Une étrange dictature
de Viviane Forrester

critiqué par Leura, le 13 avril 2001
(-- - 73 ans)


La note:  étoiles
Une étude clinique de notre société
Dans cet excellent livre, Viviane Forrester dresse le sombre bilan du capitalisme sauvage qui sévit actuellement dans le monde entier.
L'ultralibéralisme, nous explique-t-elle, est un régime politique mondial détruisant l'économie et l'emploi au seul bénéfice de la spéculation. Y sont sacrifiés l'éducation, la santé, la solidarité sociale, et toutes les valeurs sociales traditionnelles.
C'est toujours pour le profit de quelques actionnaires que des entreprises sont délocalisées, entrainant des catastrophes sociales dans tous les pays. Au nom de la compétitivité des entreprises, qui n'est nous dit-elle que le sacrifice de la majorité pour assurer la victoire d'un exploiteur sur un autre exploiteur, on détricote tout les acquis sociaux les plus élémentaires. Les coupes sombres faites dans les budgets de l'enseignement
et de la santé hypothèquent notre avenir, toujours pour le bénéfice de quelques-uns.
L'article 23 de la déclaration universelle des droits de l'homme prévoit que chaque personne a droit au travail. Elle a été signée par la plupart des Etats, qui sont donc parjures.
Au moment où des grandes sociétés comme Danone et Marks et Spencer, bien que bénéficiaires licencient leur personnel, ce livre prend un relief et une actualité particulière.
Questions... 8 étoiles

Ce livre et cette critique forcent à se poser beaucoup de questions ! Tout n'est certainement pas faux dans ces opinions, loin de là. Il est vrai que le libéralisme pose beaucoup de problèmes d'éthique et de justice sociale. Mais la perfection n'est pas de ce monde et je reviens à la notion de la Grèce antique de "l'équilibre". A chercher la perfection on se brûle, il faut se limiter à tendre vers elle au sein des normes imposées par le possible et le raisonnable. Ce n'est sûrement pas le communisme qui nous permettra une plus grande justice, et je doute même du socialisme, comme du christianisme... Qu'on le veuille ou non, seul ce qui est "possible" pour l'ensemble de la société" pourrait peut-être nous mener à cet équilibre, imparfait, mais acceptable par le plus grand nombre. L'économie fait partie de la société et à nier ses règles et impératifs nous pourrions bien créer beaucoup plus de malheur, à plus ou moins court terme, que de bonheur. Ce n'est pas un motif pour s'asseoir et contempler les imperfections de ce que nous vivons, loin de là, mais force est de constater que, pour le moment, c'est le monde dans lequel nous vivons qui a produit le plus haut niveau de vie jamais connu, le plus haut niveau d'instruction ainsi qu'une médecine à la portée de presque tous. Bien sûr, il y a des exclus et nous n'avons pas à en être fiers, mais à vouloir tout, nous finirions par ne plus rien avoir pour personne... C'est en tout cas la question que je me pose... mais elle mérite un bien plus long débat et encore beaucoup de réflexions et d'améliorations...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 23 avril 2001