Le dieu venu du Centaure
de Philip K. Dick

critiqué par Kafk-athée., le 11 avril 2005
(Besançon - 37 ans)


La note:  étoiles
"La nature des choses a coutume de se dissimuler" Héraclite
Une fois n'est pas coutume, je vais ici parler d'un ouvrage de science-fiction, Le dieu venu du Centaure, de Philip K.Dick! La scien-fi est en effet loin d'être mon registre favori, les vaisseaux spatiaux, les guéguerres entre robots à coup de mixeur à mayonnaise non merci!... Mais là, avec Philip K.Dick, j'ai eu accès à de la vraie réflexion, une histoire si alambiqué et complexe qu'elle m'en a retourné le cerveau! En effet, le thème cher à Dick, à savoir la distorsion de la réalité et la propension de l'homme à ne pas différencier l'illusion du réel est passionnant! Il reprend dans l'ensemble de ses romans ce qu'a énoncé Platon il y a de cela plusieurs siècles: il ne faut jamais se fier aux apparences! Il faut que l'homme sache distinguer le latent du manifeste, l'implicite de l'explicite, percer le voile des apparences, mettre à jour la vraie nature des choses! Mais difficile dans un monde où les gens ne sont pas ce qu'ils semblent être, sous l'abus de drogues extraterrestres, où l'on ne sait plus qui est qui... Ce livre devient alors un monument de complexité, de réflexion, mais sans jamais rebuter, le scénario reste cohérent du début à la fin et c'est pour moi la plus grande qualité que je pourrais trouver à ce livre. Inutile de décrire l'histoire, ça ne servirait à rien, il faut la découvrir par vous-mêmes, cette dernière est parfaitement fluide, on tient jusqu'au bout, et la révélation finale est... surprenante. Philip K.Dick est pour moi un être passionnant, dérangé, qui a vécu une vie instable et qui toute sa vie a clamé que la vie n'est qu'un songe rêvé par une tiers personne... Petite anecdote: sa soeur jumelle étant morte à l'accouchage, il sera tout le restant de sa vie persuadé que c'est LUI qui est mort et qu'il ne vit qu'au travers des souvenirs de sa soeur...
Au clapier ! 6 étoiles

Cela faisait bien 25 ans que je n’avais plus lu de SF. A cette époque, j’étais un grand fan de Dick, Ballard, Silverberg, Ellison, Spinrad et d’autres. Je viens de reprendre ce roman déjà lu de Philip K. Dick et mon sentiment est mitigé. Le bouquin déborde d’imagination mais il m’apparait que les personnages manquent d’épaisseur et que le scénario est passablement perturbé et perturbant. Reste « l’anticipation », le jeu « espace-temps » et un humour propre à l’auteur. Si vous n’avez jamais rien lu de Dick, je vous conseille tout de même l’œuvre de P. Dick mais ne faites pas comme lui et ne vous adonnez pas aux drogues comme le K-Priss même si l’argument de vente dit : « Dieu promet la vie éternelle. Nous la dispensons. ». Je ne suis pas sûr que vous sortirez indemne de votre clapier !

Ardeo - Flémalle - 77 ans - 5 avril 2016


Remarquable, mais ardu 10 étoiles

Sans doute le deuxième roman le plus complexe de Dick après "Ubik" (et écrit avant ce dernier), un roman remarquable mais vraiment difficile à comprendre à la première lecture, qui parle à la fois d'un homme à moitié dieu, capable de s'immiscer dans les délires camés de gens prenant des drogues à la mode (le D-Liss et le K-Priss), et roman sur la drogue, le mysticisme, Mars...
Excellent roman dont le titre original ("The Three Stigmatas Of Palmer Eldritch") est expliqué vers la fin.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 11 mars 2014


dans la lignée de UBIK 9 étoiles

Philip K Dick aborde, principalement, dans ce roman un thème qui lui est très cher à ses yeux: la distorsion de la réalité.

L'histoire se base sur la commercialisation de deux drogues: D-Liss (en anglais Can-D , candy = confiserie) et la K-Priss (en anglais Chew-Z , choosy = exigeant).
Ces deux drogues permettent aux colons sur mars de se projeter dans un monde complètement illusoire, qui leur permet de mieux supporter la vie difficile, matérielle qui règne sur cette colonie.

Plus l'intrigue progresse, plus le lecteur a du mal à cerner, à anticiper le déroulement de cette histoire complètement hallucinante.
Moi, j'ai été complètement bluffé par le talent de Dick, qui invente sans cesse des rebondissements, des retournements de situation. Et oui, ce qui pouvait être vrai une page avant ne l'est plus dans la suivante...

Dans la deuxième partie du roman, survient un autre thème: le thème de la religion que je n'avais jamais vu chez Dick auparavant.
Ce thème là renforce l'intrigue, et dote l'auteur d'une extrême paranoïa...

Cyrille75 - - 32 ans - 28 avril 2012


Complexe et complet 9 étoiles

PKD, c'est L'Auteur en ce qui a trait à la science-fiction. Il est celui que vous devez lire. Et je crois que "Le Dieu Venu du Centaure" est partie intégrante de son canon. Malgré que la commercialisation de ce roman ait été partiellement ratée, de grands noms tel Timothy Leary et John Lennon l'ont lu.

La question de la réalité n'a jamais été aussi ambiguë que dans le monde de Palmer Eldritch. La nouvelle drogue qu'il emporte de Proxima du Centaure, le K-Priss, est la nouvelle génération des drogues. Alors que le D-Liss, de Leo Bulero transporte ses adeptes dans le corps de poupées Barbie, le K-Priss d'Eldritch transporte les gens ou ils veulent, quand ils veulent... à moins que...

A moins que le K-Priss, ce soit Eldritch. Le K-Priss vous transporte a l'intérieur d'Eldritch, distordant la réalité et le temps. C'est toujours un combat pour savoir si la réalité est Eldritch ou non. Palmer Eldritch est l'anthropomorphisation de la paranoïa de Philip K. Dick. Un roman unique, enlevant, voire épique.

FightingIntellectual - Montréal - 42 ans - 7 février 2007