La Villa des mystères
de Federico Andahazi

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 9 avril 2005
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Les muses dangereuses
Le deuxième roman de cet auteur argentin se passe en 1816 dans une villa lugubre où Lord Byron a invité ses amis, Mary Shelley entre autres, à un défi de création littéraire. Le secrétaire de celui-ci, John Polidori, un petit homme ordinaire, est tenu à l’écart de ce groupe talentueux. C’est alors qu’il trouve une lettre énigmatique dans sa chambre, la première… Ici le devoir m’abstient de dévoiler un peu plus des secrets de ce roman fantastique fabuleux. Disons qu’il est question d’une monstruosité répugnante dont la survie dépend de quelque chose de particulier…

Qualifié de roman gothique, je dirais qu’il s’agit plutôt d’un roman dans la tradition du grotesque, un genre délicat et périlleux qui peut basculer dans le ridicule à la moindre erreur. Ici, c’est parfaitement maîtrisé. Similaire à Lovecraft dans son style sinistre, Andahazi a tout de même son ton et un humour qui lui est propre. C’est un roman original et envoûtant qui se lit d’un souffle. Excellent.
Original par moments 7 étoiles

Une sorte de roman gothique, dans un sens, qui utilise des personnages réels (Lord Byron, Percy et Mary Shelley, John Polidori qui est le personnage principal) et un fait historique réel (tous se sont réunis en 1816, en un été, dans une villa au bord du lac Léman, en Suisse, et l'idée de l'écriture de "Frankenstein" par Mary Shelley et du "Vampire" par Polidori vient de là, d'un défi lancé entre eux) pour partir dans la fiction.
Roman très court, tellement court qu'en fait, c'est une novella : 145 pages. Autant le dire, ça se lit très vite, surtout que, personnellement, je lis très vite en général, et que le livre est divisé en une trentaine de chapitres (et quatre parties), bien souvent très courts.
Comme dans tout roman gothique (même une sorte de pastiche comme celui-ci), le passé est plus important que le présent, de ce fait, pas mal du livre se passe dans le passé, narré par le biais de lettres étranges reçues par Polidori, et écrites par une certaine Annette Legrand, laquelle, difforme, cache un douloureux et terrible secret qui la concerne, elle et ses célèbres soeurs jumelles Colette et Babette.

Le roman vire rapidement, une fois la révélation de ce secret faite, dans le guignolesque, teinté d'érotisme cru. Le final est à la fois réussi (les derniers chapitres) et assez vulgaire parfois. L'idée de départ (expliquer comment l'idée est venue à Polidori pour son "Vampire", et accessoirement à Mary Shelley pour "Frankenstein", roman qui, dans "La Villa Des Mystères", prend une toute autre dimension quand on connaît le nom d'un des personnages secondaires de l'intrigue, cité dans une des lettres, et appartenant au passé) est pas mal, l'écriture est très bonne. Dans l'ensemble, c'est correct, mais pas un chef d'oeuvre.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 16 mars 2014