L'île aux trente cercueils
de Maurice Leblanc

critiqué par Manu55, le 21 avril 2005
(João Pessoa - 50 ans)


La note:  étoiles
Vengeances
Véronique est jeune et belle, mais son destin est déjà tragique. Mariée contre le gré de son père à un homme monstrueux, ce premier décide de se venger en enlevant le fils né de cette union. Malheureusement, grand-père et petit-fils périssent au cours de l’enlèvement, dans un naufrage…

Quinze années plus tard, Véronique aperçoit sa signature gravée sur le mur d’une chapelle, dans une scène d’un film auquel elle assiste. Elle engage un détective privé qui retrouve ladite chapelle au fin fond de la Bretagne.

Elle prend donc le premier train, et suivant les instructions du détective, trouve la chapelle. Sa signature y est bien gravée, ainsi qu’un numéro… Curieuse elle pénètre dans la chapelle est tombe nez à nez avec un cadavre à la main tranchée. Elle trouve aussi une intrigante gravure représentant quatre femmes crucifiées, dont l’une d’elle est son portrait craché. Véronique court prévenir la police, mais quand la troupe arrive sur place, le cadavre a disparu…

Une bien belle intrigue où se mêlent superstitions, meurtres, trésors et… Arsène Lupin.
Le rythme est soutenu tout au long du roman et les rebondissements surprenants. Un petit goût de désuet dans les relations humaines est a noter.

Du grand Lupin ! Don Luis met tout son génie en oeuvre pour élucider le mystère en un temps record, ne reculant devant aucun danger, face à un ennemi totalement détraqué, prêt à tout pour trouver la Pierre qui va lui donner un pouvoir infini.

-- Attention -- La suite révèle quelques indices précieux -- futurs lecteurs, passez votre chemin !

La vison du nucléaire et de la radioactivité dans ce roman, alors méconnue, est à la fois amusante et effrayante. Toucher un matériau radioactif ne peut apporter que du bonheur, redonner la santé, rendre fertile… Vision des choses quelque peu altérée au cours du siècle dernier…

« […] la dalle toute frissonnante de radium, d’où part inlassablement un bombardement d’atomes vivifiants et miraculeux […] »
Pas terrible 4 étoiles

J'étais assez enthousiasmé à l'idée de lire une nouvelle aventure d'Arsène Lupin, malheureusement la déception a été à la hauteur de l'attente. Le roman partait pourtant bien avec cette histoire d'île et de malédiction enrobée par cette ambiance mystérieuse et oppressante mais plus on avance plus on sombre dans le grand n'importe quoi. J'étais en effet persuadé que Véronique par exemple avait été attirée volontairement sur cette île et qu'il y aurait une histoire de machination derrière alors qu'en fait, non, elle a vraiment atterri dans cet endroit par hasard, le jour même où il se passe quelque chose, tiens donc, et ce n'est pas la seule coïncidence de ce genre à l'image notamment d'Arsène Lupin qui, outre le fait d’apparaître très tardivement, débarque sur l'île parce qu'il passait plus ou moins par là. On ajoute à cela des personnages qui n'ont au final pas grand intérêt et dont certains, tel que Lupin, ne font que s'écouter parler, des incohérences pas possibles ainsi que des questions auxquelles on n'aura jamais véritablement de réponse et on obtient un livre que je n'ai vraiment pas trouvé bon et dont j'ai été content de venir à bout.

C'est donc vraiment dommage car il y avait des éléments assez prometteurs et quelques passages tels que celui avec le druide, digne d'un vaudeville certes mais qui offre une bonne parenthèse humoristique, bien trouvés mais au final l'auteur se contente d'empiler des clichés et des scènes macabres parsemés d'un peu d'Arsène Lupin et cela n'a donc absolument pas marché sur moi.

Koolasuchus - Laon - 34 ans - 11 avril 2020


Trucs et ficelles d'un roman vieilli 6 étoiles

Tous les ingrédients du roman français divertissant de la première moitié du XXème siècle sont réunis : un héros connu du grand public qui n'arrive qu'à la fin du récit, une héroïne destinée au sacrifice, un méchant vraiment méchant.

On a ensuite le cadre : une île bretonne, des légendes celtiques, des éléments scientifiques dans la lignée de Verne, un sentiment anti-allemand qui fleure bon l'après-guerre.

Pour la narration, on ne relèvera pas les coups de théâtre invraisemblables, les morts à la pelle, un peu de sordide qui vire parfois au Grand-Guignol...

Ce n'est donc pas le tome le plus réussi de Leblanc, ce roman a vieilli et est devenu dispensable.

Fa - La Louvière - 48 ans - 25 août 2015


Maurice, faut arrêter de fumer les papiers d’Arménie 5 étoiles

La raison qui m’a poussée à lire ce livre, avec lequel je découvre Maurice Leblanc, me laissait attendre quelque chose de bien, en tout cas, qui ait pu avoir un sens. Mais ce ne fut pas le cas, malheureusement.

J’ai rarement lu quelque chose d’aussi tartuffe et prétentieux. Voilà, c’est dit. Ce livre est certes d’un charme incontestablement suranné, pour le dire poliment, et en général j’aime bien cela, mais c’est surtout une pitrerie qui ne s’en voulait pas une, ce qui rend sa lecture carrément gênante. Enfin, c’est mon ressenti.

L’écrit passe encore. C’est bien, sans être exceptionnel et donc cela pourrait se laisser lire si l’histoire n’était pas aussi grand-guignolesque. On suit les pas d’une femme que la vie n’a pas épargnée : Véronique a perdu son fils et son père dans le naufrage d’un bateau il y a plus de dix ans. Son père venait alors d’enlever son fils, tout bébé, des griffes de son papa, le Comte Vorsky, dont Véronique était la prisonnière. Faut dire que Véronique est une femme bien compliquée : elle avait aimé le Comte contre l’avis de son père jusqu’à ce que le Comte l’enlève et là, ben elle l’aimait plus du tout… passons. Le Comte a la bonne idée de mourir peu après la disparition de son fils et Véronique se réfugie au couvent. Et dix ans plus tard, Véronique se retrouve embarquée dans la poursuite d’étranges signes reprenant sa signature et qui la conduisent en Bretagne puis sur l’île de Sarek, la fameuse et terrifiante île aux trente cercueils (musique dramatique).
Avant d’atteindre l’île, on a déjà le droit à un cadavre mutilé, histoire de s’habituer à la suite. Véronique débarque dans l’île avec une habitante qui assure les liaisons par bateau et qui lui raconte tout-de-go que son fils et son père ne sont pas morts et que l’île est maudite par une vieille légende faite de druides, de porte des enfers, de rites sacrificiels (mise en croix) et que, selon toute probabilité, Véronique va se faire crucifier. Bienvenu à Sarek.

Bref, les réjouissances ne se font pas attendre. A peine Véronique aperçoit-elle son fils que l’horreur arrive : son fils tue son grand-père (le père de Véronique, vous aurez compris) et s’enfuit avec un acolyte pour massacrer tous les habitants de l’île, conformément au cahier des charges légendaire qui réclame un mort par aiguille rocheuse protégeant l’île (il y en a trente, vous vous en doutiez).
Et voilà la pauvre Véronique seule sur l’île ou presque : il reste trois vieilles sœurs que les méchants ne tardent pas à occire de la pire des façons, et le chien de son fils, le dénommé Tout-va-bien.

Alors le reste de l’histoire ? Ben je vais pas tout vous raconter, sachez que là vous n’avez même pas eu droit à la moitié du livre. Je vous laisse imaginer le degré d’imagination de Maurice Leblanc pour ce seul roman ! Et la suite n’est pas en reste ! Il y a une pierre magique ancestrale, des passages secrets, des mécanismes sophistiqués de mise à mort, et… Arsène Lupin. Diantre ! pourquoi débarque-t-il comme cela au milieu de ce bazar celui-là ? Ah, bah, c’est que c’est le héros dans toute sa splendeur. Il était sans doute en vacances, avait besoin de recharger ses batteries après une saison bien remplie de cambriolages. Ou alors avait-il besoin d’étaler sa science et sa superbe, le métier de voleur ne lui laissant pas, finalement, de telles opportunités.
Il arrive après le massacre, loin dans les pages du livre, et il sait déjà tout, le pourquoi du comment et comment s’en sortir. Et là mes aïeux, on touche le fond (on n’en était pas loin). Le héros tout puissant, intelligent, et qui a cet humour cynique, cette hauteur des gentils de romans à l’ancienne. L’homme sûr de lui, de sa réussite, qui contrôle tout et se moque des méchants. Ouh, là, là ! Un jeu à la Belmondo, tagada c’est moi que v’là ! Bref, c’est du grand n’importe quoi.

Bon, allez, je vais pas passer ma matinée à casser ce bouquin, mais franchement, ce fut mon nanard de l’année 2014. Mais un nanard pénible, aussi je me permets de bien l’assaisonner.

Lirai-je d’autres Leblanc ? Ben, faudrait pour ne pas rester sur cette note négative. Mais pas tout de suite… On verra.

Antinea - anefera@laposte.net - 45 ans - 18 janvier 2015


dénouement trop invraisemblable 6 étoiles

Peut-être en attendais-je trop de ce livre et de cette histoire dont je me souviens de la diffusion télévisée fin des années 1970 ?

"Vd'H" et son parcours étrange, sa vie d'une infinie tristesse, sont certes émouvantes. Elle avance vers cette nouvelle phase de son destin, ne sachant pas ce qu'elle va découvrir sur cette île énigmatique, ne craignant plus aucune souffrance du fait de ces précédentes années où elle a vécu, intériorisée, presque recluse, à l'abri des coups, n'attendant pas de miracle de la vie.

L'île, formidablement décrite, hostile, fière, prête à affronter les éléments, l'ambiance particulière de l'histoire, la menace permanente, tout cela est très bien décrit et nous transporte.

Mais j'ai déploré le dénouement, l'arrivée de Don Luis trop subite, trop facile, invraisemblable, je trouve que cette partie du livre gâche l'ensemble. Comme s'il avait manqué à Maurice Leblanc le petit quelque chose qui aurait pu lier les événements.

Et c'est bien dommage...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 1 février 2014


Une histoire où Tout-va-bien. Ou presque. 10 étoiles

Je suis surpris de la critique de Florian1981, car même si les éléments du dénouement sont quelque peu tirés par les cheveux, le suspense, l'action, l'horreur, l'émotion, tout est superbement mis en place !
Je dois dire que c'est mon tout premier Maurice Leblanc.

Ce livre, je me souviens, quand j'avais 13 ans, je l'avais emprunté et montré à mon père. Alors pour s'amuser, mon père se mit à lire le début à haute voix :
"Le pittoresque village du Faouët, situé au cœur même de la Bretagne, vit arriver en voiture, un matin du mois de mai..."
puis, au fil des pages, il s'est laissé prendre par l'intrigue. Alors tous les soirs, à mon chevet, pendant une semaine, il poursuivait la lecture...
Voilà une toute nouvelle manière de lire un livre, et c'est encore plus captivant ainsi.

Je crois bien qu'en le lisant normalement, je n'aurai peut-être pas vécu aussi intensément l'histoire. Mais je suis certain que tout lecteur sera marqué quand même.

La scène avec le druide, est, je suis d'accord, la meilleure de l'ouvrage.

Martin1 - Chavagnes-en-Paillers (Vendée) - - ans - 20 avril 2012


La magie n'opère plus 3 étoiles

D'habitude plutôt fan d'Arsène Lupin et de ses interventions héroïques, je sais bien qu'il faut être indulgent sur les tours de passe passe tirés par les cheveux et les ficelles un peu grosses.

Mais là trop c'est trop! Que d'invraisemblances, de coïncidences improbables voire même de contradictions dans cette histoire!
Et, hormis l'épisode du druide dans lequel on retrouve toute sa verve et son ingéniosité, le personnage de Lupin (qui apparait assez peu) lasse plus qu'il n'amuse! Ses explications sont alambiquées et ne tiennent pas la route.

En définitive, un roman vraiment daté et peu crédible malgré toute ma bonne volonté

Florian1981 - - 42 ans - 21 juillet 2011


Un des meilleurs livres de Leblanc 10 étoiles

C'est un livre de la série 'Arsène Lupin', mais Lupin n'y apparait quasiment pas, en tout cas, jamais sous son vrai nom. Car Lupin, ici, c'est le personnage de Don Luis.
Un excellent roman, à la lisière du fantastique, très énigmatique, vraiment passionnant.

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 29 mars 2008