compte que (malheureusement?) tout est parfaitement plausible.

Derrière une intrigue émaillé de rebondissements et de suspense, l'auteur nous livre une critique sur la lâcheté, la frustration et notre volonté de pouvoir dans une société fondée sur les apparences, l'ennui et l'envie.

Une lecture jubilatoire et forcément dérangeante.

Cet homme est parfaitement déjanté. Et ce qui effaie, c'est notre facilité à le suivre dans sa folie.

Sparkling Nova - Paris - 40 ans - 25 février 2007


GENERAL 10 étoiles

Je vouslais vous dire de noter le style d'écriture. Les livres Palahniuk sont drôles et tout mais plein d'informations. On sent qu'il sait de quoi il parle. Il nous reste maintenant de savoir s'il faut l'applaudir ou en avoir peur.

Dhia - un bled merdique - 43 ans - 2 août 2005