Le survenant
de Germaine Guèvremont

critiqué par Boudha, le 8 avril 2005
(Beloeil, Qc - 67 ans)


La note:  étoiles
Une redécouverte
J'ai tenu à lire ce roman de la terre maintes fois réédité dont une série télévisée et un film furent issus. Sans connaître la qualité littéraire de l'œuvre, je savais qu'elle avait été appréciée des générations m'ayant précédé. Mes parents m'ont souvent parlé du plaisir ressenti à suivre la série télévisuelle et c'est à 47 ans que je fais la connaissance du survenant.

À l'instar des écrits ayant traversé l'épreuve du temps, l'essentiel de ce roman n'a pas d'âge et saura toujours être transposé au présent. L'acceptation de la différence, la peur de l'inconnu, les amours impossibles sont autant de thèmes universels remarquablement traités par Germaine Guèvremont. La multitude de publications actuelles faciles et sans profondeurs fait que la qualité de ces auteurs renommés « saute aux yeux ».

Le survenant c'est un étranger, un voyageur qui s'installe temporairement dans un village malgré la peur et la méfiance qu'engendre sa présence dans une petite communauté. Il suscite aussi la curiosité et plusieurs bénéficient de son apport, mais sans l'avouer. Le survenant connaît l'humanité, d'autres contrées, d'autres façons de vivre et ne pourra jamais prendre racine dans un monde fermé. Lui-même victime de discrimination, le survenant apprécie la différence chez les autres. Généreux en amitié, admiratif envers ce qui est authentique, spontané et sans gêne, cet étranger reste toujours un étranger et dès qu'on pourrait croire qu'il s'installe, il repart, laissant derrière lui des cœurs brisés, des amis malheureux, mais aussi des envieux et des peureux soulagés.

J'ai apprécié l'aspect historique du récit et les mots anciens employés. Le langage parlé de l'époque est converti à l'écrit de façon fort habile. J'aurais aimé que le caractère de chaque personnage soit plus approfondi, que l'on puisse s'attacher davantage aux gentils comme aux méchants. Je conserverai des images du Chenal du Moine, de Didace et d'Angélina. Je ne me souviendrai pas du survenant, il n'est d'aucune terre, il fuit.
Le Survenant 6 étoiles

Le Survenant est un livre que j'ai eu à lire au cégep parce que l'auteure Germaine Guèvremont était native de la région. Sans être mauvais, ce livre n'est pas très excitant à lire pour le jeune de 19 ans amateur de science fiction que j'étais à l'époque. C'est l'histoire d'un inconnu qui apparait dans une ferme et qui vient faire des tâches pour vivre. Il s'attire autant d'admiration que de jalousie lors de son séjour. C'est un bon livre pour découvrir le Québec rural mais il ne faut pas s'attendre à beaucoup de péripéties.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 21 août 2012


Un jour, la route le reprendra... 9 étoiles

Germaine Guèvremont compte parmi les figures majeures de la littérature québécoise du vingtième siècle nous apprend la quatrième de couverture de ce magnifique roman qui confirme la réputation de l'auteure.

Un soir, un étranger frappe à la porte de la famille Beauchemin. Le père Didace l'accueille avec toute l'hospitalité voulue. L'étranger offre ses bras sur la ferme en échange du gîte et du couvert. L'offre est acceptée malgré le fait que Didace se doute bien que l'homme ne tardera pas à repartir. La famille essaie de savoir d'où vient l'homme et quel est son nom. Jamais il n'acceptera de livrer la moindre information sur lui. On le surnomme alors Le Survenant. Loin de repartir, Venant aime la région et s'attache à la famille Beauchemin. Il reste une année entière à travailler durement et à faire fructifier le bien du père Didace. Il vole même le coeur d'Angélina, la boiteuse avant de reprendre la route, laissant derrière lui un coeur brisé et bien des interrogations à propos de son identité.

Magnifique roman décrivant la vie d'une famille de paysans du début du vingtième siècle. L'écriture de Germaine Guèvremont est lumineuse et de beaux passages poétiques décrivant la nature sauvage de cette belle région québécoise rehausse le récit et pare le roman d'une couleur locale des plus savoureuses. Un roman empreint d'humanité rude, proche de la terre.

Un must de la littérature québécoise à lire absolument pour bien s'imprégner de l'âme du terroir. Un vocabulaire riche émaillé de nombreuses expressions typiques de la parlure paysanne de l'époque font de ce livre un incontournable pour qui veut aborder notre littérature qui parfois se révèle d'une richesse surprenante.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 20 octobre 2011


MAUVAIS!! 1 étoiles

mon professeur m'oblige à lire ce livre et je le trouve emmerdant! Ils décrivent le paysage au 3 pages on s'en **** aboutissez à quelque chose un jour ça n'a pas de bon sens ce livre va prendre mon poêle dès que j'en aurai fini avec lui!

Math25 - - 28 ans - 4 avril 2011


L'Âme québécoise des années 1900 8 étoiles

Germaine Guèvremont compte parmi les derniers écrivains à suivre la tradition des romans de la terre. Dans une lignée remontant à Philippe Aubert de Gaspé en passant par Louis Hémon et son cousin Claude-Henri Grignon, il faut s’attendre à renouer avec une matière triturée tout au long de la première partie du 20e siècle. Nous retrouvons des agriculteurs heureux de l’être et croyant dur comme fer que le salut passe par la culture des champs entourant l’église. Ayant fait l’objet d’un téléfeuilleton au début de la télévision, ce roman a rivé à leurs fauteuils tous les Québécois des années 50. Nous avions hâte d’entendre le regretté comédien Jean Coutu, le Survenant, dire « never mind » à ceux qui lui reprochaient son manque de rectitude. Ce personnage représentait la part de rêves que plusieurs entretenaient mais que d’aucuns osaient matérialiser à cause du consensus social qui rivait la population aux mancherons de sa charrue.

Le bucolisme a ses charmes, mais l’avisme terrien produit aussi ses drames. Dans cette oeuvre, les habitants de Sainte-Anne-de-Sorel, mieux connu sous le nom du Chenal-du-Moine, sont ravagés par les rivalités. Chacun se fait une fierté d’avoir réussi dans la vie sans pour autant réussir sa vie. L’idéal d’Angélina Desmarais est tout autre. Cette célibataire boiteuse ressent pour le Survenant un attrait particulier à cause du mystère qu’il entretient sur sa personne. Cet homme, venu de nulle part, incarne le rêve d’un ailleurs moins sclérosant. Angélina aimerait suivre ce "dieu des routes" qui plante son baluchon où bon lui semble. C’est ainsi qu'un soir d'automne, le héros vient frapper à la porte des Beauchemin. Accueilli par un père vieillissant, il s’installe au sein d'une famille dévorée par le ressentiment. Incapable de se projeter dans son fils Amable, un homme anémique, Didace Beauchemin voit en ce nouveau-venu le fils qu’il aurait voulu avoir : un homme fort, brave, habile, entreprenant et travaillant.

Germaine Guèvremont a tracé le portrait du Québécois que les femmes de l’époque aimaient, le chevalier sans peur et sans reproches. Que l’on pense à l’amour de Maria Chapdelaine pour François Paradis ou de Donalda pour Alexis Labranche. Contrariées par le destin, ces prétendantes se rabattent sur des hommes limités à la fructification de leurs avoirs. Sans être des avares comme Séraphin Poudrier, ce sont plus des hommes de possession que de passion. Le Survenant incarne la seconde face de cette dichotomie. C’est l’être dégagé des biens matériels que le vent pousse aux quatre coins du monde pour satisfaire ses aspirations, laissant malheureusement derrière lui des âmes meurtries qui, le temps d’une saison, ont vécu avec lui une page de leurs ambitions.

Le passage du Survenant au Chenal-du-Moine a fait ressortir les arrière-cours du village. On voit l'homme dans toute son hommerie. Même à l’ombre du clocher de l’église, les beuveries, les vilenies, mais, surtout, l’intolérance s’étalent au grand jour. Par petites touches discrètes, Germaine Guèvremont a brossé le tableau de ces âmes rudimentaires qui menaient des vies dépourvues de poésie. Angélina et le Survenant ont jeté de l’ombre sur l’horizon borné de cette population qui se jalousait de leurs avoirs. Ils illustrent la face cachée des êtres qui ont besoin d’être aimés en dépit de leur différence. Malheureusement, l’auteur ne noue pas d’intrigue. Conjurant la force des sentiments, elle s’est contentée de décrire une génération qui, au tournant du 20e siècle, tournait en rond comme un chien après sa queue. En fait, ça rejoint le discours de Victor-Lévy Beaulieu qui reproche aux Québécois leur manque d’ambitions dans Je m’ennuie de Michèle Viroly.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 4 mai 2005