Cannibale
de Didier Daeninckx

critiqué par Sahkti, le 5 avril 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Attraction canaque
Voilà une histoire répugnante et bien réelle. Pour l'exposition coloniale de Paris en 1931, des crocodiles vivants doivent être exposés mais pas de bol, ils meurent tous empoisonnés. On fait donc appel en urgence au cirque Höffner de Francfort/Main, qui accepte de prêter les siens mais à une condition: obtenir en échange autant de canaques que de crocodiles prêtés.
Qu'à cela ne tienne, le voeu est exaucé. Pas trop de mal pour ce faire étant donné qu'on a fait venir plus d'une centaine de canaques de Nouvelle-Calédonie à Paris et qu'on peut bien en prêter quelques-uns, les autres restant au Jardin d'Acclimation, exposés comme des bêtes curieuses et obligés de jouer les bons sauvages avec une pancarte "Hommes anthropophages".

Un fait tragique et réel que Daeninckx raconte avec une certaine maladresse (on dirait qu'il a écrit ce texte trop vite, qu'il ne l'a pas retravaillé), donnant un texte qui a le mérite d'exister et de remettre en lumière ce comportement colonialiste qui a divisé les gens. Certains néo-calédoniens ont ressenti cela comme de la honte et de l'humiliation, d'autres ont pris cela pour une reconnaissance et un honneur d'être choisis comme modèle. L'endoctrinement peut avoir la vie dure!
Daeninckx raconte sans détours, esquisse la fugue de deux canaques dans la ville de Paris (pas facile d'éviter les clichés lorsqu'on relate les mésaventures de deux "provinciaux" dans la capitale, c'était hasardeux de la part de l'auteur de choisir ce créneau, mais bon...)
Il convient d'effacer l'aspect romancé du récit pour en retenir l'essentiel: l'exploitation outrancière et l'infériorisation d'une "race". A ne pas oublier car ces préjugés courent toujours, quoi qu'on en dise au pays de la liberté de pensée et des droits de l'Homme.
L'Exposition de la honte 8 étoiles

Comment ne pas être profondément choqué par ce qu'ont fait ceux qui se disaient civilisés ???
C'est une honte : Parquer des hommes, les rendre inférieurs, les humilier...
C'en est juste honteux.
Pitoyable également le fait que les dirigeants de l'Exposition coloniale et ceux d'un cirque en Allemagne aient pu établir un marché : des crocodiles contre des Kanak. On se demande où la bêtise humaine va s'arrêter en 1931 !!
L'objectif de tout ce cirque était d'exposer des hommes venus de Nouvelle-Calédonie pour les montrer à un public naïf.
On demandait aux Kanak de montrer leurs dents et leurs corps dévêtus dans le but d'effrayer et d'être comparé à des sauvages.
Heureusement que les mentalités changent et surtout qu'elles évoluent dans le bon sens.
Livre court mais son impact est retentissant.
Il dénonce la privation de liberté mais aussi la stupidité impardonnable de ceux qui ont créé cette Exposition coloniale.

Jordanévie - - 49 ans - 15 novembre 2023


A analyser 6 étoiles

Je vous avoue que quand j'ai lu ce livre, je ne l'ai, sur le coup, pas énormément apprécié, mais après avoir analysé tout ça, je l'ai trouvé intéressant. En effet, Didier Daeninckx est relativement attaché aux expositions coloniales. Les quelques aides qu'ils ont reçues peuvent prouver que voila, à cette époque, il n'y avait pas que du racisme malgré que la plupart, oui. Je le conseille quand même, il fait réfléchir. J’espère que vous m'avez comprise, je n'ai pas été très claire.

Titiiiiii - - 27 ans - 3 janvier 2015


vite lu, vite oublié? 4 étoiles

Petit livre qui relate l'exhibition de canaques lors de l'exposition coloniale d 1931 à Paris, et en particulier les mésaventures de deux d'entre eux. Le contexte de l'époque est bien relaté, et c'est assez émouvant de voir ces ces pseudo "cannibales" exhibés comme dans un zoo. Par contre l'histoire des deux héros est fade, peu crédible et la fin est bâclée. Ce n'est pas de la grande littérature.

Pierraf - Paimpol - 67 ans - 15 janvier 2014


Plat 2 étoiles

Je n'ai pas beaucoup aimé ce livre. Il s'agit d'une histoire vraie et pourtant on n'y croit pas une seconde. Les descriptions que le narrateur, qui est censé vivre un choc culturel, fait sont beaucoup trop précises pour être vraisemblables. Le style est très didactique, et ne rend pas les personnages fort attachants.

Caecilia - Huy - 29 ans - 14 février 2011


Histoire vraie... 8 étoiles

Livre très émouvant, vu du point de vue d'un "Cannibale" qui va être exposé tel qu'une bête sauvage dans une exposition coloniale...
Le plus malheureux dans ce livre, c'est de savoir que c'est une histoire vraie, qui eût lieu il n'y a pas si longtemps...

Clemclemi - - 31 ans - 10 janvier 2008


Edifiant conte social basé sur une (triste) histoire vraie ... 9 étoiles

On connaissait de Didier Daeninckx ses polars engagés et militants.
Avec Cannibale, le voici dans un registre proche, qui nous donne une petite mais édifiante leçon d'Histoire, à faire figurer dans notre florilège des opuscules minuscules.
Sobre épisode (une centaine de pages écrites sans fioritures) mais sombre épisode.
En 1931 (oui, y'a pas de faute de frappe : 1931 et non pas 1831), pour l'Exposition Coloniale qui verra la naissance du zoo de Vincennes et de Babar, une centaine de canaques sont "amenés" de Nouvelle-Calédonie, déguisés en sauvages et parqués à côté des singes.

J'étais l'un des seuls à savoir déchiffrer quelques mots que le pasteur m'avait appris, mais je ne comprenais pas la signification du deuxième mot écrit sur la pancarte fichée au milieu de la pelouse : « Hommes anthropophages de Nouvelle-Calédonie ».

Une partie de cette "cargaison humaine" sera même échangée contre une autre curoisité, des crocodiles d'un zoo allemand.
Didier Daeninckx brode sur cette histoire véridique une petite fable effarante.
D'une écriture simple, sans développer de thèse politique sentencieuse : juste un oeil ouvert quelques instants sur quelques moments de notre histoire.
En tissant discrètement, comme en filigrane, un autre épisode, situé lui dans les années 80, pendant "Les Evénements" quand les kanaks agitèrent l'île calédonienne, 50 ans après l'Exposition Coloniale.
Comme pour mettre tout cela en perspective historique.
Mais notre lecture effarée de cette affaire de 1931 (oui : 1931, pas 1831) peut éclairer également un autre parallèle historique : quand on voit l'arrogance et le racisme de la bêtise coloniale de cette époque, comment s'étonner que le monde ait basculé dans la barbarie moins de 10 ans plus tard ?
Edifiant ....

BMR & MAM - Paris - 64 ans - 8 août 2007


les autres et nous 9 étoiles

Dans ce roman - qui se lit en une heure - Didier Daeninckx nous donne une leçon d'humanité, et de déshumanité... ou comment les colonisateurs percevaient et traitaient les colonisés. L'exposition coloniale de Paris en 1931 est revécue par les paroles d'un exposé sauvage, cannibale forcé, avec en parallèle les rapports entre anciens colonisateurs et nouveaux sauvages indépendantistes en Nouvelle Caledonie. Une histoire toujours recommencée de non-respect et de respect de l'autre et de sa culture. Une lecture hautement recommandable et abordable par tout un chacun. De l'humain et de ses rapports aux autres humains.

Printemps - - 66 ans - 2 avril 2006