Le roman chinois a ses propres caractéristiques, déroutantes pour nos habitudes littéraires. Le traducteur a visiblement veillé à l'adapter au mieux aux lecteurs français mais il ne pouvait tout gommer sans trahir l'original.
Il se situe dans les années 60.
Le contenu s'avère intéressant mais, alors qu'il concerne des vies difficiles, des personnes en souffrance, cela est décrit froidement sans réussir à créer l'empathie du lecteur. On assiste à une succession de scènes dont il est parfois bien difficile de comprendre l'enchaînement avec le paragraphe précédent, en raison des noms auxquels nous ne sommes guère habitués et qu'il est difficile d'assimiler (Sauf celui des garçons qui ont pour la plupart leur traduction "fleurie") mais aussi, et surtout, parce que l'on passe d'un moment à un autre, sans aucune transition. Il devient alors difficile de suivre le déroulement de ces vies.
Par ailleurs, l'auteur garde parfois des noms de situations, d'objets, de lieux, sans fournir aucune explication ce qui fait que l'on ne sait pas de quoi il parle et ajoute à la confusion.
Les situations se répètent et évoluent très très lentement alors que l'unité de temps est réduite (9 mois), n'apportant rien au fond de l'histoire.
Les attitudes et les propos de ces jeunes sont déroutants également : bien souvent, on a plutôt l'impression d'assister à des scènes et des dialogues évoquant davantage l'enfance que le grand ado alors qu'à d'autres passages on assiste à des comportements de jeunes adultes. Certes le monde dans lequel ils évoluent n'est pas très cohérent mais les incohérences du récit sont autant de heurts dans la lecture. Il faut constamment chercher à comprendre ce qui unit les faits, pourquoi d'un seul coup on passe d'un lieu à un autre en changeant de personnages.
Tout cela manque d'énergie et ressemble bien souvent à un descriptif de situations que l'on dirait narré par une voix robotique.
Certains parlent d'une évocation poétique... je ne l'ai franchement pas trouvée à moins que la traduction fleurie des noms chinois suffisent à cette impression.
Déjà soumises à l'incertitude du lendemain, ces vies se déroulent bien souvent dans la crasse profonde : reflet d'une Chine défavorisée ou d'une société où la saleté est omniprésente même dans les couches sociales plus élevées ? Est-ce alors à un degré moindre et cette crasse est une spécificité de cette couche sociale très défavorisée ? L'omniprésence de cette saleté, y compris dans la rue laisse à s'interroger.
J'ai fait des efforts pour avancer dans ce livre mais j'ai lu en travers une cinquantaine de pages après le milieu du livre, puis j'en ai sauté carrément environ 150, les quelques phrases piochées au hasard ne faisaient que dire de nouveau ce que j'avais lu avec d'infimes nuances. 476 pages là où 300 auraient donné un roman accrocheur.
En conclusion, un sujet intéressant, un traducteur qui a fait des efforts pour rendre ce livre accessible mais à la lecture difficile, fatigante, frustrante en raison du manque de liaison et de fluidité, de répétitions, de vocabulaire spécifique non expliqué, d'incohérences dans les comportements.
Note difficile à attribuer.
4 voire 4.5 pour le sujet et l'entrée dans cette société et ce milieu, pour l'approche de ces jeunes soumis à eux-mêmes, sachant que cette situation évoque celles d'autres pays mais 2.5 pour l'écriture pas assez liée. A sa décharge, cette écriture est assez spécifique de la littérature chinoise. Dans ce roman, elle est même particulièrement adaptée à nos habitudes mais son origine reste présente... ce qui, au final, peut être un compliment.
Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 72 ans - 23 juin 2020 |