La croisade contre les Albigeois et l'union du Languedoc à la France, 1209-1249
de Pierre Belperron

critiqué par Jules, le 9 avril 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un évènement essentiel pour la France de l'époque
Il s’agit ici d'une guerre entre le Nord et le Sud de la France. Elle se déroule de 1209 à 1249.
Le problème est d'abord religieux, mais il a aussi d’énormes implications politiques.
En lisant ce livre on peut observer la complexité de la société du Moyen-âge. Le Pape considère qu’il représente Dieu sur terre et que le pouvoir des rois dépend de lui en dernier ressort. Jean Sans Terre en Angleterre fera les frais de cette conception.
La France est « la fille aînée de l’église », mais ce n’est pas pour cela que Philippe Auguste accepterait de faire passer les intérêts de son royaume après ceux du pape ! Et il a d’autres intérêts plus importants que le Languedoc et la lutte contre l’hérésie cathare. Il doit tenir compte du pape, mais celui-ci a aussi besoin de lui.
Les choses sont encore plus compliquées quand on y intègre les liens féodaux qui sont encore le tissus de la société de cette époque. Le pape n’a pas intérêt à oublier toutes les conséquences politiques et économiques de ces liens pour le roi. Cette croisade pourrait, par exemple, apporter trop de nouveaux domaines, dans le Sud, à des barons du Nord et modifier ainsi des équilibres de force dans le royaume de France.
Tout cela tisse une toile d'une très grande complexité au sein de laquelle de grands politiques et diplomates ont de quoi s'en donner à coeur joie !.
Une véritable croisade va déferler sur le Sud, Provence et Languedoc, et l'armée sera composée des grands seigneurs du Nord alléchés par l'appât de gagner de nouveaux territoires et de grandes richesses. Tout cela aux dépend du comte de Provence et de Toulouse. Le chef de l'armée croisée sera un certain Simon de Montfort, comte de Leicester en Angleterre. Cette guerre sera longue et très dure.
En bref, l'hérésie cathare, la plus dangereuse pour l’église, consistait à ne pas reconnaître les sacrements, l’ancien testament, l’Incarnation, la passion et la résurrection. Le monde n'a pas été créé par le Dieu Bon, mais par Lucifer ou le Dieu Mauvais. Tout cela, et bien d'autres choses, le Pape ne pouvait l'admettre !
Ils refusaient aussi le droit de justice aux pouvoirs spirituels comme temporels, ainsi que la validité du serment. Là, ils dérangeaient autant le roi de France que le pape. C'est par le serment que la société féodale tenait ensemble.
J'ai trouvé ce livre très intéressant pour ce qu’il apprend sur ces hérésies, mais aussi sur la politique en général. Le fond des grands enjeux politiques
restent bien souvent les mêmes à travers les temps et il est toujours enrichissant de voir des hommes intelligents, de n’importe quelle époque, tenter de trouver des solutions aux intérêts divergents des parties concernées.