Pot-Bouille
de Émile Zola

critiqué par Lev, le 21 avril 2005
( - 35 ans)


La note:  étoiles
Un Zola à redécouvrir
« Ma prédilection, après Germinal, va vers Pot-Bouille. » André Gide.
L’un des moins connus de Zola, et des moins lus, Pot-Bouille en dépasse pourtant beaucoup.
D’abord par le style, qui n’est pas saturé en descriptions comme dans Au Bonheur des Dames ou Le Ventre de Paris.
Ensuite par son histoire, qui n’est pas noire et glauque comme la plupart des Zola ; est absent ce qui fait la réputation de Zola et… le malheur des lecteurs (certains…).

Sans pour autant que Zola renonce à son talent d’observateur impartial et de naturaliste : dans Pot-Bouille, il explore un immeuble propre et élégant, des plus riches au rez-de-chaussée aux pauvres gens et domestiques du dernier étage… avec toutes les intrigues et relations qui s’y cachent en profondeur…
Cela à travers l’œil d’un jeune homme heureux de vivre, Octave Mouret (le futur patron de Au Bonheur des Dames) qui compte bien réussir dans la vie, est animé d’un égoïsme sans scrupule ainsi que d’une certaine… immoralité qui en réjouira…

J’ai osé dire que ce n’était pas sordide comme histoire ? Non, c’est noir, mais seulement au point de vue de la morale : presque tout le monde dans ce livre a des « aventures » (quel euphémisme !) avec tout le monde… L’innocence est bafouée, le sadisme est roi. Le tout avec un ton assez joyeux tout de même.
Si l’on peut être horrifié par certaines découvertes, il existe néanmoins des contreparties dans Pot-Bouille. Plus que dans tout autre Zola, j’ai trouvé les personnages variés, bien tracés, mis en relief, et parfois même attachants.

J’ai aussi souvenir d’un style étonnamment beau, clair, soigné et parfois poétique. Les dialogues abondent. Les rares descriptions sont magnifiques : la symbolique de l’église et de la religion en général m’a beaucoup plu. La religion seule est là pour masquer de son blanc manteau toutes les impuretés du monde…
L'avant "Bonheur des Dames" 7 étoiles

La rue de Choiseul est le cadre de l'histoire.
Octave Mouret vient y loger dans un immeuble de quatre niveaux,
La maison est tout à fait bien, habitée rien que par des gens comme il faut : les ménages Vabres, enfants du propriétaire ; Duveyrier, conseiller à la Cour d’appel ; Mme Juzeur, une petite femme bien malheureuse ; un monsieur très distingué qui ne vient qu’une fois par semaine ; Les Josserand, père caissier avec deux filles à marier ; les Pichon, petit ménage d’employés, mais d’une éducation parfaite. Tout en haut, l’étage des bonnes, tout en bas le concierge, ancien valet de chambre d’un duc. Seule tache, un monsieur qui fait des livres, qu’on ne voit pas, que personne ne connaît.
La trame du roman ce sont les deux filles à marier des Josserand. Le père bonace et la mère infernale qui ne vit que dans cet objectif. On se rend compte qu'à l'époque, une fille n'est qu'un poids mort dans une famille.

Quant à Octave il parvient à séduire (nécessité aidant) madame Hédouin la propriétaire d'un magasin qui cherche à s'agrandir. Le Bonheur des Dames est en train de naître !

C'est doute le "Rougon-Macquart" qui m'a le moins plu ce qui parait anachronique vu l'accueil très favorable réservé par l'ensemble des lecteurs



Les personnages

Adèle
Amélie
Bachelard (Narcisse)
Bachelard père
Bernheim (Les Frères)
Bocquet (Clarisse)
Bocquet (Mme)
Bonnaud
Campardon (Achille)
Campardon (Angèle)
Campardon (Rose) = Domergue (Rose)
Chassagne (Docteur)
Chavignat
Clémence
Dambreville
Dambreville (Mme)
Dambreville (Raymonde)
Desmarquay
Domergue
Domergue (Mme)
Duveyrier (Alphonse)
Duveyrier (Clotide) =Vabre (Clotilde)
Duveyrier (Gustave)
Eugénie
Fifi
Françoise
Gasparine
Gourd
Gourd (Mme)
Gueulin
Hédouin (Charles)
Hippolyte
Josserand
Josserand (Berthe)
Josserand (Éléonore) = Bachelard (Éléonore)
Josserand (Hortense)
Josserand (Léon)
Josserand (Père)
Josserand (Saturnin)
Juillerat
Julie
Juzeur (Mme)
Lisa
Louhette
Louhette (Mme)
Louise
Mardienne Frères
Mauduit (Abbé)
Menu (Mlle)
Mouret (Octave)
Payan
Pérou (La Mère)
Pichon (Jules)
Pichon (Lilitte)
Pichon (Marie) = Vuillaume (Marie)
Rachel
Renaudin
Théodore
Trublot (Hector)
Vabre
Vabre (Auguste)
Vabre (Camille)
Vabre (Théophile)
Vabre (Valérie) = Louhette (Valérie)
Vaugelade (Duc de)
Verdier
Victoire
Vuillaume
Vuillaume (Mme)

Monocle - tournai - 64 ans - 27 octobre 2021


L'oeil goguenard de M. Zola 9 étoiles

M. Zola a dû beaucoup s'amuser à l'écriture de "Pot-Bouille", cela se sent, sa plume légère égratigne tous ces personnages, certains hauts en couleurs, d'autres plus discrets, mais chacun cachant quelque chose d'indécent. Que de vices dans ce roman, les Bourgeois sont révélés au grand jour, eux qui paraissent si moraux, si pieux, si convenables. Le sourire est de mise à la lecture de ces pages, des scènes plus dramatiques donnent le frisson, mais si peu. L'accouchement d'Adèle, par exemple, est le passage le plus sombre pour moi. L'apparence, cela compte énormément, les fastes, les toilettes hors de prix, alors qu'on n'en a pas les moyens, les hommes terrifiés par leurs femmes dominatrices et castratrices, le docteur qui essaie de guérir les maux de tout ce petit monde, et le prêtre qui tente de sauver toutes ces âmes, tout y est, derrière cette façade d'immeuble parisien qui jouit pourtant d'une bonne réputation.

Ce livre n'est pas du Zola habituel, on y trouve plus de rythme, beaucoup de légèreté dans les propos, il paraît d'un accès plus facile pour qui déplore les descriptions ou le côté dramatique présents dans d'autres ouvrages de l'auteur.

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 10 mai 2015


Critique acerbe de la bourgeoisie 6 étoiles

Bon autant vous le dire tout de suite, ça n’est pas mon préféré de Zola car ce roman n’a pour moi, pas l’étoffe d’un «Nana », de « L’Assommoir » ou d’un «Au Bonheur des Dames ».
Cependant il nous offre tout de même une critique acerbe dans laquelle il dénonce sans vergogne l’hypocrisie de la bourgeoisie.
Derrière le luxe de façade c’est bien la pourriture qui se cache …
Punaise, je peux vous dire que les Bourgeois, Zola leur taille un de ces costumes : Houlà ! Il les a bien rhabillés pour l’hiver (pour toutes les autres saisons aussi d’ailleurs !!!).
C’est d’ailleurs là où le bât blesse, c’est qu’on verse un peu trop dans le vaudeville alors que ce je trouve le plus intéressant chez Zola c’est plutôt son réalisme.
Et puis, je dois bien avouer que je n’ai pas du tout aimé Octave Mouret dans ce tome des Rougon-Macquart, alors que je l’avais beaucoup apprécié dans « Au Bonheur des Dames ». Dans Pot-Bouille, il court d’une femme à l’autre en se plaisant à dire « Décidément, on n'aime bien que les femmes qu'on n'a pas eues. » Il va se calmer le playboy des bacs à sable oui !!
Petite déception donc mais, qu’à cela ne tienne, il m’en reste encore tellement à découvrir.

Monde imaginaire - Bourg La Reine - 51 ans - 5 novembre 2013


Le quotidien d'un immeuble bourgeois 8 étoiles

Dans ce tome des Rougon Macquart, Zola décrit la vie dans un immeuble parisien, avec sa diversité de locataires. Les propriétaires, bourgeois, habitent au rez de chaussée. Plus on monte dans les étages, et plus les locataires sont pauvres et les appartements minables. Tout cela pour finir au dernier étage avec les chambres des bonnes des familles aisées.
Selon le concierge, l'immeuble n'abrite que des gens bien, sans histoire sordide. Mais la vérité est tout autre : les bonnes cancanent sans arrêt sur leurs maitres et reçoivent des hommes des familles plus aisées, et l'immeuble est rempli d'histoires d'argent, d'adultère...
Parmi les locataires, Octave Mouret, un jeune homme venu à Paris pour faire fortune. Octave est un homme à femmes, cherchant à réussir en trouvant une maitresse aisée.
Ce tome est beaucoup moins de descriptif que les autres, rendant sa lecture plus aisée. Il a également un peu plus d'action. Ce roman est assez intéressant, par son aspect de description de la vie hypocrite de ces immeubles.

PA57 - - 41 ans - 13 mai 2013


Vous avez dit réalisme ? 9 étoiles

Le style simple, les descriptions oh! combien réalistes, les personnages forts font de ce récit un petit bijou. On entre dans ce XIXe siècle parisien à pieds joints, par la porte de cet immeuble d'où l'on ne sort que rarement. J'ai aimé ce roman, même si j'ai préféré l’assommoir, nana et le bonheur des dames.
Ma scène préférée reste la description de l'accouchement d'Adèle, la bonne, au chapitre 18 : criant de vérité.

Krys - France-Suisse - - ans - 22 mars 2013


Très fort 10 étoiles

Etant, en gros, assez d'accord avec les critiques précédentes dans leur diversité même, il m'est assez difficile d'ajouter la mienne. Poursuivant la lecture, commencée il y a des années, de la saga des Rougon-Macquart dans la remarquable édition en 5 volumes parue chez Robert Laffont sous la direction de Colette Becker, l'approche de 'Pot-Bouille' a été un moment fort. Il y a deux aspects dans ce roman.
Le premier est cette description vacharde, quasi méprisante, d'un immeuble parisien pris comme un échantillon de la moyenne bourgeoisie. L'hypocrisie y règne en maître, couvrant les débordements de la chair et une attention démesurée aux affaires d'argent et au qu'en-dira-t-on. Zola s'y révèle plus psychologue que sociologue - ce qu'il est à mon sens plus spontanément - et y déploie de grandes qualités. On peut trouver cette peinture datée et dépassée. Une bonne discussion avec un notaire ouvert au dialogue prouverait à tout un chacun le contraire. Disons qu'il y faut seulement quelques adaptations pour la rendre actuelle.
Le second est constitué par une sorte de chemin initiatique d'Octave Mouret, le personnage central du 'Bonheur des Dames', chef d'oeuvre absolu dont la description des enjeux du grand commerce est encore aujourd'hui d'une saisissante vérité. On voit le bel (?) Octave errer de femme en femme jusqu'à trouver celle qui lui apportera un tremplin vers le succès commercial. Universel, croyez moi sur parole.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 19 février 2013


La tambouille au quotidien... 10 étoiles

Publié en 1882, « Pot-Bouille» est le dixième volume de la série « Les rougon-macquart ».
On retrouve ici Octave Mouret, fils de François Mouret et Marthe Rougon déjà présent dans « La Conquête de Plassans » et qui aura son heure de gloire dans le roman suivant, à paraître en 1883 : « Au bonheur des dames ».
D'abord, une petite précision de vocabulaire : au XIXe siècle « Pot-Bouille » désigne familièrement la « popote » quotidienne, pas toujours reluisante.
« Pot-Bouille », une œuvre méconnue du grand public…J'en veux pour preuve le nombre de lecteurs très inférieur sur Babélio comparé à d'autres ouvrages dits majeurs de l'auteur.
Et pourtant … ce roman, même s'il l'est, est beaucoup plus qu'une préparation, un prélude, à celui qui va suivre, « Au bonheur des dames » où Octave Mouret tiendra la vedette. Il s'agit en effet d'analyser les différentes couches sociales du second empire au travers les relations quotidiennes et pas toujours ragoûtantes - d'où le titre « Pot-Bouille » - des habitants d'un immeuble cossu : plus on monte dans les étages et plus le niveau social baisse. Pour l'exemple, Octave habite chez les Campardon au quatrième étage, juste au dessous des chambres de bonnes. Les Campardon qui ne tarderont pas à lui procurer un emploi dans le grand magasin « Au bonheur des dames »…
Zola nous a souvent confrontés à la triste réalité de la vie en cette fin de dix-neuvième siècle, parfois de façon brutale. Il n'en est rien ici, « Pot-Bouille » est un roman « relativement léger » - c'est quand même du Zola - et ne manquant pas d'humour, en même temps qu'une introduction à celui qui va suivre et qui reste pour moi un des grands romans de Zola avec « Le Ventre de Paris » et « La faute de l'abbé Mouret » : Au bonheur des dames.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 8 octobre 2012


La comédie humaine de Zola 10 étoiles

Pot-Bouille reste, à mon sens, une des oeuvres de Zola sous-estimée par le grand public. A ma troisième lecture des Rougon-Maquart depuis mon adolescence (je ne m'en lasse pas et découvre à chaque âge de ma vie de nouvelles richesses dans cette fresque incomparable), je considère pourtant qu'il s'agit d'un des trois ou quatre meilleurs du cycle.

Pot-Bouille est moins "anecdotique" qu' "Au bonheur des dames" (dont il est, en quelque sorte, le prélude), moins caricatural dans son étude sociale que les grands romans naturalistes comme "L'assommoir" ou "Thérèse Raquin", et bien que souvent cruel, certainement une des oeuvres qui dévoile le mieux l'humour de Zola (car il pouvait en avoir !).

On frémit, on s'émeut, on pleure ou on rit au rythme des aventures et mésaventures des habitants de cet immeuble, synthèse de la société française (ou au moins parisienne) de la III° république. Chaque étage est une "couche" distincte de ce gâteau social; distincte, mais non étanche, car cela navigue sacrement d'un niveau à l'autre, pour toutes sortes de raisons, plus ou moins avouables.

Lisez "Pot-Bouille", il y a dedans autant d'études et de vérités sociales que dans toute la "Comédie humaine" de Balzac.... et c'est sacrément mieux écrit !

Chrisland - - 64 ans - 20 octobre 2011


Pot-Bouille 8 étoiles

Ce livre traite de l'hypocrisie des bourgeois. Ces gens qui ont parfois des moeurs douteuses et qui sont les premiers à pointer les autres du doigt lorsqu'ils se font prendre à faire des choses qu'eux même font. Pot-Bouille c'est l’adultère et les autres atteintes aux moeurs cachées derrière la façade d'une maison supposément respectable.

Pot-bouille c'est aussi l'influence de l'environnement sur le comportement humain. Octave Mouret devient dans cette maison un coureur de jupons qui use de ses charmes pour arriver à ses ambitions. Dès qu'il est sorti ce ce lieu, il redevient une personne respectable.

Comme les autres livres de Zola, Pot-Bouille est un livre noir.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 18 juin 2011


Plaisir garanti... 9 étoiles

Dans ma poursuite de lecture de classiques de littérature, toutes origines confondues, que j'intercale parmi d'autres lectures, me voilà à mi-chemin des Rougon-Maquart avec la lecture de ce 10e tome complétée. Pot-Bouille comme La Faute de l'Abbé Mouret ne seront pas mes sujets préférés de cette saga. Mais peu importe, je suis irrémédiablement intoxiquée de Zola. Même si les caricatures cruelles et oh combien réalistes de ces petits bourgeois m'ont agacée et même ennuyée par moment, le charme et la fascination qu'exerce sur mon plaisir de lire ce formidable et génial auteur n'en sont en rien altérés. Chaque partition de cette collection est un plaisir renouvelé et tout ce que je redoute est d'en épuiser finalement la source, alors je prends tout mon temps...!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 27 août 2008


L'hypocrisie à son comble 6 étoiles

Un livre "léger", c'est vrai: facile à lire , pas trop de description . Mais une intrigue un peu répétitive (tout le monde couche avec tout le monde) et qui endort l'attention parfois .
Mais les thèmes de Zola , sa noirceur et sa critique sont présents: l'hypocrisie de la bourgeoisie, qui condamne lourdement les fautes des ouvriers, sans daigner regarder les siennes, révolte.

Franaud - - 49 ans - 21 juillet 2006