Le nu perdu et autres poèmes, 1964-1975
de René Char

critiqué par MOPP, le 21 avril 2005
( - 87 ans)


La note:  étoiles
Modernité de l'écriture
Dans ce très brau recueil de poésie, nous trouvons des textes, des poèmes en rapport, par exemple, avec Mérindol, village symbole de la répression des Vaudois, aux massacres. C'est dire que l'esthétique est mise au service de l'éthique.

Une approche personnelle du poème intitulé : "Sept parcelles du Luberon".

Ce poème est composé de vers octosyllabes, très souples, remplis de beauté pure. La rime est respectée dans les positions L2 - L3, et encore ! la stabilité n'est pas réelle, car certaines rimes manquent. Un "quatrain" compte 5 vers pour créer un effet de rupture. Mais quels beaux vers :

"O Buoux, barque maltraitée !"

Qui a visité le site de Buoux (c'est mon cas) ne peut qu'apprécier cette image poétique !

"Le sang à sécher est trop lent."

Le poème s'achève sur une longue strophe de 23 vers.

"Et les funèbres farandoles"

Dans cette strophe, une autre façon de créer des ruptures. En L14, un vers de 3 syllabes ; en L18, un vers de 4 syllabes.

Je ne présenterai pas les autres poèmes avec autant de détails, mais j'ai trouvé des vers pareils à des ondulations sonores.

"Feinte d'un feu que le coeur certifie"

Le poète parle aussi de Venasque,

"Le toit de pierre est l'échafaud",

de Baronnies, par exemple.

Une belle invitation au voyage en compagnie de René CHAR.
Des peurs qui voyagent 9 étoiles

Dans ce recueil, René Char déplace ses peurs, ses angoisses et son lyrisme engagé, parfois morbide, essentiellement dans son Vaucluse natal (magnifique, au passage), comme nous le rappelle MOPP ici, mais aussi en Alsace.
Ces poèmes sont imprégnés par la nature, et la place de l'homme qui s'y installe, et qui est parfois invité à y mourir. Cela donne des couleurs à ses douleurs, à ses cris.
Comme toujours, ses écrits sont déroutants et beaux.

Veneziano - Paris - 46 ans - 1 juillet 2007